Le regard fixé sur son enseignante, Queen Njie à Ngon écoute avec attention les derniers conseils qu’elle prodigue. Nous sommes le lundi 05 juin 2023 au Complexe scolaire bilingue notre dame du Mont Carmel à Obala. Le lendemain (mardi 06 juin), l’écolière ira affronter les épreuves du First school leaving certificate équivalent du Cep pour le système francophone. Dans sa tenue verte et jaune, ajustée d’une paire de tennis, celle qui quelques jours plus tôt à remporter avec maestria le Bao d’or du concours national de lecture à haute voix section anglophone se fond au milieu de ses camarades. D’un air timide, elle ignore les lumières des caméras braquées sur elle. La petite fille de 9 ans ne se fait pourtant pas prier pour démontrer son talent à travers quelques secondes de lecture. Les réponses lors de son interview laisse pantois plus d’un. « En plus de bien lire, elle a une belle main d’écriture », commentent quelques visiteurs.
‘’Queen à l’honneur’’
Le succès de la petite Queen découle d’un parcours exceptionnel et d’une discipline acquise dès la petite enfance. « Elle a été inscrite à la crèche à l’âge de 3 mois puisqu’il fallait que je vaque à mes occupations. Elle a très vite parlé. À 8 mois déjà, elle articulait très bien », témoigne sa mère Germaine Nicole Nwalal. De parents francophones, Queen décide à la Maternelle d’intégrer la section anglophone. Sa génitrice raconte : « Au départ, je me dis, elle va faire la session bilingue plus tard, mais je l’inscris déjà chez les francophones. Elle est allée le premier jour. A son retour, elle me fait comprendre qu’elle ne veut pas y rester. Qu’elle ne peut pas lire comme nous écrivons en collant les lettres. Je veux écrire comme j’écrivais chez Aunty Winnie, donc, chez les anglophones. Son deuxième jour de classe ne s’est pas bien passé. Le 3ème jour, elle a quitté d’elle-même sa classe pour la maternelle anglophone. J’ai fini par la laisser dans cette salle de classe. » Elle fait des prouesses dès la crèche. « Elle était présente dans tout ce qui est récitation, sketch, poèmes », se rappelle sa mère.
La « mère » de la maison
Queen Njié à Ngon se distingue par une vie disciplinée. Dans sa famille, on la surnomme « la mère de la maison ». Seule fille d’une fratrie de trois, elle seconde sa mère dans les tâches domestiques et l’organisation de la vie de la famille. Tenez par exemple, c’est elle qui donne le ton de la prière matinale. « Lorsque je traine à me lever, la petite se met à chanter des cantiques, ensuite, elle aide son cadet à prendre sa douche. Je lui dis souvent : ‘’saches que tu es un enfant, reste à ta place.» Pour son grand frère Jephté, Queen est respectueuse. Elle sollicite son aide lorsqu’elle rencontre des difficultés. Il se réjouit d’avoir aidé sa cadette à préparer le concours des ‘’futurs Bao’’. « On faisait les répétitions ensemble. Je lui disais ce qu’elle doit faire ou pas. Je suis content pour elle, c’est une brave fille », déclare-t-il tout joyeux.
Queen Njié à Ngon rêve de devenir astronaute mais en attendant elle s’adonne à la lecture. Le Bao d’or livre son secret : « Le matin, lorsque je viens à l’école, c’est la routine pour ce qui concerne la lecture. À la maison, je m’entraîne avec ma mère. Et à l’école, je montre à mon enseignante ce que j’ai fait. » Une technique qui a conduit à son sacre le 31 mai dernier à Yaoundé au cours de la deuxième édition du concours national de lecture à voix haute.