Ernest Hemingway, dans << Le vieil homme et la mer >>, raconte l’histoire d’un vieux pêcheur qui s’entête à ramener une prise significative à la maison. Et qui, plusieurs semaines durant, malgré les turbulences, de la mer, n’en démord pas. Il s’accroche, jusqu’à plus que de raison. Mais sur la fin, est rattrapé par la triste réalité : le << naufrage de la vieillesse >>, pour emprunter à Charles de Gaulle, parlant de Pétain entraînant toute une nation dans sa déchéance personnelle. A défaut d’avoir été un leader éclairé qui aurait apporté << la prospérité et la démocratie >> (sic) à son peuple, Paul Biya fut un chef. Un chef rusé et roué, calculateur et cynique, le tout pour un seul dessein : conserver pour lui d’abord, pour son clan ensuite, ses phalanges enfin, le pouvoir d’Etat. Il l’a conservé. Quarante années durant. Comme dans la dramatique histoire de Frankenstein, des monstres ont été créés par son propre système, lui ont échappé, et menacent jusqu’à sa sécurité à lui, sans parler de celle de ses concitoyens, qui sentent peu à peu leur pays s’enfoncer dans ce << chaos lent >>, annoncé par Mathias Eric Owona Nguini. Point n’est besoin de faire un dessin : notre pays est semblable au Titanic, celui qui a déjà heurté à toute vitesse l’iceberg, et qui coule irrémédiablement. Les passagers de Première Classe boivent du champagne, alors que l’eau entre irrémédiablement dans la coque du paquebot que l’on pensait insubmersible. C’est la dernière image que nous ont rapportée les services officiels de la présidence de la République du Cameroun, où l’on vit, dans la joie et l’insouciance, un << toujours chaud gars >> de 90 ans, fêter entouré de ses proches, son anniversaire, avec tout l’attirail de circonstance : gâteau, champagne, petits fours et vins fins. Nous allons trinquer.