
Faire le signe de croix avant de s’installer dans l’habitacle d’un taxi. C’est à ce rituel devenu automatique que s’adonne désormais Margueritte Noah. La femme d’affaire dit confier son trajet au Seigneur tous les matins. « Ma fille s’est faite agresser dans un taxi en plein jour vers le quartier Omnisports. Je vous assure en plein jour. Mon neveu n’a pas échappé au mois de novembre dernier ». Placée à l’arrêt taxi sis au Rond-point Nlongkak mercredi dernier, Jeanne Ngo Nlend semble ne pas être pressée. Avec les yeux qui pétillent de fatigue suite à une longue journée, elle stoppe le taxi depuis plusieurs semaines avec le cœur. Il y a quelques jours, son téléphone et son portefeuille ont disparu dans un taxi.
Les victimes augmentent
Si nos deux interlocutrices se sont montrées disertes, le visage de Doriane parle pour elle. Gérante d’une alimentation au quartier Messassi, elle a failli perdre la vie alors qu’elle rentrait d’une visite chez un membre de sa famille au quartier Essos. Elle a eu le malheur d’emprunter l’un de ces taxis « peu communs ». Les yeux rouges, cette jeune dame a pris les collyres et des antibiotiques pour calmer ses douleurs. « Le gars là m’a eue. J’ai emprunté le taxi d’Essos pour Messassi. A un niveau, il a changé de voie. C’était vers 22 heures. J’ai senti qu’on était en danger. J’étais avec une petite cousine. J’ai dit au taximan que je veux me mettre à l’aise. Je suis sortie et j’ai commencé à courir avec ma petite cousine. Il m’a rattrapée et m’a battue avant de prendre ce que j’avais », explique-t-elle avec la voix terne.
Le dimanche 14 janvier 2023, c’est un jeune taximan qui échappait à la vindicte populaire au carrefour Messassi. On avait saisi un pistolet automatique dans la voiture avant de le conduire à la Brigade de Nkolondom. On se souvient que l’année dernière, c’est Christelle, aujourd’hui étudiante en France, qui usait d’un subterfuge pour semer ses ravisseurs à Bastos. Elle avait dû abandonner sur les lieux, un pied de sa ballerine avant de prendre la poudre d’escampette.
Des scènes comme celles-ci, on en compte de plus en plus dans la ville de Yaoundé. Si les moto-taximen détenaient le record des agressions jusqu’ici selon certains habitants, certains taximen véreux semblent prendre le relais. « Il n’y a plus d’heure pour se faire agresser dans les taxis. Ils utilisent des stratégies. Ils vous coincent à l’arrière ou surchargent devant pour vous soutirer », souligne Nadège Onana. Selon Jean Collins Ndefossokeng, président du syndicat national des employés du secteur des transports terrestres, les agressions dans les taxis Lire la suite