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Arts Plastiques

Justine Gaga alerte sur un monde hyperconnecté 

Dans "Visions alternatives" en cours à l'Institut français à Yaoundé, la plasticienne montre l’impact du capitalisme sur la sociabilité.
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26 tableaux de Justine Gaga sont exposés à l’Ifc. Des peintures (acryliques sur toiles), des dessins (posca sur toiles et papiers). Voilà le travail qu’elle présente dans le cadre de l’exposition «  Visions alternatives. Sa première exposition solo à Yaoundé depuis plus de 5 ans. C’est un événement et le public a répondu massivement à l’invitation de l’Ifc. Le hall d’exposition à fait le plein le 25 avril à l’occasion du vernissage. Justine Gaga propose un travail raffiné et recherché. Ses toiles baignent dans l’abstrait et convient les visiteurs à l’introspection. Artiste engagée, la plasticienne s’intéresse aux problèmes de son temps. « Visions alternatives pourrait être un appel introspectif, un voyage intérieur où l’on se questionne sur des problématiques à  travers un temps et l’espace. C’est une invitation à croiser nos regards sur les questions du capitalisme vorace d’aujourd’hui », explique-t-elle.

 Ses toiles mettent en scène des personnes sans visages à l’aspect méditatif. « Les visages importent très peu dans ces dessins, il faut plutôt s’intéresser à ce que ces personnages font ou essaient de faire. L’exposition est intitulée Visions alternatives. Cela veut dire qu’il faut commencer par faire ce voyage d’introspection en allant au fond de soi-même, ouvrir grandement les yeux pour voir et comprendre ce qui se passe autour de nous », souligne cette artiste multidisciplinaire qui maîtrise autant la peinture que la sculpture et l’installation, la vidéo.

Dans cette exposition, la plasticienne explore également le thème de la solitude.  Elle évoque notamment l’impact social du capitalisme sur l’isolement de certaines populations et la progression des problèmes psychologiques dans la société africaine.

Interconnectés, les gens ont l’impression d’être proches alors qu’il n’en est rien. Internet contribue aussi à briser le lien social. « Vous voyez sur certains de mes dessins, ces personnages en cage parce qu’aujourd’hui, on ne se retrouve presque plus pour passer du temps ensemble. Nous sommes très connectés mais tout ça c’est au profit du capitalisme. Au fur et à mesure que nous sommes connectés, les liens sociaux ont plutôt tendance à s’effriter, à se briser.  La machine fait maintenant partie intégrante de la vie et est en train de prendre le dessus sur l’humain », déplore Justine Gaga.

 Dans sa démarche artistique l’artiste installée à Douala se trouve également dans son atelier a opté pour une exposition très colorée où dominent les tons chauds. En réalité ces couleurs complètent son message principal qui est une invitation à se libérer du joug du capitalisme et de la quête effrénée du « fric ». « J’ai commencé à travailler sur un personnage énigmatique c’est-à-dire que je n’ai pas besoin de lui affecter des bras, des pieds. J’ai fait juste une ombre humaine. Cette représentation me permet d’aller un peu plus loin sur le thème de la solitude, celle qu’on subit. Parce que lorsqu’elle est subie, elle fait déprimer et vous conduit dans l’isolement, dans l’exil dans l’immigration », dit-elle.

Trois couleurs participent particulièrement à compléter cette vision. Le jaune pour attirer l’attention et alerter sur un problème, le bleu qui symbolise l’urgence d’établir une communication et le rouge pour dénoncer la violence d’une société individualiste.« Mon travail est le reflet de notre sensibilité humaine et de notre regard sur la société. Mes œuvres, ne sont que la matérialisation physique. Elles pourraient vous entraîner à naviguer entre les mondes visibles et invisibles à la recherche des réponses sur la véritable place de l’être et de l’environnement dans ce jeu d’intérêt effréné qui semble nous relayer à la place des machines et des espaces sans vie », constate Justine Gaga avec regret.

Elsa Kane

Author: Elsa Kane

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