
Quels sont les données les plus récentes en votre possession sur la situation des déplacés et des réfugiés du conflit Arabes Choa – Mousgoums ?
La plupart des déplacés qui ont trouvé refuge dans des zones du Logone et Chari non affectées par les affrontements, ont regagné leurs villages. A l’exception de ceux dont les villages sont situés dans le canton de Hinalé, arrondissement de Logone-Birni et dans l’arrondissement de Zina, où subsiste encore une insécurité résiduelle. En ce qui concerne les déplacés en provenance de l’arrondissement de Maga, Mayo-Danay (environ 7000), qui ont trouvé refuge dans le département du Diamaré (Maroua ville, arrondissements de Bogo et de Pette), beaucoup d’entre eux ne sont pas encore rentrés parce qu’ils estiment que les conditions de leur retour ne sont pas encore réunies.
S’agissant des réfugiés au Tchad, un bon nombre d’entre eux n’est pas encore rentré. C’est certainement pour des raisons de manque d’abris, de difficultés d’ordre alimentaire et un sentiment diffus d’insécurité.
Quel est globalement aujourd’hui l’état d’esprit qui prévaut au sein de ces populations, la tension est-elle retombée ?
La tension a effectivement baissé. Cependant, il me semble que les problèmes de fonds n’ont pas encore tous été abordés.
Par conséquent, il est urgent d’agir car nous sommes déjà dans le mois de Ramadan et bientôt ce sera la saison des pluies avec toutes les activités agricoles, piscicoles et pastorales qui peuvent être des sources de différends socio-professionnels.
Quelle est la situation scolaire des enfants déplacés et réfugiés, une année scolaire blanche se profile-t-elle pour eux ?
De façon générale il n’y a pas de suivi scolaire des enfants des déplacés et des réfugiés. Oui, malheureusement il y a risque d’une année scolaire blanche, si les actions urgentes ne sont pas prises dans ce sens.
Comment la rencontre de concertation des membres de la communauté Arabe Choa tenue le 26 mars dernier à Kousseri peut-elle contribuer effectivement au retour durable à la paix ?
Il faut rappeler que cette rencontre avait pour objectifs de faire l’état des lieux post-conflits, de se mobiliser pour faciliter le retour des déplacés et des réfugiés dans leurs villages respectifs et de réfléchir sur les voies et moyens pour le retour à une paix véritable et durable et une cohabitation pacifique avec les membres de la communauté Mousgoum.
La communauté Arabe Choa étant par essence démocratique, il était important que la vision et la démarche soient partagées et validées par ses membres, notamment les dignitaires traditionnels, religieux et politiques, ainsi que les personnalités qui ont une influence palpable. Nous pensons que la mise en œuvre des recommandations formulées lors de cette rencontre (rencontre du 26 Mars 2022), notamment la tenue d’un dialogue franc et sincère entre les membres des deux communautés, contribuera à coup sûr au retour d’une paix véritable et durable.
Pour finir, quelles sont les clés pour une action préventive efficace dans la gestion de ces conflits répétitifs ?
Nous pensons que les actions prioritaires à mener sont principalement :- L’aménagement des espaces existants pour permettre un accès équitable et équilibré à tous les utilisateurs des ressources naturelles disponibles, en tenant compte des exigences liées au développement durable ; – La mise en place d’une mission de développement intégré du Logone et Chari ; – L’actualisation et la mise en application de l’arrêté Provincial N°:005/ap/k/sg/ae/ du 03 mai 2006 qui prend en compte les conséquences des pratiques d’exploitation et de gestion inappropriées des ressources naturelles dans la pleine d’inondation de Waza-Logone (département du Logone et Chari).
Propos recueilli par
Claude Tadjon