Gisèle Laure Nana Lecomte

« Montrer la contribution de la céramique dans l’accès à l’eau »

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 Enseignante-chercheuse à l’Institut de recherche sur les céramiques de l’université de Limoges, elle présente les articulations de la conférence internationale sur les céramiques et les géo matériaux en Afrique centrale (CGCA) prévue du 28 novembre au 1er décembre à Yaoundé.

 

 

Comment définir les deux éléments au centre de cette rencontre régionale ?

La céramique est un matériau solide élaboré à partir d’un mélange de matières premières naturelles ou de synthèse de matières premières minérales cuit à une température précise. Par exemple, on peut utiliser des argiles, du sable, etc. et une fois qu’on les a bien mélangés, on va les mettre en forme pour avoir un objet final. Ceci par différents procédés : le frittage, le pressage, le contactage ou l’extrusion. L’étape de la cuisson permet de donner des propriétés à l’objet. Cette cuisson se fait à bonne température entre 900 degrés en moyenne jusqu’à 3000 degrés Celsius. Après toutes ces étapes, il reste à faire les finitions pour l’esthétique et vous obtenez un objet céramique. Les géomatériaux sont des matériaux d’origine géologique comme les roches, le sable, les graviers, tout ce qui vient du sol. Mais il existe aussi d’autres types de géomateriaux qui sont dits artificiels car ayant subi des transformations. A la différence des céramiques, avec les géomatériaux, on n’a pas forcément besoin d’une cuisson pour obtenir du solide. On peut par exemple faire des blocs de terre compactée ou utiliser la latérite directement sans cuire.

Quelle est la situation de leur usage au Cameroun ?

Quand on parle de céramique, le grand public va penser par exemple à la poterie, la vaisselle, les briques. Au Cameroun, les géologues ont identifié des zones où les matières premières minérales sont disponibles. Et dans ces localités, la production de la céramique reste artisanale. Sur le plan industriel, il existe encore peu d’industrie de la céramique au Cameroun. Il y a par exemple, la Mission de promotion des matériaux locaux, la Mipromalo qui possède des structures et produit quelques objets céramiques. Je peux également citer comme autre grande industrie, Socaver. Elle produit des  verres,  des bouteilles d’emballage. Ce sont des céramiques aussi. De même, les produits des cimenteries font partie  d’une famille de céramique. Voilà la situation globale au niveau de la production. S’agissant de la formation, il faut un cursus scientifique pour travailler sur les céramiques. Les étudiants commencent des formations en physique-chimie des matériaux. Puis s’oriente vers la recherche  sur des thématiques liées au développement des céramiques. Les travaux de recherche s’effectuent dans les institutions universitaires et dans des centres de recherche par exemple.

Quelles seront les grandes lignes de cette conférence de 4 jours sur les céramiques et les géomatériaux ?

Les grandes lignes se trouvent dans la thématique qui a été donnée : « Géoressources pour la céramique : application liées à la transition énergétique, au traitement de l’eau et à l’Intelligence Artificielle (IA) ». On va parler des Géoressources pour la production d’énergie verte et la potabilisation des eaux. Autrement dit, comment rendre l’eau potable et accessible au plus  grand nombre en proposant la solution des filtres céramiques. Nous allons aussi parler de l’intelligence artificielle appliquée à la science des matériaux céramiques. A partir de ces grandes lignes, on va décliner 9 sous-thèmes dont l’aspect lié à la géologie, l’hydrogéologie, la prospection et puis la caractérisation des ressources minérales notamment des argiles. En guise d’autre exemple, nous allons parler de la valorisation des déchets agro-pastoraux avec notamment l’utilisation des peaux de banane pour élaborer les céramiques entre autres.

 Quelle est l’opportunité d’un évènement de ce type pour le Cameroun et l’Afrique centrale ?

On espère faciliter le rayonnement  et la visibilité des travaux qui se  font ici à l’échelle internationale. Il est vrai que des sociétés savantes existent déjà. Notamment pour les travaux de chimie. Mais elles ne mettent pas en valeurs les aspects des géomatériaux et céramiques. Et on espère organiser ce rendez-vous tous les deux ans. Pour cette première édition, nous allons recevoir des experts de France, d’Espagne et d’Afrique Centrale.

Qui sont-ils ?

Une vingtaine d’experts vont participer à cette rencontre. Les échanges vont se faire en ligne et en présentiel. Nous aurons notamment des professionnels du Cameroun  comme le Pr Nana Engo qui va fortement représenter la partie intelligence artificielle en lien avec la science et les matériaux.  Nous aurons aussi  le professeur émérite Philippe Blanchard de l’Université de Limoges. Il a réalisé  de nombreux travaux sur les procédés d’élaboration et la valorisation des géomatériaux et  des céramiques ; le professeur Younoussa Millogo, directeur du laboratoire de chimie et énergies Renouvelables (LaCER), chargé de mission au centre universitaire de Banfora, Burkina Faso. Le Professeur Carmen Baudin De La l’Astra, chercheur à l’Institut de la céramique et du verre en Espagne participe aussi à ce rendez-vous.

Cette conférence, vous l’annoncez aussi comme un tremplin pour les jeunes en cycles masters et études postdoctorales. Pourquoi ?

 La  CGCA .est un tremplin parce que nous venons de mettre en place une société savane qui s’appelle Composites and advanced ceramics society (CACerS) qui porte l’organisation de cet événement. L’idée c’est d’accompagner ces jeunes doctorants dans le développement de leur projet professionnel et de les mettre en relation avec des partenaires pour ceux qui veulent se lancer dans l’entrepreneuriat. Nous avons remarqué quelques manquements au niveau de la finalisation des idées, des concepts. Une aide financière sera proposée à ceux qui vont développer des projets de master et de post-doctorat intéressants. Nous voulons des jeunes aux idées percutantes et un réel désir de développement professionnel.

Il s’agira de la première conférence du genre en Afrique Centrale. Comment le Cameroun se retrouve à l’accueillir ?

Nous collaborons avec l’Université de Yaoundé  1 depuis plus de 20 ans. Sur les coopérations académiques et scientifiques, notamment dans le domaine de la physico-chimie, des matériaux. De manière  symbolique,  cette première édition aura lieu  à la faculté des sciences de l’Université de Yaoundé 1. Grâce aux  interactions que nous avons avec  d’autres pays, nous avons réussi à mutualiser nos efforts et à intéresser des partenaires pour qu’ils viennent participer à cet événement.

 

Elsa Kane

Author: Elsa Kane

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