Lancé le 11 février dernier, en même temps que la nation célébrait la fête de la jeunesse, le Festival Kekua 2023 va connaître son apothéose ce jour, avec la présentation des vœux à S. M. Tchoua Kemajou Vincent, chef supérieur de Bazou. Au cours de cette cérémonie à laquelle sont attendus des milliers de ressortissants Bazou du terroir et de diaspora ainsi que d’importants invités, le gardien des traditions locales va ennoblir quelques personnes et prendre de grandes orientations pour la vie de sa communauté. Parvenu à sa deuxième édition, le festival qui n’est pas aussi couru que lors de son lancement, se célèbre dans un contexte controversé.
Dans un communiqué non daté mais visiblement écrit avant son lancement, S. M. Eboa Etouke, chef supérieur Manehas et président de l’Association des rois et chefs traditionnels du Moungo (Kupe – Mungo), invite ses confrères au boycott de l’évènement. « Nous avons été informés de la tenue dans les prochains jours du festival kekua par la communauté Bazou. Peuple qui s’est distingué ces derniers temps par la tentative d’appropriation de l’un de nos éléments patrimoniaux, notamment notre mets phare, l’ékoki (le koki) », relève-t-il. Il n’apprécie pas que dans leur communication, les organisateurs aient voulu faire passer son peuple pour de simples « appréciateurs » de ce mets traditionnel (le gâteau de cornilles) fait à base de petits haricots et d’huile rouge, qui se mange avec de la patate, le manioc ou une variété de taro. Ainsi, pour éviter de porter la responsabilité de « haute trahison » envers son peuple, les chefs dont beaucoup ont reçu des invitations pour la célébration, doivent briller par leur absence. « La présence des rois et chefs du Moungo y est totalement proscrite », exige le président du Kupe-Mungo. A l’occasion, il rappelle à la communauté nationale que « ce mets est et demeure la propriété exclusive des Ngoh Ni Songo, déjà soigneusement protégé à l’Oapi et à l’Ompi. En conséquence, toute manœuvre par quelque peuple que ce soit dans cette tentative de réappropriation de notre ekoki ne serait que purement et simplement superfétatoire ».
Encerclés par des voisins qui célèbrent au moins tous les deux ans une nourriture de base, le macabo pour les Bangoua, la chèvre pour les Bamena ou encore le riz pour les Bandoumga, les ressortissants Bazou ne voulaient pas assister, indifférents, à des célébrations qui rehaussent l’image de ces contrées. Et ont jeté le dévolu sur le « kekua », reconnu ici unanimement comme un héritage. Ils devront batailler avec les Mbo pour le faire accepter.