Jean Michel Nintcheu, Joshua Osih, Tomaino Ndam Njoya ont clairement pris position. La discussion générale sur le texte est prévue ce jour en séance plénière.
La scène politique camerounaise est déjà en alerte. A la veille des grandes échéances électorales, ça bouillonne de toute part. Pourtant, le corps électoral n’a pas encore été convoqué. En effet, le gouvernement a soumis à l′Assemblée nationale, un projet de loi portant prorogation du mandat des députés. Un texte qui irrite plus d′un. Car le projet de loi proroge le mandat jusqu’au 30 mars 2026 (à partir du 10 mars jusqu′au 30 mars, ndlr). Même si le texte n′a pas encore été adopté au niveau de l′Assemblée nationale, les voix dissonantes se font déjà entendre. Le chairman du Social democratic front (Sdf), Joshua Osih, a pris position hier au cours d’une conférence de presse qu’il donnait au siège du parti à Olezoa, à Yaoundé.
En effet, le gouvernement s′est appuyé sur l’article 15 de la constitution en son alinéa 4 qui stipule que ⁚ « En cas de crise grave ou lorsque les circonstances l’exigent, le Président de la République peut, après consultation du Président du Conseil Constitutionnel et des Bureaux de l’Assemblée Nationale et du Sénat, demander à l’Assemblée Nationale de décider, par une loi, de proroger ou d’abréger son mandat. Dans ce cas, l’élection d’une nouvelle Assemblée a lieu quarante (40) jours au moins et cent vingt (120) jours au plus après l’expiration du délai de prorogation ou d’abrègement de mandat ». Joshua Osih, par ailleurs député du parti de la balance, dit ne pas être surpris de ce projet de loi. Pour le parlementaire ⁚ « Le SDF est contre cette prorogation. Quand nous avons reçu la prorogation pour consultation au niveau du bureau de l’Assemblée nationale où je suis présent, je me suis abstenu de donner un avis favorable à cette prorogation. Nous sommes contre cette prorogation parce que c’est contraire aux bonnes pratiques démocratiques. Les raisons du président de la République sont valables aussi pour l’élection régionale. Nous ne pouvons pas accepter que les mêmes conseillers municipaux votent deux fois les conseillers régionaux. Cela est non négociable ». Et de marteler ⁚ « Si on nous dit qu’il n’y a pas d’argent et qu’il y a trop d’élections en 2025, les députés auront la latitude de voter pour ou contre cette prorogation. Si les mêmes conseillers municipaux doivent voter deux fois au niveau des régionales, on aura une confiscation de notre démocratie pendant 10 ans et aucune alternance. »
Au sein de l′Union démocratique du Cameroun (Udc), Tomaino Ndam Njoya, est vent debout contre ce projet de loi. Elle a fait une déclaration le 6 juillet dernier dans laquelle elle balaie du revers de la main les arguments avancés par le gouvernement pour justifier le projet de loi querellé. « Evoquer l’indisponibilité des ressources humaines et financières semble relever du chimérique⁚ l’année électorale étant connue à l’avance le budget y afférent est arrêté en conséquence par la loi des finances de l’année électorale ». C′est le même son de cloche du côté de l’honorable Jean Michel Nintcheu, président du Front camerounais pour le changement (Fcc). Il parle d’ailleurs de « violation flagrante de la constitution et mensonge d′Etat′′.
La discussion générale sur le texte est prévue pour ce 9 juillet 2024 en séance plénière. Selon de nombreux analystes politiques, le projet de loi sera adopté sans surprise.