A l’occasion de la Journée de l’enfant africain, la député junior Elisabeth Bwame plaide pour ses congénères qui ne vont pas à l’école.
« L’éducation pour tous les enfants en Afrique : l’heure est venue. » Il y a comme un retour aux sources dans ce thème de célébration de la Journée de l’enfant africain. Un souvenir particulier pour les élèves noirs de Soweto, dans l’Afrique du Sud en peine à l’Apartheid, abattus parce qu’ils revendiquaient le droit à une éducation de qualité. C’était en 1976. En 2014, l’on reparlait d’éducation avec un thème qui mettait l’accent sur la gratuite et la qualité de l’école ainsi que son caractère obligatoire. Voici qu’en 2024, l’éducation est remise sur la table. L’heure est venue de rendre l’école accessible à tous et à toutes.
Au Cameroun, même si la célébration du 18 juin a été décalée d’un jour, l’occasion a été donnée de marteler la marginalisation dont sont encore certaines catégories d’enfants. Le plaidoyer a été porté par la député junior Elisabeth Charlotte Bwame, âgée de 13 ans, élève en classe de 5e au Collège Vogt à Yaoundé, au cours de la cérémonie de ce 19 juin en présence de la ministre des Affaires sociales, Pauline Irène Nguene, et des représentants des organismes internationaux travaillant pour l’enfance, notamment l’Unesco, l’Unicef et Plan Cameroun.
Bien que rédigé par les officiels du ministère des Affaires sociales, le texte lu par la député junior met le doigt sur ce qui ne va pas. Beaucoup d’enfants du Cameroun n’ont pas la chance comme elle d’aller à l’école ou de faire des études de qualité. Il s’agit, a-t-elle énuméré, des enfants de certaines zones rurales enclavées, des enfants des communautés autochtones (Bakas, Bakolas/Bagyelis et Bedzang), des enfants de certaines communautés où l’école est peu ou mal perçue, des enfants des zones de guerre, des jeunes filles victimes de mariages précoces et forcés, des enfants abandonnés, des enfants de la rue ou inadaptés, des enfants des familles indigentes ou encore des enfants en situation de handicap.
La député junior rappelle combien l’exclusion des enfants handicapés est prononcée au Cameroun. Il y a une insuffisance d’écoles spécialisées et adaptées à tous les handicaps. Lorsque ces écoles existent, elles coûtent très chères. Les établissements scolaires qui ne font aucune discrimination présentent plusieurs lacunes : l’inadéquation des édifices et infrastructures ; l’insuffisance des enseignants spécialisés pour l’accompagnement des déficients auditifs et visuels; l’inexistence du matériel didactique spécialisé, etc.
A ce jour, quelques 70 écoles primaires publiques sont devenues inclusives dans tout le Cameroun. Il n’y a presque rien au secondaire ; ce qui condamne les enfants handicapés après le primaire. La jeune Elisabeth Charlotte Bwame a dit lancer « un cri de cœur » pour les actions suivantes. L’urgence de changer de comportement et, surtout, de regard sur la jeune fille, l’enfant handicapé et les enfants des communautés minoritaires, ainsi que sur leur droit à l’éducation. Il faut construire et équiper des infrastructures éducatives adaptées et inclusives, prendre en compte des différences lors des apprentissages et des examens officiels, protéger contre toutes sortes de violences en milieu scolaire, impliquer des parents dans l’accompagnement scolaire des enfants aux cotés de l’équipe éducative, impliquer des leaders traditionnels et religieux dans les sensibilisations des familles pour la scolarisation effective des enfants porteurs de déficiences.
En résumé, l’Etat du Cameroun est appelé à honorer ses engagements pris au niveau international.
Assongmo Necdem