Vie chère  : la hausse des prix s’accentue

Les consommateurs sont dans le désarroi.
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Les prix fluctuent sur le marché

Huiles végétales.  Le coût varie du jour au lendemain.

Au milieu des sacs de riz, de sel et de sucre, l’huile de palme et l’huile d’arachides s’imposent par leurs couleurs et attirent de nombreux clients. Nous sommes au marché Etoudi. Disposés dans des contenants de 1L ; 1,5 et 20 L. Elles sont également vendues dans des bidons de 5 l. Depuis des semaines, les prix de cette denrée sont en hausse sur le marché. La bouteille de 1 litre d’huile raffinée « Mayor » qui valait 1 150, voire 1 200 Fcfa coûte 1 250, 1300 Fcfa. « Nous allons mourir de faim dans ce pays », s’écrie Hortense.  Bernadette, une tenancière d’une petite alimentation au lieudit Bakassi dans ce marché ne vend plus l’huile raffinée « Mayor » en détail. Elle vend en gros seulement et ce au prix de 1 250 Fcfa. « Ce prix n’est pas discutable. J’achète pour revendre à quel prix et avoir un bénéfice », déclare-t-elle. Même l’huile raffinée en « vrac » n’est plus donnée au prix cadeau. « Même le vrac est cher. Nous les pauvres allons finir par rentrer au village. La ville n’est pas faite pour nous. Nous avons combien pour la ration s’il faut acheter le demi-litre d’huile à 600 fcfa », se lamente Francine Ngaba. Le cliché est le même pour l’huile de palme. Le litre qui coûtait 800 Fcfa est à 975 Fcfa. Devant le commerçant, Marguerite n’est pas surprise. « Il faut se battre pour manger. Même l’huile de palme est chère. Nous sommes obligés de réduire les quantités et de faire avec le contenu de nos poches », se désole-t-elle. Cette flambée des prix est la résultante de plusieurs facteurs. « Il n’y a pas de matières premières. Lorsqu’il n’y en pas, forcement il y a un manque du produit sur le marché », explique un commerçant. Et de poursuivre : « De nombreux paysans s’orientent vers les producteurs industriels. En revanche, nous n’avons plus assez de cette denrée. De manière directe, nous assistons à la hausse des prix sur le marché ».

 

Des faux prix sur les étiquettes

Riz. Les prix affichés sur ces produits ne sont pas les vrais. C’est une astuce pour éviter les sanctions lors des contrôles. Les consommateurs contrariés.

Le riz est l’un des compléments les plus consommés au Cameroun. Sa cherté sur le marché contrarie de nombreuses ménagères surtout celles à faibles revenus. Il faut multiplier les équations pour gerer l’argent de ration. Aline se rend dans une boutique au marché Etoudi. Sur les sacs, des étiquettes sont collées. Elles renvoient au prix de ce produit en kilogramme ou en gros. Aline opte pour le riz de marque « mémé cassé ». Sur l’étiquette, on lit 550 Fcfa le kilogramme. Elle remet un billet de 1000 Fcfa au vendeur qui lui rembourse 400 fcfa.  Aline est surprise. « C’est 550 Fcfa le kilo. Il manque 50 ». Et au vendeur de lui répondre : « madame on fuit le contrôle. Le prix c’est 600 Fcfa.  « On achète le sac de riz à combien. Nous voulons aussi faire des bénéfices ». Aline est obligée de prendre parce qu’elle a déjà payé. « J’ai un budget limité. Les dépenses supplémentaires n’ont pas été prévues. Je suis obligée de réduire le sel à 50 au lieu de 100 Fcfa », confie-t-elle. Plus loin dans une autre boutique, la situation est semblable. « C’est encore quelle façon de faire les choses ?», s’interroge une cliente. « Manger devient de plus en plus compliqué. Il faut revoir les menus pour pouvoir s’en sortir ». Les vendeurs évoquent le prix d’achats élevés comme une raison de ces prix revus à la hausse. « Les frontières sont fermées et le coût élevé des importations. Du coup, le pouvoir d’achat est très élevé », confie Martine. Les commerçants expliquent que la faute ne leur revient pas. « Ce sont les prix que nous trouvons lors des achats. Parfois, les prix sont homologués par le ministère du Commerce. Nous ne sommes que des commerçants et nous nous soumettons au respect des décisions. Nous achetons pour venir revendre », confie Abakar.

 

5200 et 5500 fcfa pour le sac de 50 kg

Ciment.  Les consommateurs s’indignent de cette hausse des prix.

Depuis quelques semaines, le prix du ciment connait une hausse inquiétante pour les constructeurs. Ce qui n’était pas le cas au cours du mois précédent. Sur un tableau à l’entrée d’une quincaillerie, l’on peut lire les nouveaux prix du ciment. 5200 Fcfa pour le 32.5 et 5500 Fcfa  le 42.5. Les anciens prix étaient 4800 et 5200 Fcfa respectivement. Gisèle Atsafack est venue pour acheter 25 sacs de ciment pour ses travaux de construction. « Ces prix sont exorbitants. Cela me revient très cher », crie-t-elle. Dans son devis, elle avait fait les calculs en raison de 4800 Fcfa le sac. Face à cette situation, elle est contrainte de réduire à 20 sacs. « Je n’ai pas prévu cette augmentation. Je dois me contenter de mon budget », confie-t-elle. La surprise de Gisèle ne va pas s’arrêter là. « Vous ne pouvez pas prendre 20 sacs madame. Il y’a manque de ciment sur le marché. Vous ne pouvez qu’en prendre 10 au maximum », lui mentionne le vendeur. « C’est toujours la guerre en Ukraine ou alors il y a d’autres raisons », questionne la dame toute énervée. Le vendeur essaye de la calmer en lui faisant part de leurs difficultés à savoir les causes exactes : prix élevé des importations et la rareté du produit. « La faute ne nous revient pas madame, il faut penser aux autres. Nous sommes désolés, nous ne pouvons pas faire autrement », dit-il.

 

Le seau de 5l à 3500 fcfa

Arachides. Les ménagères de la capitale camerounaise ont de la peine à s’offrir ce produit.

Avoir cet aliment de nos jours, est un luxe. Le seau d’arachides de 5 litres vendu généralement à 2400 Fcfa voire 2500, coûte désormais 3500Fcfa. De même, la tasse d’arachides qui valait, il y a quelques semaines, 125Fcfa, s’élève aujourd’hui à 150F. Pour certaines commerçantes, cette situation ne semble pas gênante. « Le sac d’arachides de 50Kg coûte d’abord 75 000 Fcfa. Nous sommes obligés d’augmenter aussi les prix », explique Gisèle, commerçante.

Cette tendance haussière est observée dans tous les marchés de la ville de Yaoundé. Au marché Mokolo, les commerçants proposent des sacs de 50Kg à 72 000 Fcfa uniquement en période de récolte. Pendant  que les commerçants se fondent sur la pénibilité du sol pour faire grimper les prix, les ménagères se plaignent de cette vie chère qui ne cesse de rétrécir leur panier. « C’est devenu très difficile. Même pour s’offrir le minimum, c’est un problème. Je perds même déjà le poids », nous confie Lucie Manga. Un tour au marché Essos, les clients sont ébranlés. Marie Jeanne, malgré cette augmentation de prix décide de prendre un demi-seau d’arachides de 1800 Fcfa tout en expirant. Cette évolution des prix à la consommation des ménages devient de plus en plus inquiétante.

 

 

Les prix ont gonflé

Maïs sec. En fonction de la saison, les prix de cette denrée peuvent grimper.

« C’est 1500 Fcfa le seau de 5 l », répond un commerçant à une cliente. Au menu du couscous de maïs avec la sauce gombo. C’est le choix du jour de Mariam. Sans se douter du prix à la hausse du maïs sec dans les marchés, la jeune dame se voit obliger de réduire ses dépenses. « Hey asso, depuis quand le seau de maïs c’est 1500 fcfa. Prends 1200 fcfa comme d’habitude », lance-t-elle. Une proposition que son interlocuteur va accepter à une condition. Le seau n’est pas rempli. Il va retirer cinq tasses avant de la servir. « Je n’ai pas de choix. Je vais faire comment ? C’est tout ce que j’ai dans mon porte-monnaie. Vous pensez que nous avons tous l’argent. Nous éprouvons déjà des difficultés à se nourrir. Pourquoi augmenter encore les prix », s’interroge Mariam. Comme elle, Doris est contrainte de supprimer certains aliments sur sa liste vu le nombre de personnes qu’elle a à nourrir. « Le maïs gonfle et c’est beaucoup surtout lorsqu’on a plusieurs bouches à nourrir. Je suis obligée de m’aligner sur la tendance du marché » Depuis quelques semaines, le maïs sec est devenu cher sur le marché. « Ce n’est pas de notre faute. A l’approche de la nouvelle récolte, les prix de l’ancien stock sont revus à la hausse. Nous avons également l’augmentation du prix de la tonne de maïs à près de 56 % sur le marché international. Cette hausse impacte directement les prix d’achat et de vente », confie un grossiste. Pour d’autres vendeurs, cette flambée des prix est fonction de la source d’approvisionnement. « Il y a des producteurs, les grossistes et les revendeurs. Dans le cas d’un revendeur, vous n’allez pas donner le produit au même prix d’achat. Nous devons générer des bénéfices avec lesquels nous prenons également soin de nos familles », confie Bertin

 

La baguette à 150 Fcfa

Le pain. Les prix ont été revus à la hausse à cause de l’augmentation des coûts de la farine de blé.

Depuis quelques semaines, les prix ont augmenté en raison de l’inflation des prix de la farine de blé. Une situation qui embarrasse aussi bien les commerçants que les consommateurs. Les nouveaux prix sont 60 Fcfa et 150 Fcfa pour les baguettes. « C’est trop. Nous avons déjà des difficultés pour se nourrir. Si le pain qui est accessible facilement a aussi augmenté, cela signifie que les choses vont de mal en pire pour les citoyens camerounais », confie Elisabeth. C’est une denrée indispensable pour l’alimentation des uns et des autres. « Avec ces prix, nous sommes obligés de réduire la quantité de pain. Par exemple, au lieu de trois pains par jour, nous ramenons cela à deux. Nous ne pouvons pas faire autrement », explique un consommateur. Pour les vendeurs et les boulangers, le prix d’achat est élevé et il faut chercher à faire des bénéfices. « La farine de blé est passée de 19000 à 23000 Fcfa le sac. Par conséquent, les prix ne peuvent plus être les mêmes. Nous avons aussi des familles à nourrir. Nous devons faire des bénéfices », confie un gestionnaire d’une boulangerie à Emana. « Nous sommes conscients de la crise en Ukraine, mais nous devons continuer de vivre même si les prix sont élevés. Nous devons penser à produire localement ces matières », a-t-il ajouté.

 

Les prix ont doublé

Pesticides et engrais. Les jardiniers et les agriculteurs doivent débourser deux fois plus d’argent pour acquérir ces intrants indispensables à la production.

Les jardiniers sont aux abois. Les pesticides, les fongicides et les engrais utilisés pour la culture des produits maraîchers sont en hausse. Pour exemple, 50 kgs d’urée coûtaient 16 000 il y a 3 mois. Les jardiniers déboursaient 28 000 Fcfa il y a une semaine. A date, le produit vaut 45 000 Fcfa. Quant au DAP, le prix s’élève désormais à 48 000 voire 50 000 Fcfa au lieu de 26 000 Fcfa. Il est tiré du mineraie de phosphate naturelle. C’est l’un des engrais les plus utilisés dans l’enrichissement des sols des cultures en nutriments essentiels tels que le phosphore. Concernant la 20-10-10, les prix enregistrent une augmentation de 18500 à 28 000 Fcfa. Les prix des fongicides ne sont pas en reste car depuis une semaine, ils sont passés de 2800 à 3800F. La plupart d’insecticides également sont devenus chers avec une moyenne d’augmentation de 1500 Fcfa.

D’après le rapport de l’Institut national de statistiques au Cameroun récemment publié, l’augmentation des prix des produits locaux est due à la contraction de l’offre en liaison avec la crise sécuritaire dans les régions du Nord-Ouest et Sud-Ouest, les changements climatiques et les perturbations de la chaîne d’approvisionnement des marchés du fait de la pandémie du coronavirus. Par contre, la hausse des produits importés est liée à la restriction des importations. Ce qui provoque donc l’indisponibilité des produits agricoles dans les marchés. « Nous n’y sommes pour rien, le gouvernement décide lorsque les prix des marchandises augmentent ou baissent. Nous autres jardiniers et commerçants, nous subissons tout simplement. La quantité de nos marchandises diminue à cause de l’augmentation des prix. Aussi, les ventes diminuent car les acheteurs n’ont pas assez de moyens pour s’offrir ces produits », raconte Clément, commerçant. Une décision qui semble fatale pour de nombreux commerçants. « La conséquence directe est l’échec total dans nos projets agricoles car sans intrants et insecticides, le rendement ne peut pas être au rendez-vous »,  ajoute Clément.

 

Le cageot à 10 500 Fcfa

 Tomate. Se procurer de ce fruit n’est pas facile, les consommateurs sont confrontés à une hausse de prix qui ne s’arrête pas.

Des semaines déjà, le prix du cageot de tomates est respectivement passé de 7000 et 10 500 Fcfa, contre 4000 et 8000 Fcfa par le passé. Dans les alentours du marché du Mfoundi, Grâce Epoh, couturière, veut se procurer de la tomate pour le repas du jour de sa famille mais, n’y parvient pas. « Je ne peux pas maman, aide moi pardon. Je ne peux que te donner à 5 800 Fcfa », indique-t-elle à la commerçante. Déçue, la jeune dame, se retire du comptoir, et fait recours au tas de tomates. « Le cageot est économique. Très souvent, ça me couvre le mois. J’achète régulièrement la tomate ici. Si j’avais suffisamment d’argent, j’allais prendre un cageot de tomates. Mais là, je suis obligée d’acheter le tas, malheureusement je suis perdante », ajoute-t-elle.

Les tas de tomates de 100 Fcfa ont littéralement disparu sur les étals, cédant la place à des tas de 3 à 8 tomates voire 10 respectivement vendus à 200 et 500 Fcfa. Selon les commerçants, l’augmentation des prix de la tomate est due à cette petite saison pluvieuse, qui rend difficile l’évacuation des produits des différentes zones de production. A cause du mauvais état des routes, certains transporteurs ont revu à la hausse leur prix. Un surcoût que les commerçants répercutent sur les marchandises dans les marchés.

Marie Laure Mbena et Roseline Ewombe Eboa (Stg)

Claude Tadjon

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