Dans le but de rendre le pain doré et d’attirer les consommateurs, certains boulangers utilisent illégalement et dangereusement du bromate de potassium. En apparence, cela permet également d’augmenter le poids du produit, pour respecter ainsi les normes requises. « Et se faire du bénéfice », trahit un ancien boulanger. Cependant, ces boulangers mettent en circulation des pains sans certificats de conformité, en méprisant les exigences légales et réglementaires. Le directeur général de l’Agence des normes et de la qualité (Anor), Charles Booto à Ngon, a exprimé ses regrets concernant ces pratiques dans un communiqué rendu public le 19 septembre 2023. Ce phénomène, bien qu’ancien, est en recrudescence et c’est dans le processus d’évaluation de la conformité que l’Anor, grâce à ses laboratoires partenaires, analyse les paramètres exigés par la norme, notamment le test de détection du bromate de potassium.
« Les boulangeries clandestines et tricherie »
Le chef de la division communication, de la promotion et de l’accompagnement de l’Anor, Luc Claude Mamba, a affirmé au micro de Crtv News : « Le combat contre le bromate de potassium ne date pas d’aujourd’hui. Depuis 2003, la norme sur le pain est élaborée au niveau de l’Agence des normes et de la qualité, mais les récentes enquêtes menées sur le terrain par l’Anor révèlent que de nombreux boulangers continuent d’utiliser cette substance et que, d’autre part, il existe dans le secteur des boulangeries clandestines qui échappent à toutes réglementations ». « De nombreuses boulangeries ne certifient pas leurs pains. Même celles qui sont certifiées trichent parfois après l’obtention du certificat de conformité. En même temps, il faut préciser que c’est dans la nuit que le pic de production du pain est atteint et échappe le plus souvent aux contrôles qui s’effectuent aux heures réglementaires. Lors de nos missions de contrôle qualité sur le terrain, nous menons nos enquêtes et découvrons les contrevenants », affirme une autre source à l’Anor.
C’est pourquoi le directeur général de l’Anor rappelle aux boulangers l’interdiction d’utiliser le bromate de potassium dans la fabrication du pain. Cette interdiction est officialisée par le ministère des Mines, de l’Industrie et du Développement technologique (Minmidt) dans les arrêtés du 11 mars 2009 et du 6 janvier 2000, ainsi que par la circulaire du 17 janvier 2000. « Passé ces trente jours de sensibilisation, la réglementation en vigueur sera appliquée aux acteurs qui ne respectent pas les normes d’application obligatoire, y compris toutes les boulangeries clandestines », assure le chef de la division communication de la promotion et de l’accompagnement de l’Anor. Selon les experts de la norme, le bromate de potassium ne touche pas seulement le pain blanc, mais également le pain complet, le pain aux céréales, la brioche et même la pâte à pizza.
Détournement des produits chimiques
Le directeur général de l’Anor déplore également une autre pratique consistant à détourner certains produits chimiques de leur usage initial, mettant ainsi en danger la santé des consommateurs. Toujours dans le cadre du respect des règles en matière de sécurité alimentaire et d’assainissement, en préparation des opérations de contrôle qui seront menées sur le terrain, le directeur général de l’Anor interpelle les promoteurs des industries de transformation de l’huile de palme, à respecter strictement les normes homologuées dans ce secteur d’activité parce qu’explique-t-il : « La prolifération sur le marché des huiles en vrac, le non-respect des normes en vigueur dans le secteur ainsi que la difficulté de tracer les productions écoulées sur le marché camerounais exposent les consommateurs à des risques sanitaires graves ».