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Entretien

« Notre pays traverse une situation critique » Rev. Dr. Jean Libom Li Likeng.

Le président national de La Cameroon national prayer Breakfast (matinée nationale de prière pour le Cameroun) parle des obstacles à l’Unité nationale.
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Les petits déjeuners de presse sont un nouveau concept que vous venez de lancer de quoi s’agit-il concrètement ?

Dans le prolongement de sa13e édition organisée en novembre dernier sous le thème : « l’unité de la Nation, une exigence de Dieu pour le salut », la « Cameroon National Prayer Breakfast » lance ce16 mai 2023 la première édition de ses Petits déjeuners de Presse. Les Petits déjeuners de Presse de la CNPB ont pour objectif général, d’édifier l’opinion publique sur des questions d’actualité et d’intérêt majeur qui nécessitent la prise de position de l’association. De manière plus précise, il s’agit entre autres : Des cadres de prises de parole majeures de la CNPB ; D’échanges permettant aux membres de dire leur mot, sur des sujets qui interpellent l’élite chrétienne. Et à cet effet, les Petits déjeuners de Presse seront organisés chaque fois que les circonstances l’exigeront.

La première édition des petits déjeuners de la presse de la CNPB se tient au moment où le pays célèbre la fête de l’Unité. Selon vous quels sont les éléments qui menacent notre Unité nationale ?

La vision de la CNPB, il convient de le rappeler, est de contribuer à ce que le Cameroun connaisse un développement à tous égards, un Cameroun qui se distingue grâce à l’action de Dieu, et de la qualité de ses leaders de tous les secteurs et à tous les niveaux, au sein de la Nation. Étant donné que le développement est d’abord spirituel, avant d’être projeté sur tous les autres aspects de la vie de la Nation, il s’agit ainsi pour nous, de recourir à la puissance de Dieu par la prière, en vue de l’émergence de notre pays. Nous le savons tous, le Cameroun fait face depuis 10 ans, à plusieurs crises sur les plans sécuritaire, sanitaire et économique. Les effets néfastes de toutes ces crises sont aggravées aujourd’hui par la montée des clivages au sein de notre société, ainsi que du tribalisme et de l’ethnocentrisme, qui mettent à mal l’unité nationale et le vivre ensemble. En droite ligne de la célébration de la fête nationale, le 20 mai 2023, la CNPB saisit cette opportunité pour faire entendre sa voix, et plaider pour l’unité et la paix dans notre pays devant Dieu. En effet, la paix et l’unité au Cameroun, interpellent tous les acteurs sociaux. Ainsi donc, qu’il s’agisse de l’Etat qui élabore des stratégies relevant des politiques publiques, des organisations associatives, partenaires des pouvoirs publics dans la mise en œuvre des politiques publiques, et surtout, comme personnes morales mues d’une vision et d’une mission propres et singulières, tous sont ainsi appelées à mobiliser leurs stratégies, afin de conduire notre nation vers cette aspiration commune. C’est dans cette optique que la CNPB a placé la 1ère édition des Petits déjeuners de la presse, sous le thème : « Dieu, une boussole pour l’unité de la Nation ».

La cristallisation des appartenances est particulièrement visible dans les médias et sur les réseaux sociaux, au gré des invectives et autres discours de haine

La situation critique que nous traversons et les profondes dissensions qui se créent chaque jour au sein de notre société, nous imposent une halte pour poser un véritable diagnostic de cette situation, en examiner les causes, et faire connaitre la position de la CNPB ainsi que ses propositions, pour mieux bâtir la Nation camerounaise. Le Cameroun est aujourd’hui confronté à des défis sécuritaires d’ampleur, notamment dans la zone dite anglophone, à l’Extrême-Nord et à sa frontière orientale. Ces nœuds de tension, qui affectent l’ensemble du pays sont attisés par la mobilisation des ressorts identitaires religieux, ethniques, linguistiques et culturels par les diverses parties prenantes. La cristallisation des appartenances est particulièrement visible dans les médias et sur les réseaux sociaux, au gré des invectives et autres discours de haine, alors qu’une frange importante de la population, à travers de multiples memoranda, réclame des réformes politiques, économiques et sociales. A ces deux crises majeures, l’on pourrait ajouter le risque et parfois l’explosion de violentes crises intercommunautaires liées à la co-présence, en divers territoires, de groupes dits « autochtones » et « allogènes » (pour reprendre la terminologie utilisée au Cameroun). Et surtout, une crispation au sein de la société, suite au renchérissement de la vie, ainsi que des clivages et une montée du tribalisme et de l’ethnocentrisme, toutes choses observables qui rudoient l’unité de notre pays le Cameroun et le vivre ensemble. Ces crises et tensions se déroulent à une période de montée des contestations politiques et des exaspérations sociales un peu partout au Cameroun. En d’autres termes, comme le disait le Pr LEKA dans sa leçon inaugurale : « L’on doit alors avoir la lucidité et le courage de confesser chacun nos péchés : péchés en pensées, en paroles, par action ou par omission ». Ainsi donc, entre autres causes nous citerons : La mauvaise gouvernance. Le Cameroun est un pays aux identités plurielles, fondées sur l’ethnie, la religion, la langue, la territorialité, le genre ou l’âge. Le rôle de l’Etat est de garantir un certain équilibre, via la Constitution, et ses stratégies de développement économique, social et culturel, entre des citoyens qui proviennent de plus de 200 ethnies différentes et pratiquent près de 250 langues répertoriées. Des solutions inadaptées aux difficultés d’ordre économique, d’où une pauvreté grandissante. L’absence de cadres de dialogue : avons-nous été suffisamment attentifs aux plaintes de nos frères ? Le sommes-nous aujourd’hui ? L’inefficacité ou l’efficacité limitée des actions menées, à travers des stratégies cosmétiques pour résoudre les problèmes. L’instrumentalisation des populations par certains leaders à des fins politiques. Les discours fondamentalistes et populistes de certains Leaders politiques et Leaders d’opinion, amplifiés par les réseaux sociaux. La démission des élites et des Autorités traditionnelles dans l’information et l’éducation des populations locales.

Face à ce diagnostic quelles solutions propose la CNPB ?

Pour la CNPB, il est évident que tout ceci relève de l’œuvre humaine et surtout, du refus de Dieu, qui doit être la boussole en toutes situations.  Et sans qui, nous ne pouvons construire notre pays et bâtir une véritable Nation : « Si le Seigneur ne bâtit la maison, en vain travaillent les bâtisseurs » (Ps126, 1).

 Il n’y a que Dieu pour inspirer les dirigeants et faire acquérir la sagesse, apaiser les cœurs, amener les Camerounais à promouvoir le bien commun et l’intérêt de la Nation. Mais comment le faire ?

Nos propositions : Bâtir une véritable Nation, afin que chaque Camerounais se sente pleinement fils de ce pays. En d’autres termes, mieux bâtir, construire des ponts, donner du sens et du concret à des politiques souvent perçues comme de simples slogans, afin de mieux encourager la construction économique, sociale et culturelle de la Nation. Cela suppose un nouvel élan, à travers notamment : une meilleure gouvernance du pays, des solutions durables aux problèmes de base, une meilleure répartition des ressources, des cadres d’écoute et de dialogue entre les citoyens, plus d’équité et de justice sociale, la lutte contre l’instrumentalisation des identités ethniques et la gestion de la multitude dans l’unité.

 

Prince Nguimbous

Author: Prince Nguimbous

Prince Nguimbous est journaliste au Quotidien Le Jour depuis plusieurs années. Un journal où il a eu la chance de côtoyer les grandes plumes comme Xavier Luc Deuchoua, Stéphane Tchakam, Jacques Bessala Manga etc. Il est passionné des sujets liés aux droits de l’homme. Sa vision du journalisme est surtout de dénoncer les injustices sociales afin de promouvoir un changement de comportement dans l’ensemble de la société.

Prince Nguimbous

Prince Nguimbous est journaliste au Quotidien Le Jour depuis plusieurs années. Un journal où il a eu la chance de côtoyer les grandes plumes comme Xavier Luc Deuchoua, Stéphane Tchakam, Jacques Bessala Manga etc. Il est passionné des sujets liés aux droits de l’homme. Sa vision du journalisme est surtout de dénoncer les injustices sociales afin de promouvoir un changement de comportement dans l’ensemble de la société.


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    Prince Nguimbous est journaliste au Quotidien Le Jour depuis plusieurs années. Un journal où il a eu la chance de côtoyer les grandes plumes comme Xavier Luc Deuchoua, Stéphane Tchakam, Jacques Bessala Manga etc. Il est passionné des sujets liés aux droits de l’homme. Sa vision du journalisme est surtout de dénoncer les injustices sociales afin de promouvoir un changement de comportement dans l’ensemble de la société.