Nous voici donc rendus au crépuscule d’un épisode quadragénaire qui, comme la vie, a son début et aura sa fin. J’évoque une période qui s’est obscurcie au fur et à mesure que les boussoles régissant notre cité commune se sont déréglées, les unes après les autres. Au fil des ans, le tordu a pris la place du droit, le vice s’est érigé en vertu, et l’espoir a cédé à la résignation.
Nous avons appris à vivre avec un chef distant, souvent absent, toujours insondable et l’objet de bien des conjectures. Sa volonté, à défaut d’être exprimée, occupe à plein temps des « experts » de la pensée présidentielle qu’ils interprètent, tels des oracles, à longueur d’ouvrages ou sur les plateaux de télévision. Le paradoxe peut donc surprendre : l’affection manifestée par un pan considérable de la population envers son président est indéniable – et peu influencée par l’appréciation souvent négative de sa politique et de l’état du pays. Combien de Camerounais approuvent les opérations commando visant à humilier, voire agresser physiquement le chef de l’Etat Lire la suite.