Au-delà de la coordination entre les différentes administrations sectorielles, la question de la disponibilité de l’énergie électrique et du réseau internet en permanence sont des priorités pour le contrôle des données en interne.
Le développement technologique est en train de faire basculer l’ordre des choses. Depuis quelques années, on est entré dans la nouvelle sphère numérique avec ses contours pas encore maîtrisés jusqu’ici. Si les réseaux sociaux avaient reconfiguré le quotidien de nombreux internautes sans une réelle maîtrise, l’intelligence artificielle (Ia) s’impose désormais d’elle-même dans toutes les sphères de la société. On est en plein dans l’ère du big data. Face à cette nouvelle configuration des rapports entre pays et la puissance des données dans la géostratégie mondiale, le Cameroun veut se redéployer pour ne pas être à la traîne.
En effet, la Cameroon telecommunications (Camtel) a organisé il y a quelques jours à Yaoundé, la journée dédiée à la souveraineté numérique. Elle s’est tenue sous le thème : « La souveraineté numérique : un enjeu stratégique pour la transformation structurelle de l’économie camerounaise ». Une thématique qui interpelle plus d’un. Car la problématique des données revêt un enjeu économique important surtout avec l’hyper présence des Gafam (Google, Apple, Facebook, Amazon et Microsoft). L’urgence de se mettre à l’abri et protéger des données devient capitale pour la survie même des économies des Etats africains et du Cameroun en particulier. Malgré les investissements consentis par l’Etat du Cameroun dans l’extension de la couverture du réseau internet, des limites restent perceptibles parmi lesquelles la bonne qualité du réseau en permanence. Ce qui constitue un frein à la souveraineté souhaitée et au développement de l’économie numérique.
La voie satellitaire
Pour le dg de Camtel, Judith Yah Sunday : « Dans la stratégie de développement (SDN 30), il faut que Camtel participe à la transformation de l’économie nationale. Avec la prépondérance des Gafam, il est important que le minpostel, Camtel et Antic, puissent asseoir la souveraineté numérique du Cameroun afin de protéger les données et les populations et les entreprises camerounaises contre les grandes multinationales en matière de gouvernance de l’Internet et du numérique ». Pour y arriver, il y a des cages à cocher en dépit de la disponibilité de la technologie. « La protection de la souveraineté numérique est un objectif louable et appréciable à l’heure de la mondialisation du numérique. Cependant, il est important de savoir que la souveraineté numérique ne pourra pas promouvoir l’isolement du pays. Il faut que des stratégies intègrent les objectifs des autres pays voisins afin de promouvoir notre savoir-faire afin de pousser les autres à mieux s’intégrer dans l’innovation », a indiqué Denis Ngae, chef division des projets, des études, de la prospective et de la planification stratégique au Minpostel. Le Cameroun a les infrastructures et la technologie. Mais ça ne suffit pas, selon des experts. Pour être en mesure de renforcer sa souveraineté, il faut intégrer les besoins des autres pays. « On ne peut pas promouvoir la souveraineté en délaissant les autres pays. La technologie évolue dans la sous-région. On a besoin d’avoir tous les autres pays pour vendre notre savoir-faire et aider les autres à se développer aussi », a conclu Denis Ngae.
Revoir les programmes scolaires
Le chemin vers la souveraineté est encore long. Les experts appellent à la prise des initiatives parmi lesquelles : la définition d’un cahier de charge dans le cadre d’éligibilité de data center au-dessus de la certification cloud souverain ; assurer l’hébergement des données numériques sur les infrastructures nationales point d’échange internet Data Center à l’effet d’optimiser la sécurisation des données numériques ; promouvoir les synergies dans le cadre des initiatives publiques. Avec les coupures d’internet récurrentes, la voie satellitaire se pose désormais comme la solution. Pour réussir ce processus de souveraineté numérique, l’aspect formation est crucial. Pour les experts, il sera question d’assurer le mode de compétences numériques à travers notamment : la révision des curriculums dans le cas de l’adaptation du système éducatif et de formation professionnelle aux enjeux de développement numérique ainsi que la promotion de la formation continue en lien avec le renforcement des capacités des agents publics en gouvernance électronique.