Nord-Ouest : Rentrée scolaire timide à Bamenda

 De nombreux parents sont décidés à renvoyer leurs enfants à l’école, dans un contexte de renforcement des mesures sécuritaires.
Bamenda

La satisfaction du gouverneur de la région du Nord-Ouest n’était pas feinte. Au cours de la visite qu’il a effectuée dans certaines institutions éducatives de la ville de Bamenda, Adolphe Lele Lafrique n’a pas manqué d’apprécier le courage et la détermination de certains parents qu’il a croisés alors qu’ils trouvaient le moyen de re-scolariser leur progéniture. « Ceci est la preuve que ceux qui s’opposent à l’éducation des enfants sont des terroristes et j’en appelle aux populations de les dénoncer auprès des forces de défense et de sécurité. J’exhorte ces populations à créer davantage de comités de vigilance et de dénoncer les fauteurs de troubles », a confié le gouverneur à la presse. Il est bien visible que les mesures de sécurité ont été renforcées. Il explique : « il est question d’assurer une sécurité maximale pour les élèves pendant cette année scolaire ». Les observateurs ne manquent pas de rappeler qu’au cours des cinq dernières années, plus de 200 écoles ont été incendiées. Les élèves et leurs encadreurs ont aussi été la cible des kidnappeurs qui les ont parfois torturés, amputés ou séquestrés avant de libérer les chanceux.

La veille, lundi 5 septembre 2022 et jour officiel de rentrée des classes en République du Cameroun, la ville n’avait pas connu pareille mobilisation. Le mot d’ordre de « ghost town », lancé par des leaders séparatistes pour durer du 5 au 16 septembre, a semblé fonctionner. Le contraire de celle d’hier, qui a vu les parents se mobiliser pour remettre leurs enfants dans les écoles qui ont rouvert les portes. Ainsi, que ce soit à l’Ecole publique primaire francophone du camp militaire de Bamenda, au Lycée bilingue de Bamendakwe, au Lycée technique de Nkwen pour ce qui est du secteur public ; à l’école primaire de la Cameroon Baptist Convention (Cbc), au lieudit Manda dans l’arrondissement de Bamenda 3, au Progressive comprehensive High school dans le secteur privé, l’ambiance de rentrée scolaire était perceptible. C’est en masse que les parents d’élèves ont convergé vers ces structures pour inscrire leurs enfants. Au lycée technique de cette ville, on a pu dénombrer près de 700 élèves et surtout de nombreux parents en quête de place, ce qui n’avait plus été le cas depuis de nombreuses années. Déploiement des forces Malgré la déclaration de ville morte, les parents n’ont pas manqué lundi, jour de rentrée ailleurs dans le pays, de faire le plein des fournitures scolaires et pour ceux qui le pouvaient d’inscrire leur progéniture tout en les laissant à la maison, « pour voir ». Les rues recommencent à vivre. Identique pour les boutiques et les marchés. « Il est visible que nous sommes plus en sécurité cette fois. On espère que cela va durer », a confié un chef d’établissement. Pour redonner confiance, les forces de l’ordre ont été en effet déployées dans diverses artères de la ville rebelle et sont bien visibles autour des établissements scolaires. Mais la situation n’est pas identique dans les villages environnants, où la peur des représailles persiste. Dans la localité voisine de Santa, les rebelles ont brûlé un véhicule de marque Rav4 hier matin, sans empêcher les populations de vaquer à leurs occupations. En discutant avec quelques parents, on sent bien qu’ils ne croient plus aux discours révolutionnaires et sont préoccupés par l’avenir des enfants. Selon l’Unicef, plus de 800 000 enfants sont privés d’éducation à cause de ce conflit qui oppose depuis 2017 l’armée régulière et les séparatistes au sujet de l’indépendance de cette partie du pays. Depuis l’année dernière, de plus en plus d’élèves bravent l’insécurité psychologique et physique pour faire aussi l’école. L’école reprend dans le Noso, même si ce n’est pas à la vitesse souhaitée.

Franklin Kamtche


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