Samuel Eto’o – Assemblée générale de 2009.

Que vaut la réunion réconciliation d’hier ?

Des résolutions annonçant l’apaisement ont été prises par les parties au cours de la rencontre de ce 24 février 2022 à Yaoundé.
Yaoundé, le 24 février 2022. Les membres de l'AG de 2009 en compagnie de Samuel Eto'o à l'issue de la réunion d'apaisement

Il y avait du monde hier, 24 février 2022 à l’hôtel Mont Fébé de Yaoundé, dans l’une des salles de réunion. Il y avait une soixantaine de personnes, dont 44, selon le pointage fait à l’appel par Benjamin Didier Banlock, le secrétaire général de la Fécafoot, présents sur la liste des 76 membres de l’Assemblée générale de 2009. Ils répondaient à une invitation de Samuel Eto’o Fils. « Le président de la Fédération camerounaise de football, monsieur Samuel Eto’o Fils, porte à la connaissance de l’opinion publique ainsi que de la communauté sportive nationale qu’il rencontrera au cours d’une assise les membres issus de l’Assemblée générale de la Fécafoot de 2009 à Yaoundé le jeudi 24 février 2022 à 15h au Mont Fébé Hôtel. Cette concertation rentre dans le cadre des engagements pris en vue de parvenir à la réconciliation et à l’apaisement de la famille du football camerounais », écrivait-il le 22 février dernier. L’on a très vite compris le sens de la rencontre qui devait se tenir hier. Elle était très attendue et surtout ce qui devait en ressortir.

Après un discours poignant de Samuel Eto’o, les débats ont été ouverts, avant une pause qui s’est imposée. Parmi les 44 membres de l’Assemblée générale de 2009 sur 76, il y avait ceux qui avaient émis des mandats irrévocables ayant permis d’introduire une requête en annulation des résolutions de l’Assemblée générale du 13 juillet 2021 dont celle concernant l’adoption des textes sur la base desquels le processus électoral qui a connu la victoire de Samuel Eto’o, le 11 décembre 2021. Et il y avait ceux qui ne s’étaient pas engagés dans la procédure d’annulation. Il a fallu alors près d’une heure de huis-clos entre ceux qu’on a appelé « les dissidents ». Puis, la séance a pu reprendre pour aboutir à des résolutions, lues par Faustin Mbida Mbida, l’un des porte-parole désigné.

« Les membres de l’Assemblée générale de 2009 ont décidé de se désister de toutes les procédures pendantes devant les juridictions nationales et internationales. Ils acceptent en outre le procès-verbal de la présente concertation ainsi que le communiqué final signé des mandataires désignés et qu’ils soient produit devant les juridictions susvisées pour servir et valoir ce que de droit », indiquait la 3ème résolution, sur les quatre prises.

« Les membres de l’Assemblée générale de 2009 ont décidé d’accompagner le président Samuel Eto’o Fils, dans sa politique d’apaisement, de réconciliation et de réforme du football camerounais. Ils prennent en conséquence acte et reconnaissent la victoire de monsieur Samuel Eto’o Fils à l’issue de l’Assemblée élective tenue le 11 décembre 2021 ; monsieur Faustin Blaise Mbida Mbida et monsieur Boudjiko Youkeka Pierre ont été désignés mandataires et porte-parole des membres de l’Assemblée générale de 2009 ; (…) le président de la Fédération camerounaise de football s’engage à consulter les Commissions juridictionnelles sur les cas de suspensions de certains membres de l’Assemblée générale de 2009 issues de différentes joutes électorales ». Telles sont les autres résolutions.

Des mandats irrévocables pour la procédure au Tas

Tout le monde a salué ces résolutions prises. Sauf que des zones d’ombres persistent quant à la valeur de cette réconciliation et cet apaisement. Que pensent ceux des membres de cette Assemblée générale de 2009, qui étaient absents à cette rencontre d’hier ? « Le discours de Samuel Eto’o a été magnifique. Il s’est montré très humble. L’attitude qu’on attend de lui. Sauf que les résolutions prises se placent à l’opposé de ce que prône Eto’o. Une réunion de concertation et d’apaisement ne peut pas se transformer en Assemblée générale, avec des résolutions », nous a confié un des membres de cette AG de 2009, que nous avons joint au téléphone. Il y a lieu de noter que pour saisir le Tribunal arbitral du Sport (Tas), 44 membres avaient donné des mandats irrévocables à leurs mandataires, que sont leurs avocats. N’ayant pas pu joindre l’un des conseils des membres de l’AG de 2009, un autre juriste, a pu donner cette analyse. « Le fait que certains qui avaient donné des mandats irrévocables se désistent, n’a aucune incidence, si on est devant un tribunal normal. Même si 43 se désistent et qu’il reste une seule personne, la procédure va continuer. C’était déjà le cas pour la sentence du Tas du 15 janvier 2021, qui avait annulé l’élection de Seidou Mbombo Njoya. Certaines personnes s’étaient lassées et s’étaient désistées. Là, c’était même juste des procurations et des mandats. Or, pour le cas d’espèce, il s’agit des mandats irrévocables. Ça veut dire que moi-même qui émet ce mandat, je ne saurais le dénoncer », nous a-t-on expliqué.

Si l’on considère certains arguments, l’on risque de ne pas aboutir à l’apaisement tant recherchée par Samuel Eto’o. Il faut bien que le document signé des parties hier, puisse alors être pris en compte par la Tas. Sinon, on risque de revenir à la case départ. 

 

« Mettons la paix dans notre famille »

Samuel Eto’o, président de la Fécafoot

(…) Chers parents, chers coéquipiers, nous nous sommes trop battus, parce que nous ne sous sommes pas donnés la chance d’échanger, discuter. Je viens chercher la paix dans notre grande famille. La paix, elle est beaucoup plus puissante que la guerre. ET quand il y a guerre, il y a beaucoup plus d’intérêts. Les gens gagnent beaucoup plus quand il y a la guerre. Je vous prie chers parents. Je vous prie. Nous nous sommes tous battus, parce que je suis aussi de 2009. Pour certains qui connaissent l’histoire, j’ai accompagné 2009 et bien accompagné 2009, parce que je croyais en ce changement, parce que je voulais ce changement. Aujourd’hui chers parents, cette maison, la Fédération camerounaise de football, nous pouvons faire d’elle ce que nous voulons. Elle nous appartient tous. Tous, chers parents. Mais, elle nous appartient, parce que nous avons une jeunesse, qui nous regarde ; parce que nous avons 27 millions de Camerounais qui pensent que nous ne savons pas nous parler. Chers parents, votre fils que je suis, vous demande humblement : dialoguons. Je ne vois pas ce qui peut nous séparer. Les coéquipiers se battent parfois. Mais, ils ont quelque chose en commun. C’est qu’après, ils sortent dans le stade et ils vont gagner le match. Le devoir nous appelle, chers parents. Mettons la paix dans notre famille. Et montrons aux Camerounais que le football est notre bien le plus précieux. C’est la seule chose qui nous met d’accord. Mais, nous savons aussi que c’est la seule chose qui peut créer une bagarre que personne ne peut stopper. Moi, très jeune déjà, je voyais certains se battre et je ne comprenais pas pourquoi. Joueur, les mêmes bagarres. Aujourd’hui, j’arrive comme dirigeant, nous nous bagarrons toujours.

Chers parents, je me mets à genou et je vous demande pardon. Je vous prie de donner une opportunité à notre football. Je vous prie de venir dans cette maison et qu’ensemble, même ceux qui n’ont pas pu être là aujourd’hui, nous avons tous une place dans cette maison. Tous, c’est la nôtre. Il n’y a pas quelqu’un qui est plus légitime que l’autre dans cette maison. Je ne crois pas en ça. Je vous prie de venir et qu’ensemble, nous construisons le football du Cameroun.

Je ne veux pas me jeter les fleurs. Mais, vous savez que le fils que je suis, personne ne peut me dire d’aller à gauche, si ce n’est pas bon pour nous, les footballeurs. Personne ne peut me dire d’aller à droite, si ce n’est pas bon pour notre maison. Il n’y a que vous, qui pouvez me dire : monsieur, vous allez à gauche, parce que c’est vous les patrons.

Mes mamans qui sont dans la salle, s’il vous plaît, touchez les cœurs de mes parents qui sont là. Nous nous sommes trop battus. Nous avons donné un spectacle qui n’est pas à la hauteur de l’histoire que nous avons écrite. L’opportunité s’offre à nous. Alors, je vous prie, chers parents. Aujourd’hui ou pour quelques jours encore, j’aurais la possibilité de signer. Ce que vous allez me dire de faire, c’est ce que je ferai. Pourvu qu’on sorte d’ici et qu’on donne l’opportunité à notre jeunesse de jouer sereinement.

Ces derniers jours, j’ai été un peu triste. Mais, ça fait partie de la vie de voir que ceux qui vous ont humiliés hier, viennent et veulent être vos meilleurs amis, juste parce qu’ils veulent faire tomber l’un des vôtres, en pensant que je n’allais pas avoir l’opportunité de parler devant vous. Je suis ouvert. Toute vérité est bonne à dire. Je répondrai à toutes les questions. Je n’ai rien à cacher. Je suis comme ça. Un jour, je vais partir de ce monde. Mais, je partirai debout comme un homme.

Une fois de plus chers parents, je vous demande pardon pour toutes les humiliations que vous avez pu subir, pendant ces 22 dernières années. C’est une nouvelle fédération. Quand je suis allé chercher ce mandat, j’ai un de mes frères que j’estime, qui n’est pas dans cette salle. Et c’est avec le cœur lourd que je ne le vois pas, parce qu’on a combattu ensemble. Et je ne veux pas le perdre ; et je ne vais pas le perdre. Il (Abdouraman Hamadou, ndlr) m’a dit : Samuel, je ne t’ai jamais menti ; je ne te mentirai jamais ; ne pars pas. Ils vont te battre. Je suis ai dit : frère, je les ai déjà battus ; ils ne le savent pas. Le premier message que j’ai reçu dans cette salle, c’était son message. Il m’a dit : incroyable frère, ce que tu viens de faire ! Mais, je l’ai fait pour nous. Pour notre famille. Loin des histoires politiques. Nous les footballeurs, on nous a toujours traités comme des vaut-rien. C’est notre mandat. C’est le mandat de notre famille. Nous allons gérer ce football, si nous le voulons. Si nous ne le voulons pas, nous allons laisser ou donner l’occasion à toutes ces personnes qui ne nous respectent pas, la possibilité de dire des énormités sur nous. C’est à nous de décider, chers parents. Moi, je vous dis : si vous me demandez de me coucher, je vais me coucher. Mais, pourvu que nous sortons d’ici et que le football camerounais se joue dans les stades. Pas à Zurich, pas au Caire où nous n’avons pas des intérêts. Nos intérêts sont ici au Cameroun, où nos enfants doivent jouer sereinement ; où nos enfants doivent être bien payés ; où je souhaite voir des stades pleins. C’est ce que je suis venu vous demander chers parents. Je ne vais pas être long. Peut-être que j’ai offensé certains d’entre vous ici un jour, je ne sais pas, je profite aussi pour demander pardon, si je l’ai fait. Mais, je nourris ce grand rêve, de voir cette fédération, là où elle doit être. Mais ça, c’est vous qui allez décider, chers parents. Merci encore !

 

Achille Chountsa

Author: Achille Chountsa

Passionné de sports et du travail bien fait

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