Elsa Kane
« Conte-moi une histoire » ou«Taalam », c’est le nom du projet imaginé et conçu par Ismaël Bouba. Ce diplôme en arts plastiques et histoire de l’art de l’université de Maroua à l’Extrême-Nord du Cameroun fait partie des 14 porteurs de projets dans le cadre du programme « Management culture » initié par le Goethe Institut de septembre à décembre 2022.
L’objectif de ce programme est d’aider les entrepreneurs culturels à monter des projets à fort impact social ou culturel et à trouver des partenaires financiers ou techniques pour leur réalisation. Sélectionnés par un jury d’opérateurs culturels, les 14 participants ont été formés aux techniques de gestion d’un budget, au marketing digital. Ils se sont familiarisés avec le cadre juridique de la création d’entreprise au Cameroun, etc. La restitution de ces mois de formation en ligne et en présentiel a eu lieu le 9 décembre à Yaoundé. Présidée par Thekla worch-Ambara, cette cérémonie a connu plusieurs temps forts. Notamment la séance de pitch durant laquelle chaque participant devait présenter son projet en trois minutes et convaincre de potentiels partenaires financiers.
Les 14 projets sélectionnés sont très diversifiés et portent entre autres sur la sauvegarde du patrimoine culturel dans le septentrion, le recyclage des déchets en objet d’art à Bamenda, la promotion du théâtre à Yaoundé et Buea, la construction d’un centre culturel à Bafoussam.
« Nous voulons créer un répertoire des contes de la région de l’Extrême Nord et les adapter en bande dessinée pour élèves des lycées et écoles de la ville de Maroua », explique Ismaël Bouba. Avec « Kar’art », l’entrepreneure Carole Leuwe présente un projet qui met la culture au service de l’inclusion sociale et de la lutte contre la stigmatisation. « Kar’art propose des ateliers créatifs pour 25 enfants psychomoteurs de la ville de Douala et à Bonabéri en particulier. Le but est de susciter leur guérison grâce l’art-thérapie et offrir un espace de diffusion de leurs œuvres », détaille la journaliste en quête de 38 785 500 francs Cfa pour la réalisation effective du projet. « Nous avons néanmoins déjà commencé à travailler sur le terrain depuis le 3 décembre. Le projet s’étend sur un an », a souligné la journaliste.
Dj et beatmaker, Otse Mbida Fabrice alias Skruim amènera les enfants à découvrir la musique autrement avec « Plugin Kids ». « Je suis musicien professionnel et Plugin kids, c’est un programme d’atelier d’éveil créatif par la musique et le numérique. La musique c’est le langage qui brise le plus de barrières de communication et Plugin Kids propose des ateliers de création et de formation musicale. La particularité du projet et que ce n’est pas un cours de musique et cet aspect enlève déjà l’obligation de résultats pour les enfants qui seront moins stressés et plus confiants en eux », explique Skriim qui recherche des financements pour lancer la première édition en mars 2023.
Au-delà de l’aspect création, certains projets visent la mutualisation des compétences artistiques. C’est le cas du festival Partages présenté par Larissa Ndjakomo. « Le festival Partages a été créé en 2020. Le constat est qu’au Cameroun il y a qu’un seul laboratoire de théâtre et quelques institutions qui accompagnent les acteurs du théâtre. Notre objectif est donc d’organiser un festival chaque année qui va s’inscrire dans la durée certes mais qui va surtout développer une synergie de compétences solidaires entre les structures et les plateformes de diffusion existantes », fait savoir la chargée de communication du festival. Avec ses camarades de promotion, un projet commun a été pensé. « Ces quatre mois de formations ont été formidables. Nous sommes officiellement managers. D’autres part avec mes camarades de promotion, nous avons décidé de réaliser une cartographie des événements culturels dans les jours à venir » a conclu Carole Leuwe.
