Evodoula - Mbebe - Ndom

Sinohydro désenclave les bassins agricoles du Centre et du Littoral

Le projet de réhabilitation de cette route longue de 87,3 km (y compris les déviations) qui relie les deux régions du Cameroun a été entièrement réalisé par l’entreprise chinoise Sinohydro.
Ndom. La fin du projet.

Y a-t-il meilleure façon de découvrir un pays que de prendre la route ? Elle nous apprend en effet de fort belles choses sur les lieux et même les gens qui les habitent. Elle nous enrichit. Par cette matinée paisible du 16 juillet 2021, celle qui mène de Leboudi à Okola dans le département de la Lekié, région du Centre, est plutôt peu fréquentée. Entre deux secousses, sur cette route fort dégradée, avec toutefois un lointain souvenir de bitume, on peut admirer le paysage. Des arbres, des champs dans lesquelles s’amusent des bêtes. Sur la route, on croise de temps en temps un paysan qui rejoint ses terres. Mais plus souvent, l’on aperçoit devant leurs maisons, des gens qui vous regardent, toujours un peu surpris et pour qui le passage des véhicules semble toujours être une attraction.

Partant de Yaoundé pour Evodoula donc, l’on emprunte une route qui a quelque peu été maltraitée par le temps et le trafic. Le goudron, à quelques endroits, a disparu sur cette voie qui permet aussi de rallier la région du Littoral, à travers notamment les arrondissements de Nyanon ou Ndom, dans le département de la Sanaga maritime. A Yaoundé, lorsque l’on évoque cette possibilité, l’on fait face immédiatement à une certaine incrédulité. Cette zone du pays est considérée comme difficilement accessible, particulièrement enclavée. Les choses ont pourtant bien changé.

Partis de Yaoundé à 10h, nous arrivons à Evodoula 1h30 plus tard, en suivant une route, comme nous le signalions plus tôt, déjà assez dégradée. Mais tout change à partir d’Evodoula, plus précisément au lieu dit Nkolakok. C’est le point de départ du projet Evodoula. – Mbebe – Ndom, réalisé par l’entreprise chinoise Sinohydro. La végétation qui était déjà bien belle semble l’être davantage. Peut-être un effet de la belle route qui la traverse désormais sur 78,5 km.

Le projet, si l’on considère, en plus du linéaire les petites déviations réalisées à certains endroits, s’étend au total sur 87,3 km.  Il s’agit d’une route à double voie, large de 7m, plus 1,5m de trottoir de chaque côté. 192 dalots ont été réalisés sur tout le projet. Lancé en février 2018, le chantier est aujourd’hui entièrement réalisé.  On n’attend plus que sa réception définitive. La route a été bitumée, la signalisation verticale et horizontale a été faite et l’on peut admirer, tout au long du trajet, les belles bornes kilométriques, tout comme les balises qui brillent encore de leurs fraîches couleurs blanche et rouge. De même que l’on se livre à un véritable cours de géographie en découvrant ces villages qui nous accompagnent dans notre voyage du Centre au Littoral : Nkolakok, Etok, Nkolabang, Nkolseng, Meyos ou encore Nyahoo, Nyambamlan, Nyanon, Log Bikoy, etc.

Finies les secousses, le voyage est désormais des plus paisibles. On aperçoit de temps en temps quelques commerces. Les villageois sont tout aussi curieux que ceux croisés plus tôt. Les maisons sont également pour la plupart de vieilles bicoques, mais on peut affirmer, sans grand risque de se tromper, qu’elles revêtiront bientôt un plus bel aspect. De temps en temps, l’on croise un paysan qui arpente fièrement le beau trottoir neuf. Cette route est pour lui synonyme de grand espoir. En effet, il habite une zone où l’on pratique intensément l’agriculture, mais qui était restée très enclavée. La principale raison de cette route est d’ailleurs d’offrir la possibilité aux agriculteurs de d’acheminer leurs produits.

Le maître d’ouvrage de la route Evodoula – Mbebe – Ndom est le Projet d’investissement et de développement des marchés agricoles (Pidma). Le projet a couté une somme 13,2 milliards de Fcfa TTC financés par un crédit IDA (Banque Mondiale) et le Budget d’Investissement Public (BIP) exercice 2017 du MINEPAT. Cet ouvrage vise le désenclavement des bassins de production agricole dans les régions du Centre et du Littoral. Et toute la végétation que l’on aperçoit tout au long du parcours, toutes ces terres que les populations locales travaillent au quotidien, sont autant de promesses de produits agricoles qui pourront abonder dans les marchés des villes environnantes. Comme une autre façon de décliner le célèbre principe selon lequel quand la route passe le développement suit. Et pour revenir à notre question de départ, il n’y a pas meilleur moyen de découvrir du pays que de prendre la route, mais on le découvre de façon encore plus belle quand la route est belle.

Il importe également de souligner que forte de sa riche expérience dans la réalisation des routes au Cameroun et sur le continent africain en général, Sinohydro se démarque également par le choix de ses technologies qui dans l’essentiel des cas permettent aux bailleurs et en particulier l’Etat du Cameroun de faire des économies substantielles dans la réalisation des travaux routiers. Ce principe a une fois de plus été observé pour la réalisation de la présente route pour laquelle la technique de revêtement de la chaussée en enduit superficiel tri-couche a été adopté. En plus d’assurer une qualité plus que satisfaisante de l’ouvrage construit en zone rurale, elle a également permis d’aboutir à un prix au km de 150 millions de Fcfa, largement inférieure à la moyenne de 300 millions de Fcfa qui faisait du Cameroun l’un des pays africain généralement cité parmi ceux dans lesquels la construction d’ouvrages routiers coûte le plus cher.

 

 

Un matériel haut de gamme

Nyanon. A un peu plus de deux heures de Yaoundé se situe cette commune du département de la Sanaga maritime, présentée autrefois comme particulièrement enclavée. Cette idée d’ailleurs n’a pas quitté tous les esprits. C’est que la route qui y mène, partant de Yaoundé, est toute fraîche. Elle vient d’être réalisée par l’entreprise chinoise Sinohydro. Et c’est d’ailleurs à Nyanon que celle-ci a installé sa base pendant les travaux. Ceux-ci sont aujourd’hui achevée, mais la vie n’a pas pour autant disparu dans l’imposante base construite à Nyanon.

Au cœur de la forêt, une immense clairière a été dégagée. Quelques bâtiments ont été construits. La plupart en matériau provisoire, qui servent d’habitation aux responsables du chantier. Quelques-uns en matériau définitif. L’un d’eux abrite le laboratoire géotechnique. C’est là que les différentes analyses des sols ont été réalisées pendant la réalisation des travaux. Si le travail essentiel s’est fait sur la route, beaucoup s’est également fait à la base-vie, comme le témoigne certaines installations. C’est le cas notamment de la centrale à béton installée sur ce site.

Ici, on peut surtout admirer l’important parc matériel qui a servi à la construction de la route. Des engins de tous genres, tous plus impressionnants les uns que les autres, sont garés dans le vaste camp. Dès l’entrée, on aperçoit des camions-bennes. Au moins une dizaine.  Vingt, plus précisément, nous indique M. Hou, le responsable géotechnique du projet. C’est lui qui, avec Modeste Watjemen, traducteur et responsable des ressources humaines du projet, nous sert de guide.

Si les camions-bennes sont de loin les équipements les plus nombreux sur le site, d’autres équipements brillent par leur utilité. C’est le cas notamment des excavateurs, qui ont servi à creuser et à décaper la terre. Six ont été utilisés pour le projet Evodoula – Mbebe – Ndom, tout comme cinq niveleuses, deux Bull, quatre citernes d’arrosage, une repasseuse de béton, trois toupies à béton, six pelles chargeuses, un porte-char, des gravillonneurs, etc. Ainsi que des pick-up et autres petits véhicules pour les déplacements.

Tout ce matériel a été acquis et mobilisé essentiellement pour le chantier d’Evodoula à Ndom. « En général, chaque projet a ses propres équipements », nous confie M. Hou. Toutefois, du fait de leur présence en ce moment au Cameroun et vu que le projet pour lequel ils ont été acquis est achevé, ils sont dès lors prêts à servir pour d’autres projets sur le territoire camerounais.

 

Quatre projets d’envergure

 

Avant Evodoula – Mbebe – Ndom, l’entreprise Sinohydro s’est illustrée par d’autres importants chantiers routiers au Cameroun.

 

Mintom-Lélé  (67, 5 km)

Les travaux d’aménagement de la route Mintom-Lélé, sur le corridor Cameroun – Congo, ont commencé en avril 2017 et étaient prévus pour durer 36 mois. Ils ont été achevés en avril 2020. Il s’agissait d’un contrat d’un coût global de 35,6 milliards de Fcfa. Le projet a mobilisé en termes de matériel 51 camions, 4 bulldozers, une centrale à bitume, une centrale à béton, une centrale de concassage et bien d’autres. Le tout évalué à une vingtaine de milliards de Fcfa.

 

Yoko – Lena (44,9 km)

Le projet Yoko-Lena est l’un des lots de la route Ntui – Tibati. Il est le premier à avoir été achevé. Le projet a été financé à hauteur de 19,61 milliards de FCFA : 88% par la Banque africaine de développement (Bad) et 12% par l’État du Cameroun. Il a démarré le 8 février 2017 et s’est achevé le 16 octobre 2019 et a fait l’objet d’une réception provisoire le 19 février 2020. Il consistait en la construction de 44,9 km de route, d’une largeur de 7m de largeur, avec deux accotements d’1,50m de part et d’autre. « L’entreprise ayant montré des performances à la satisfaction du maître d’ouvrage, celui-ci lui a confié des travaux supplémentaires d’une longueur globale de 25, 6 km (tronçon Yoko – Meteing), soit 20 km sur l’axe principal de la RN 15 et 5,6 km de voirie dans la ville de Yoko », indiquait Florent Medoua Bella, le chef de la mission de contrôle. Comme beaucoup de ses projets déjà réalisés, l’entreprise Sinohydro a mobilisé pour la réalisation de la présente route un matériel de pointe pour l’essentiel âgé de moins de 5 ans et dont un bon nombre a été acquis pour l’occasion. Parmi ces équipements, l’on dénombre entre autre 35 camions benne, 05 bulldozers, 06 nivelleuses, 07 excavateurs, 01 tracteur, 08 chargeurs, 02 camions grue, 02 toupies…. Tandis qu’une partie de ce matériel est actuellement utilisée pour l’exécution des travaux sur le tronçon Yoko-Meteing, une quantité non négligeable reste stationnée dans le parc automobile de l’entreprise et est prête à être déployée partout à travers le triangle national au besoin.

 

Tonga – Kalong (67 km)

La route Tonga – Kalong est l’un des lots du projet de réhabilitation de la route nationale n°4 : Yaoundé – Bafoussam – Babadjou. Long de 67 km, ce projet a un coût total de 34 150 031 421 Fcfa toutes taxes comprises. Il a été financé à hauteur de 95% par la Banque africaine de Développement (Bad) et 5% par l’Etat du Cameroun. Les travaux démarrés en octobre 2017 sont devraient s’achever au mois de novembre 2021. De même, il importe de souligner que dans le cadre de ce projet, l’entreprise Sinohydro a fait preuve d’audace technologique en étant la toute première entreprise de BTP au Cameroun à utiliser la géogrille anti-fissure, déroulée entre la couche de base et la couche de roulement, faisant de l’ouvrage une particularité au Cameroun.

En termes d’équipement, l’entreprise Sinohydro n’a également pas lésiné sur les moyens. Dans le cadre de ce projet, elle a mobilisé entre autres 03 bulldozers, 03 excavateurs à chenilles, 03 pelles chargeuses, 27 camions benne (20T&30T), 03 camions grue, 03 camions toupie, 02 épandeuses de bitume… Comme pour tous les autres projets à sa charge, une fois le présent projet achevé, tout ce matériel sera disponible pour déploiement immédiat sur tout autre projet confié à l’entreprise au Cameroun.

Jules Romuald Nkonlak

Author: Jules Romuald Nkonlak

Né le 29 janvier 1978 à Bafoussam, Jules Romuald Nkonlak est journaliste, diplômé de la 31e promotion de l’Ecole supérieure des sciences et techniques de l’information et de la communication (Esstic) en 2003. Il a commencé sa carrière au quotidien Mutations qu’il a quitté en 2007, l’année de la création du quotidien Le Jour. Rédacteur en chef adjoint au départ, il a été nommé rédacteur en chef en 2011.

Jules Romuald Nkonlak

Né le 29 janvier 1978 à Bafoussam, Jules Romuald Nkonlak est journaliste, diplômé de la 31e promotion de l’Ecole supérieure des sciences et techniques de l’information et de la communication (Esstic) en 2003. Il a commencé sa carrière au quotidien Mutations qu’il a quitté en 2007, l’année de la création du quotidien Le Jour. Rédacteur en chef adjoint au départ, il a été nommé rédacteur en chef en 2011.


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    Né le 29 janvier 1978 à Bafoussam, Jules Romuald Nkonlak est journaliste, diplômé de la 31e promotion de l’Ecole supérieure des sciences et techniques de l’information et de la communication (Esstic) en 2003. Il a commencé sa carrière au quotidien Mutations qu’il a quitté en 2007, l’année de la création du quotidien Le Jour. Rédacteur en chef adjoint au départ, il a été nommé rédacteur en chef en 2011.