La corruption est un véritable cancer pour le développement du Cameroun. Plusieurs fois dans le peloton mondial des Etats les plus corrompus de la planète, le pays de Ruben Um Nyobe patauge toujours dans ce déshonneur aux yeux du monde. Aucun coin de la société n’est à l’abri. La santé, l’éducation, les affaires, la fonction publique … « La corruption a perverti le sens moral des hauts dirigeant, des fonctionnaires et contractuels de l’Etat ; elle a supprimé les valeurs positives de l’éthique, de l’effort, de la persévérance et de la valeur intrinsèque », dénonce Patrice Ndedi Penda.
La coupe est pleine. Dans son ouvrage au titre bouleversant : « Cameroun : les parrains de la corruption », Patrice Ndedi Penda, membre de l’ancien Observatoire de lutte contre la corruption (Olc), devenu plus tard Conac, met à nue les pratiques peu orthodoxes des membres en interne. « Les malversations commençaient. Je ne voulais pas que, derrière la politisation de l’Observatoire, nous qui étions chargés de la lutte contre la corruption, devenions nous-mêmes des détourneurs des deniers de cette structure. Je connaissais bien le système. Mais l’avenir allait me faire savoir que les fonctionnaires ont plus d’un tour dans leur sac lorsqu’ils ont un budget à gérer » p44-45.
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Des enquêtes sur le terrain ont permis de découvrir l’étendue du phénomène. Dans ce livre témoignage, l’auteur n’y va pas d’une plume légère. Parti de la société civile pour l’observatoire, il avait pour rêve de tordre le cou à cette gangrène sociale ; surtout qu’il avait dans ses bagages une association apolitique dénommée : « Association pour une gestion transparente au Cameroun ». Pour lui, le ‘’Ver est dans le fruit’’. La multiplication des organes de lutte contre la corruption (Anif, Conac, Consupe, Chambre des comptes, …) n’est pas une approche qui concourt véritablement à la lutte contre ce mal.
Paru en 2006 aux Editions Clé, « Cameroun : les parrains de la corruption » est d’une brulante actualité car la corruption se porte toujours bien. Les arrestations enregistrées çà et là sont loin de dissuader. Pourtant, c’est un délit repréhensible par le code pénal camerounais. Reparti en 5 chapitres, cet ouvrage de Patrice Ndedi Penda dresse le ‘’portrait’’ des parrains de la corruption et comment ils paralysent les structures de lutte…
Pour en sortir, l’auteur invite les gouvernants à mettre l’accent sur l’éducation et la sensibilisation en incluant la tribu, la religion et l’oralité dans la stratégie de lutte. Il préconise la hausse des salaires dans l’administration afin de mettre les uns et les autres à l’abri des tentations. Si l’article 66, présent dans la constitution de 1996 n’est toujours pas appliqué, « La lutte contre la corruption doit être efficacement menée par une seule structure, nantie de moyens et de textes appropriés, avec un groupe mixte des membres de la société civile en majorité et de quelques fonctionnaires. Ils prêteront tous serment et la structure pourra ester directement en justice tous les cas de corruption », p113. Pour lui, c’est la bonne l’approche car il émettait déjà en son temps, des doutes au sujet des capacités de la Conac à lutter efficacement contre la corruption.
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Dans cet ouvrage de 140 pages avec des annexes riches en documents, Patrice Ndedi Penda dit « sa part de vérité » sur la lutte contre la corruption et ses institutions. Loin des dénonciations qui parsèment l’ouvrage, il arbore également la casquette de pédagogue. Il met à la disposition des lecteurs des différents instruments juridiques en la matière. Pour illustrer ses dires, dans un discours simple et accessible, l’auteur convoque de nombres exemples du terrain et des différentes réunions. C’est un ouvrage témoignage à lire et à faire lire dans un environnement ou la corruption a tissé, pendant des décennies, ses tentacules en créant une société des pauvres et une société des riches roulant carrosse avec des deniers commun. Pour l’auteur, la corruption égale : Situation de Monopole plus Pouvoir Discrétionnaire moins Responsabilité publique (C= M+D-R). Le Cameroun c’est le Cameroun ! conclut l’auteur.
Livre : Cameroun : les parrains de la corruption
Auteur : Patrice Ndedi Penda
Genre : Essai
Editeur : Editions Clé
Pp : 140