L’expert en management revient sur la question de la compétitivité des entreprises à l’ère du développement numérique. Pour elle, les dirigeants doivent être sensibles à cette question.
Vous avez fait un exposé sur la gouvernance et la compétitivité des entreprises. Quel lien peut-on établir entre les deux concepts ?
La communication que nous avons présentée tentait d’expliquer et à démontrer la relation qui existe entre la gouvernance et la compétitivité des entreprises ; cette fois, les entreprises publiques camerounaises. Il s’agissait de répondre à la question de savoir si le management porté ici par la gouvernance des entreprises publiques camerounaises pourrait justement garantir la compétitivité de celles-ci. Nous sommes partis du postulat qui tendait à retenir que les dirigeants d’entreprise sont ceux-là qui sont responsables de conduire la compétitivité des entreprises. Et donc la question était simple : est-ce que le management du capital humain ou mieux si le recrutement des dirigeants pourrait donc assurer cette compétitivité. Nous nous sommes appuyés sur deux outils utilisés pour la nomination des dirigeants notamment : le pouvoir discrétionnaire et l’équilibre régional pour justement questionner ces deux outils et notamment les résultats qu’ils produisent dans les profils qui sont retenus. Et par la suite donc questionner le lien entre ces profils et la compétitivité des entreprises. Quoi qu’il en soit, il ressort que ces outils permettent de sélectionner les dirigeants dont le profil pourrait ne pas toujours être conforme aux exigences de compétitivité. Parfois, comme ces outils s’appuient sur des relents communautaires, sociaux et parfois politiques, ça pourrait être des biais à la compétitivité. Face à cette situation, il était question de voir en l’état actuel, si certains principes de gouvernance pourraient tout de même contribuer à la compétitivité des entreprises en résolvant ces petites distorsions. La réponse était oui. En appliquant les principes de bonne gouvernance notamment la reddition des comptes, la transparence ; en appliquant toute la législation qui encadre l’action des dirigeants. Mais également en respectant tous les principes d’équité, de justice sociale. La compétitivité n’est pas un résultat spontané ; c’est un résultat qui s’obtient à la suite d’un travail cohérent qui a du sens et dont les résultats peuvent être appréciés. Soit ils sont bons, soit ils sont mauvais. Et quand ces résultats sont mauvais, c’est que la gouvernance également a été mauvaise.
Les entreprises sont-elles prêtes numériquement parlant et le Cameroun dispose-t-il d’un plateau technologique approprié pour que nos entreprises soient plus compétitives du point de vue du digital ?
En ce qui concerne le numérique, les États sont à des niveaux différents de développement. Sinon nous avons des plateformes. Rendez-vous compte que, ces plateformes ne sont pas utilisées par les entreprises à leur plein régime. Il y a quand même un plateau technique qui existe. Prenons simplement des petits outils qui peuvent être considérés comme banals : le site web, les pages … Je ne parle pas des outils collaboratifs. Je pense que le numérique nous offre une bonne opportunité d’accélérer la compétitivité. Malheureusement, et c’est un peu normal aussi, les compétences n’ont pas suivi. A ce sujet, il faut insister en indiquant que, la compétence humaine est également critique pour utiliser ces outils numériques. Les curricula dans nos écoles et universités n’ont pas toujours suivi l’évolution numérique. Je pense que les entreprises sont butées à ce niveau. Quel que soit le renforcement des capacités qu’on va faire, je pense qu’il y a une accélération qu’il faut impulser. Sinon, on va rester à la traîne. Regarder ce qui se passe avec l’intelligence artificielle. J’ai envie de vous dire qu’on est largement un peu dépassé. On a intérêt à faire mieux que ça. Il faut que les dirigeants soient sensibles à ça. Si vous avez des dirigeants qui ne ressentent pas cette priorité, il peut arriver que suffisamment de ressources financières ne soient pas affectées à cette priorité. Regardez le Rwanda. Il n’a aucune ressource. Il s’est développé avec le numérique. Le numérique améliore la transparence, la gouvernance et facilite également les opérations.