la rédaction
Le partenaire technique et financier a arrêté les décaissements dédiés au tronçon Ntui-Ndjole (60 km) pour non-respect des normes sociales et environnementales.
La Banque africaine de développement (Bad), partenaire du Cameroun pour la construction de la route nationale No15 (Batchenga-Tibati), a décidé de suspendre les décaissements au profit du lot comprenant le tronçon Ntui-Ndjole (60 km) et l’aménagement de 73 km de routes communales. L’entreprise China Railway 20 a été notifiée le 18 avril 2024. Depuis, les travaux sont suspendus sur le terrain. Les seules interventions encore permises portent sur le maintien de la circulation sur les routes communales et sur la protection des travaux déjà effectués sur la route nationale No15.
Le rapport de la situation a été fait lors de la première revue des projets routiers de l’année, tenue les 18 et 19 avril 2024 sous la présidence du ministre des Travaux publics, Emmanuel Nganou Djoumessi. Sur le chantier du lot Ntui Ndjole, plusieurs évènements ont conduit la Bad non seulement à suspendre ses décaissements, mais aussi à faire suspendre les travaux jusqu’à nouvel ordre. Il y a quelques semaines, un accident a coûté la vie à un ouvrier sur le site. Il s’agit du dernier incident dans un climat social qui s’est dégradé au fil des mois. L’entreprise est accusée d’avoir procédé à des licenciements abusifs. Dans sa décision, la Bad relève aussi le non-respect des obligations et prescriptions environnementales. « Une suspension comme celle-là n’est pas arbitraire. Elle intervient après plusieurs mises en garde et observations. Il faut dire que depuis le début des travaux, plusieurs incidents se sont produits, relatifs à la sécurité du personnel, aux grèves faisant état de la situation contractuelle des employés », explique la cheffe de la cellule de la communication du ministère des Travaux Publics (Mintp), Corinne Esse.
Elle ajoute que l’entreprise China Railway 20 n’a pas respecté le cahier des charges relatif au Plan de gestion environnementale et sociale (Pges). « Si l’entreprise a amélioré certains aspects, d’autres sont restés sans réponse », précise Mme Esse. L’incident de trop a été la mort d’un ouvrier sur le chantier. « L’accident a permis d’ouvrir une enquête et d’identifier les causes. D’où la suspension de l’entreprise », fait savoir sous anonymat un ingénieur du projet. L’état de mobilisation du personnel est révélateur du climat social. Les effectifs ont diminué de 69 personnes en raison de 17 démissions et de 52 licenciements. Le statut du personnel clé laisse apparaître plusieurs remplacements des titulaires. Par exemple le directeur du projet, l’ingénieur terrassement, l’ingénieur ouvrage, l’ingénieur géotechnicien, l’ingénieur topographe, l’ingénieur qualité ou encore le responsable environnent. Un seul poste est occupé par le titulaire : le responsable sécurité. Malgré le climat social instable, l’évolution des travaux est jugée appréciable. S’agissant de l’exécution physique, le taux d’avancement des travaux est estimé à 58%, sachant que le lot en question comprend la construction de 60 km sur la route nationale No15 et l’aménagement de 73 km de routes communales.
Au cours de la première revue des projets routiers de l’année, le ministre des Travaux publics, Emmanuel Nganou Djoumessi, a prescrit à l’entreprise China Railway deux mesures principales à prendre : le recrutement d’un expert des questions sécuritaires sur le chantier et la contractualisation sans délai de tout le personnel. La suspension sera levée lorsque l’entreprise aura corrigé ce qui lui est reproché, à savoir la régularisation de son personnel ainsi que le respect du Plan de gestion environnemental et social (Pges). Le projet bénéficie d’une enveloppe de 29 milliards 710 millions Fcfa TTC pour la construction du tronçon Ntui-Ndjole (60 km) sur la route nationale No15 et l’aménagement de 73 km de routes communales. Avec la suspension de l’entreprise, le chantier accuse naturellement un retard.
Assongmo Necdem
