Kisito Eloundou : « Les Lions sont arrivés sans réel projet »

Kisito Eloundou

Notre consultant et entraîneur de football analyse le match des huitièmes de finale qui opposait le Cameroun au Nigeria, le 28 janvier 2024, au stade Félix Houphouët Boigny d’Abidjan.

 

Battus par le Nigeria en 8èmes de finale de la Can 2023, 0-2, les Lions Indomptables sont éliminés de la compétition. Ont-ils mérité cette élimination ?

Je dirais oui, sans risque de me tromper, dans la mesure où ces Lions sont arrivés dans la compétition sans réel projet. En quatre matchs, nous n’avons vu aucune proposition de jeu. L’organisation et l’animation de jeu n’étaient pas au rendez-vous. Nous sommes restés sur notre faim et nous n’avons mérité que ce nous avons vu.

Selon vous, l’équipe alignée face au Nigéria était-elle la meilleure ?

L’équipe alignée face au Nigeria a également subi des remaniements par rapport à celles des précédents matchs. On se demande si le staff technique était sûr de ses éléments. Je note quelques individualités qui ont joué à un très haut niveau. Pour le reste, c’était des brèches que le staff essayait juste de colmater. Le staff n’avait pas une équipe type car tout le temps, il nous proposait de nouvelles formules, d’où la multiplication des erreurs individuelles qui ont coûté cher. La meilleure équipe est certainement restée fictive car nous ne l’avons pas vue. Je suis déçu de cette prestation car le Cameroun, lorsqu’on parle de la Can, ne passe pas inaperçu avec ses cinq étoiles.

A quels niveaux est-ce  que les Lions ont péché?

Ils ont péché au niveau de leur organisation. Selon moi, la préparation n’a pas été bien faite car aucun dispositif de jeu n’a été mis en place lors de cette Can. Les Lions Indomptables sont allés sans réel plan de jeu et ne pouvaient rien proposer pour mettre leurs adversaires en difficulté. Ils n’ont fait que s’adapter aux systèmes de jeu que proposaient les adversaires alors que dans une compétition où on doit s’affirmer, on doit proposer son plan de jeu pour faire plier l’adversaire. Nous sommes cinq fois vainqueur de la Can et nous devons normalement avoir un mot à dire mais sortir de la sorte me laisse songeur. Ce parcours a été hasardeux car rien n’était mis en place sauf évidemment le « coeur ». Ce hasard ne pouvait plus aider car nous sommes arrivés à une phase de compétition où il fallait établir un réel plan de jeu. Nous avons péché sur tous les aspects sauf  mental, car c’est lui qui a permis que nos joueurs arrivent là où ils sont arrivés. Le physique, la technique et même la tactique n’y étaient pas. Nos Lions Indomptables n’ont pas montré grand-chose. Même lorsque nous étions en supériorité numérique face à la Guinée Conakry, nous n’avions pas pu résoudre l’équation. Nous nous sommes contentés d’un match nul où on remplace les attaquants pour mettre les défenseurs. Face à la Gambie, un sursaut d’orgueil aux arrêts de jeu, nous sauvait avec ce coup de tête de Wooh. Face aux Super eagles, ça n’a pas marché. Le staff technique doit maîtriser les procédés scientifiques qui caractérisent les entraînements et mettre un accent sur le mental qui peut être une valeur ajoutée.

Le Cameroun est sorti de la compétition à cette étape. Quel bilan faites-vous de la prestation des Lions Indomptables ?

Jamais une équipe du Cameroun n’a été autant malmené dans une phase finale de la Can comme cela a été le cas en Côte d’Ivoire. Le Cameroun a encaissé les buts lors de tous les matchs. Il a enregistré l’une des plus mauvaises défenses de cette compétition. Or, le grand atout du Cameroun était d’abord son animation défensive. Il me souvient que le Cameroun a gagné une Can, sans encaisser le moindre de but. Il était également clair que, lorsque le Cameroun vous menait, il était difficile de revenir au score. Les Lions Indomptables, de tout temps, avaient mis l’accent sur  ces acquis. La plupart de nos joueurs ont des fibres lentes. Si nous voulons rivaliser avec ceux qui ont des mixages au niveau des fondamentaux, ils seront toujours en retard dans les actions comme ce que nous avons vécu avec Oumar Gonzalez, qui a perdu la balle et a été devancé par Victor Osimhen, ce qui a occasionné le premier but nigérian.  Il faudrait plus travailler l’animation défensive, mettre l’accent au niveau de la tactique et la technique collectives. On doit repenser notre football, il est en train de mourir à petit feu.

Comment bâtir une équipe conquérante pour l’avenir ?

Il faut qu’il y ait d’abord un point d’honneur sur la traçabilité, ça veut dire qu’on doit arriver à l’équipe nationale à partir des sélections inférieures. Vous faites la différence en club, vous êtes sélectionnés dans les catégories inférieures, vous faites vos classes sportives, et quand vous arrivez à l’équipe A, c’est le couronnement. L’apprentissage finit dans les sélections inférieures. D’autres apprennent en gagnant. Aujourd’hui, le Sénégal est un cas d’école. Il faut donner l’occasion à Rigobert Song de travailler en lui donnant des orientations qui viennent de la direction technique nationale. Le Cameroun doit se remettre au travail afin que l’équipe nationale se porte de mieux en mieux.

Propos recueillis par Roseline Ewombe Eboa (Stagiaire)

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