Épidémie

Les ravages du choléra à la prison de New-Bell

En plus des foyers épidémiologiques classiques dans le Littoral et le Sud-Ouest, les chiffres grimpent dans cet établissement pénitentiaire, où environ 4000 détenus vivent dans la promiscuité. 
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La peur s’est emparée du personnel de la prison centrale de Douala. Une peur du reste justifiée, au vu de la résurgence du choléra, qui y sévit depuis bientôt trois semaines.

Si les autorités pénitentiaires n’ont, jusqu’ici, pas encore communiqué sur la situation sanitaire, des sources au sein de cette maison de détention font état de ce que le vibrion cholérique y fait des ravages.

 

« On dénombre déjà quatre morts dans les rangs des détenus. Hier (lundi 28 mars 2022), un détenu est décédé à l’hôpital Laquintinie »,  nous a révélé un gardien de prison, mardi 29 mars. Des informations concordantes indiquent que, quelques heures avant qu’il ne pousse son dernier soupir, le détenu décédé en début de semaine affichait des symptômes de patients souffrant du choléra. Du sang sortait de sa bouche et de ses narines, a-t-on appris. En plus, il aurait été testé positif au Covid-19 mal soigné ou pas du tout soigné.

Ce détenu n’est pas le seul qui a été admis aux soins d’urgence à l’hôpital Laquintinie de Douala. Bon nombre d’autres détenus, sur la trentaine déjà enregistrés comme ayant été infectés par le vibrion cholérique, y ont séjourné. Mais, précise l’une de nos sources, « ce n’est que lorsque la maladie devient sérieuse et le cas préoccupant, qu’on conduit le détenu à l’hôpital ».

Conséquence, le pronostic vital de ces patients aux conditions spécifiques est souvent engagé au moment où ils sont internés. L’autre motif justifiant leur évacuation tardive est la peur de leur évasion. La gestion des cas diagnostiqués accroît le risque d’une contagion massive, ce qui en rajoute à la peur et à la détresse du personnel pénitentiaire et des détenus.

 

« Ce sont les autres détenus qui transportent les patients pour les mettre dans le camion à destination de l’hôpital. Or, il devrait y avoir un service médical spécialisé pour la gestion de ces cas », se désole un employé de la prison.

 

A cela il faut ajouter les conditions de détention très précaires dans cette prison surpeuplée, où quelque 4000 personnes se battent chaque jour pour la survie. Où les canalisations d’eau sont vétustes et doivent être remplacées, et où, enfin, le service médical (l’infirmerie) ne l’est que de nom et offre des soins approximatifs.

 

Lundi dernier, des infirmiers de services extérieurs à la prison sont arrivés en renfort au personnel de ce service aux effectifs limités. D’autres mesures conservatoires ont été prises par les autorités pénitentiaires pour freiner la propagation de l’épidémie. « Les visiteurs ne sont plus autorisés à entrer dans l’enceinte pénitentiaire avec des aliments tels que les fruits, et autres végétaux. Par ailleurs, on a multiplié les points de lavage des mains et tout le monde doit se soumettre à ces mesures », détaille notre source.

Des chiffres inquiétants

Sur les 260 nouveaux cas enregistrés ces dernières heures sur l’étendue du territoire national, le Littoral à lui seul totalise 46 cas, dont la grande majorité sont des personnes en détention, comme nous l’avons relevé plus haut. La semaine dernière, la région totalisait déjà 380 cas confirmés, dont 60 morts, d’après le bilan communiqué par le coordonnateur du Centre régional de prévention et de lutte contre les épidémies (Cerples) pour le Littoral, le Docteur Hans Mossi Makembe.

Mais la région qui bat tous les records à ce jour est et demeure le Sud-Ouest. Le vibrion cholérique y a trouvé un terreau favorable, facilité par le désastre sanitaire aggravé par la situation sécuritaire qui y prévaut depuis cinq ans.

 

Les villes de Limbe, Tiki, Buéa, Kumba et Muyuka sont ainsi présentées comme les principaux foyers épidémiologiques qui enregistrent le plus grand nombre de cas de personnes contaminées par la maladie hydrique : plus de 300 personnes contact, d’après le ministère de la Santé publique. Le patron de ce département ministériel, Manaouda Malachie, a d’ailleurs effectué une brève escale à Douala, mardi 29 mars, en partance pour la région anglophone en proie à de violents conflits armés.

Il est question pour le ministre et pour son homologue de l’Eau et de l’Energie, d’évaluer la réponse mise en œuvre par les services déconcentrés de leurs ministères respectifs. Parmi ces mesures, l’on peut énumérer le déploiement d’équipes additionnelles en renfort de l’équipe du ministère de la Santé mobilisé dans la région du Sud-Ouest et dans les autres régions à forte prévalence épidémiologique, et l’annonce, début janvier 2021, de l’acquisition de 204 000 doses de vaccin oral « Euvichol ». Sauf que ces bonnes annonces n’ont pas empêché qu’en octobre de la même année, le choléra décime 62 Camerounais sur les 2100 cas diagnostiqués sur l’étendue du territoire ce même mois. Un chiffre pas si éloigné des 66 décès que cette épidémie a causés entre janvier et août 2020.

Théodore Tchopa

 

 

 

Des chiffres alarmants

Sud-Ouest, Littoral… Comment l’épidémie progresse dans les villes de Buea, Limbe, Kumba, Tiko, Muyuka, dans le Littoral et d’autres districts de santé du Cameroun.

Les cas de Choléra ne cessent de se multiplier avec au moins 60 morts déjà. 260 nouveaux ont été enregistrés. La région du  Sud-Ouest  compte 209 personnes infectées dans les villes de Buea, Limbe, Kumba, Tiko, Muyuka. Dans les détails, on dénombre 18 cas à Buéa, 143 à Limbé, 1 à Kumba Sud, 46 à Tiko, 1 à Muyuka. Dans le Littoral, 46 ont été enregistrés, 02 au Centre, 03 dans le Nord. Le Sud et l’Extrême-Nord n’enregistrent aucun cas depuis plus de 21 jours selon le ministère de la Santé publique. Entre le 16 et le 22 mars 2022, une flambée de cas de choléra est observée dans le Sud-Ouest avec plus de 300 cas notifiés, soit 43 cas et 20 décès à Kumba, 111 cas et 2 décès à Buéa, 122 cas à Limbé, 68 cas et 05 décès à Tiko. On a enregistré aussi 16 cas et 02 décès à Yaoundé.

En vue de riposter énergiquement contre l’épidémie de choléra en cours dans notre pays, le système de gestion de l’incident a été activé au niveau central et dans les régions en épidémie pour assurer la coordination des mesures prises et de la vaccination réactive. Les autorités ont donné ordre de construire en urgence des toilettes publiques et de renforcer l’approvisionnement en eau potable pour endiguer l’épidémie.

Les ministres de la Santé publique, Manaouda Malachie et son homologue de l´Eau et de l´Energie, ont fait le déplacement de Buea, pour entamer les opérations d´évaluation du dispositif de lutte et de prévention contre le choléra.

 

Depuis le 26 mars 2022 une équipe du Minsanté se trouve dans le Sud-Ouest pour renforcer la réponse à l´épidémie de choléra. Le déploiement des équipes additionnelles est annoncé pour une prise en charge efficace, ainsi que le lancement de la campagne réactive.

En octobre 2021, l’épidémie de choléra avait fait 62 morts avec près de 2 100 cas recensés, selon le Dr Manaouda Malachie. La précédente résurgence du choléra quant à elle, a fait 66 morts au Cameroun entre janvier et août 2020. Début 2021, l’Organisation mondiale de la santé (Oms) estimait qu’il y a avait chaque année 1,3 à 4 millions de cas de choléra et 21 000 à 143 000 décès dus à cette maladie dans le monde. En termes de difficultés rencontrées, il faut signaler la rupture des intrants de laboratoire dans les régions en épidémie, l’indisponibilité des unités de traitement dans certains districts de santé ainsi que l’insécurité dans la région du Sud-Ouest, en proie à un conflit sécessionniste armé.

 

Les premiers cas de choléra ont été signalés dans des localités camerounaises du Littoral et du Sud-Ouest en début janvier dernier et, le 19 du même mois le gouvernement a annoncé la réception de 204.000 doses de vaccin oral “Euvichol” destinées à combattre le vibrion cholérique dans les zones côtières du pays.

 

Le choléra, qui se propage par l’ingestion de matières fécales, provoque une diarrhée aqueuse aiguë et peut tuer en quelques heures s’il n’est pas traité.

Moïse Moundi

 

 

C’est quoi le choléra ?

Le choléra est une infection diarrhéique aiguë provoquée par l’ingestion d’aliments ou d’eau contaminés par le bacille Vibrio cholerae. Cette maladie intestinale aiguë se transmet par voie oro-fécale lors de l’ingestion d’eau ou d’aliments souillés, ou lorsque les mains salles sont portées à la bouche. Dans une grande majorité des cas, l’infection est asymptomatique même si le sujet reste contagieux pour son entourage.

 

Comment se transmet le choléra ?

Le choléra est lié à l’absorption d’eau ou d’aliments contaminés. Les bacilles, ou vibrions cholériques, sécrètent dans l’intestin la toxine cholérique, qui provoque la perte d’eau et d’électrolytes (jusqu’à 15-20 litres par jour).

 

Les symptômes

L’infection au choléra peut entraîner une gamme de symptômes, notamment :

  • une diarrhée aqueuse abondante, mais sans douleur (selles riziformes);
  • des vomissements de liquide clair;
  • des nausées.

 

Comment meurt-on du choléra ?

La mort peut survenir au bout de 1 à 3 jours la plupart du temps par collapsus cardiovasculaire, en l’absence de traitement et dans les manifestations les plus sévères de la maladie. Chez les personnes qui manifestent des symptômes, 10, à 20% déclarent une maladie sévère.

 

Quel vaccin ?

Euvichol ®/Euvichol-Plus® est un vaccin bivalent constitué de cellules entières tuées de Vibrio cholerae O1 (classique et El Tor) et O139. Il est administré en 2 doses à toute personne de plus de 1 an, avec un intervalle d’au moins 14 jours entre les 2 doses.

 

 

Comment lutter contre le choléra

La réhydratation orale/intraveineuse en fonction de la sévérité de la maladie est le traitement de choix compensant les pertes en eau et en ions. L’immunité protectrice contre le choléra après une infection est supportée principalement par l’immunité intestinale et a une durée estimée de trois à cinq ans.

Rassemblés par C.T.

Claude Tadjon

Author: Claude Tadjon

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