« Le critique d’art « est l’art de juger les œuvres de l’esprit, à l’origine celles appartenant aux beaux-arts. Elle est une traduction du langage artistique en langage logique et, de ce fait, peut servir de pont vers la compréhension de la création qu’elle analyse », propose le site Wikipedia comme définition.
Le plasticien Alioum Moussa indique d’ailleurs que la critique d’art est essentielle à l’essor de l’art et de l’artiste et à la compréhension de sa démarche artistique. S’il existe des associations de critiques d’art dans certains pays africains, comme c’est le cas au Cameroun avec la Cameroon art critic ou Cinepress, Critiques Africaines souhaite fédérer les énergies au plan continental. Le bureau de l’association compte cinq membres. Chaque membre coordonne les activités d’un secteur de l’art tout en représentant une région d’Afrique. Pélagie Ng’Onana, (Cameroun) est la secrétaire exécutive, Lamine Ba (Sénégal), assure la gestion de la section arts vivants. Celle des arts visuels est coordonnée par Mary Corrigall (Afrique du Sud). La section cinéma a pour cheffe, Domoina Ratsara (Madagascar) et Sarah Kharfi (Algérie), pour le pôle arts littéraire.
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« La culture africaine est extrêmement riche et diversifiée et ce sont les journalistes culturels/critiques d’art qui ont pour rôle de la mettre en exergue, avec bienveillance mais sans complaisance. Il y a aussi des promoteurs culturels qui sont prêts à miser sur la culture, sur les formations dans le secteur de l’information culturelle ; et ce n’est qu’en étant structurés et professionnels que nous parviendrons à véritablement débloquer ces fonds », fait savoir Pélagie Ng’Onana, membre fondateur de Critiques Africaines. Selon Domoina Ratsara, coordinatrice de la revue panafricaine de cinéma « Awotele », la pratique de la critique d’art est encore marginale en Afrique. Il est question de donner plus de visibilité à ce métier. « Le métier de critique d’art reste largement méconnu dans le milieu culturel sur le continent africain. Les initiatives pour promouvoir la critique d’art se sont développées ces dernières années et c’est pour donner un élan à ce mouvement que le Réseau Critiques Africaines est né aujourd’hui, pour fédérer les critiques d’art du continent mais aussi aider à la professionnalisation du métier », explique la journaliste.
L’objectif du réseau est de vulgariser la pratique de la critique d’art en s’assurant que toutes les disciplines artistiques sont médiatisées par les journalistes culturels et surtout en assurant la professionnalisation des critiques. « La critique d’art est un métier comme tant d’autres. Elle a ses fondamentaux quel que soit le format et le support. Jusqu’ici, les critiques d’art se sont formés de manière individuelle. La mise en place du Réseau Critiques Africaines va permettre de mutualiser les efforts dans la promotion de la critique d’art à l’échelle du continent. L’ambition du Réseau est de donner aux critiques d’art d’Afrique une plateforme où ils peuvent s’échanger et renforcer leurs capacités en matière de critique d’art », ajoute Domoina Ratsara.
L’ancienne journaliste de L’Express de Madagascar donne un bref aperçu de la pratique de la critique d’art dans l’art du cinéma : « La critique dans le domaine du cinéma se développe de manière assez inégale sur le continent. Son développement va en parallèle avec celui de l’industrie du cinéma. Mais de manière générale, la critique se porte mieux dans le milieu du cinéma que dans d’autres disciplines artistiques. L’existence de la Fédération Africaine de la Critique Cinématographique (FACC), en témoigne. Le Réseau Critiques Africaines viendra renforcer davantage la professionnalisation du métier au niveau continental. La formation et la mobilité des membres seront au cœur de ses actions ».
Se spécialiser pour être mieux outillés
Le journaliste sénégalais Lamine Ba parle de l’impact de ce modèle de réseau dans la spécialisation des journalistes : « La critique dans le domaine des arts visuels est encore très peu développée. Parce qu’il y a peu de journalistes spécialisés. En général en Afrique, on est journaliste culturel et on traite de tous les domaines ; de la musique à la danse en passant par le théâtre, la peinture et le cinéma. Il faut donc offrir aux journalistes l’opportunité de se former et de se spécialiser pour être mieux outillés pour jouer pleinement ce rôle de critique qui est indispensable ».
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Critiques Africaines compte sur sa dynamique équipe riche de sa diversité pour répondre avec efficacité à tous ces défis. « La diversité culturelle est un atout. Nous comptons la gérer progressivement. Nous partons déjà sur la base du français et de l’anglais. Il y a une grande communauté qui s’exprime en ces deux langues. On sait qu’il y a aussi l’Afrique lusophone par exemple, nous discutons sur les mécanismes à mettre en place pour que la langue ne soit pas un frein à nos objectifs. Et je peux dire que les membres ont de très belles idées », fait savoir Pélagie Ng’Onana.
L’adhésion à Critiques Africaines est ouverte à ceux qui pratiquent le journalisme culture ou travaillent sur la culture au quotidien. « Pour être membre il faudrait justifier que l’on écrit de façon régulière sur la culture et les arts. Donc il faut être productif, respecter le règlement intérieur du réseau et s’acquitter de ses frais de cotisation pour bénéficier des avantages du Réseau Critiques Africaines », fait savoir Pélagie Ng’Onana en précisant que les activités de Critiques Africaines ont été lancées en octobre 2022.