Musique

Les confidences de l’artiste Ekambi Brillant avant sa mort

Le géant de la musique camerounaise, décédé le lundi 12 décembre 2022 à l’hôpital Laquintinie de Douala à l’âge de 74 ans, a accordé une interview à votre journal en juin 2022 sur l’île de Ré. Il indiquait vouloir organiser un spectacle où il allait arriver en Roll Royce.
Brill

 

 

Brillant est-il votre véritable prénom ?

Je m’appelle Ekambi Louis Brillant. Ce nom m’a été donné par mon père et ma mère le 18 juin 1948, le jour de ma naissance à Douala. Les choses se sont passées comme si mes parents avaient l’idée du brillant garçon que j’allais devenir plus tard. Aujourd’hui, je leur donne raison, car je suis devenu Mota Mwenya qui veut dire en Français un grand homme. Je suis connu dans le monde entier où j’ai chanté devant des chefs d’Etats. Ahmadou Ahidjo, Paul Biya, Omar Bongo, Bokassa, Mobutu, Marien Ngouabi… Je les ai personnellement rencontrés. Ce sont des gens simples qui aiment les artistes.

Etes-vous devenu riche grâce aux chansons « Cameroun Airlines » et « Mouayé », qui appelaient les Cameroun à un élan patriotique ?

J’ai chanté pour les sociétés d’Etat au Cameroun. La Camair, la Sonel, le Port de Kribi… Pour certaines, c’était par patriotisme et, pour d’autres c’était de la publicité. Je vais vous dire quelque chose de très important. Ces publicités ne m’ont rien rapporté. J’ai signé des contrats avec des structures qui ne m’ont jamais versé la totalité de mon argent. Sur 200 millions de Fcfa, les Impôts ne m’ont donné que 20 millions de Fcfa. La Camair et la Sonel ne m’ont rien donné. Je ne sais pas si c’est exprès, mais, quand on travaille avec les institutions étatiques, les dirigeants ne veulent pas nous donner l’argent qui nous revient de droit. Voilà comment marche notre pays.

Pantalons ultras moulants à la Elvis Presley ou les capes et costumes de Toreros comme James Brown, vos tenues de scènes sont étincelantes.

J’aime être bien mis tout le temps et je paye le prix. Je travaille étroitement avec de grands couturiers dont je garde l’identité secrète. Je leurs confie la confection de mes tenues que je dessine moi-même. Je m’inspire de celles de James Brown. C’était mon mentor.  Je l’aimais beaucoup.

En 2007, à l’occasion de vos 36 ans de carrière, vous avez organisé une grande exposition de vos tenues à l’hôtel Hilton de Yaoundé.

Oui en effet. C’était une grande première dans le showbiz au Cameroun. Aussi avais-je envie de partager ces trésors qui m’ont accompagné sur tous les grands podiums du monde avec mes fans. Beaucoup ont joué le jeu. Je dois préciser que j’ai quelques pièces rares qui valent une fortune. Notamment certains costumes, ma Rolls Royce et ma montre Rolex qui m’ont coûté des centaines de millions. Dès que je retrouve ma santé, j’organise une tournée mondiale avec un spectacle où j’arriverai sur scène dans ma Rolls, paré de ma Rolex.

On ne vous a jamais vu à bord de cette somptueuse voiture.

Je l’ai conservée jalousement dans un lieu secret.

Et cette anecdote sur des chaussures Ekambi Brillant ?

Lors d’un spectacle à Bafoussam, au moment de monter sur scène, je m’aperçois que j’ai oublié mes chaussures de scène. Pour rester dans l’originalité, j’ai demandé qu’on m’achète les Matangas, les méduses en plastique. Voilà comment cette chaussure considérée pour les pauvres est devenue populaire. Les sandalettes en plastique bon marché sont devenues « Les Ekambi Brillant »

Avez-vous des enfants ?

Oui j’ai cinq enfants avec différentes mamans. Avec la chanteuse Cela Stella j’ai un enfant qui s’appelle John Ekambi.

La retraite, est-ce une éventualité à laquelle vous pensez ?

Le jour où je me sentirais fatigué, je vais me retirer des spectacles. J’en profiterais pour sortir certaines chansons que j’ai composées depuis longtemps. Mais en réalité, un artiste de va pas en retraite. Papa Wemba et Myriam Makeba sont morts sur scène, Manu Dibango est mort sans prendre sa retraite. En somme, la retraite j’y pense, mais pas pour le moment.

 

 

 

 

Cathy Yogo

Author: Cathy Yogo

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« Faire voir, faire savoir, faire parler, faire comprendre » est le leitmotiv de ce journal qui insiste sur une information vérifiée, sourcée et documentée. Une large place est donnée à l’information économique et sportive. Un soin particulier est accordé aux portraits et le but final est d’apporter sa « patte » à l’écriture de « l’odyssée camerounaise ».

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