Le village Nka dans le groupement Fokoué est orphelin de son chef depuis trois ans. Après le décès d’Alain Luciano Medoug Kemgang en 2020, les populations de ce village ( avec une chefferie de 3ème degré) attendent impatiemment l’organisation des obsèques officielles de leur chef. Un processus qui doit aboutir au choix du nouveau guide de cette localité de l’arrondissement de Fokoué. Les dernières volontés du défunt, généralement contenues dans son testament, confiées à ses « amis intimes » et/ou aux dépositaires testamentaires. Malheureusement, cette procédure de succession reste jusqu’ici bloquée. Selon les affirmations de certains membres de la famille royale, la non-organisation des obsèques officielles de leur père est liée aux manœuvres de manipulation des prescriptions du défunt. Face au vide créé pendant trois années, la famille est aujourd’hui divisée. Et la lutte pour le trône est engagée par deux camps qui n’arrivent pas à s’accorder.
Dans le but de trouver une issue à cette affaire, des consultations organisées par le sous-préfet de Fokoué en présence de quelques membres de la famille et un notable ont conduit à la désignation d’un chef. Ces consultations sont aujourd’hui dénoncées par d’autres membres de la famille royale. Ils disent n’avoir pas été associés à ces assises. En même temps, ce camp remet en cause la légitimité des initiateurs et organisateurs de ces consultations. Car, selon eux, il faut passer par les obsèques officielles du disparu avant tout autre processus devant aboutir à la désignation d’un nouveau chef. Et par la suite, le conseil de famille devrait confirmer acte public, qui précède la présentation officielle du chef aux populations. A l’issue des consultations organisées le 22 mai dernier, le jeune Landry Lemogo Medoug est présenté comme le successeur à son défunt père. Âgé de 9 ans, la régence à la tête de cette chefferie est confiée à Lucas Ngomseu, adjoint au défunt chef.
De cette désignation est née une forte contestation. Car selon les autres fils et filles, tout s’est passé au détriment du respect des us et coutumes de cette localité du département de la Menoua. Des 15 notables de la cour royale, un seul a pris part aux consultations en absence de 90% de la progéniture du chef, si l’on s’en tient aux propos d’Alexis Pokem, porte-parole de la famille royale. Sa désignation à cet effet est consignée dans le procès-verbal de famille du 4 mars 2023. Il dénonce par ailleurs l’absence des épouses de son père à ces consultations et surtout l’imposture orchestrée par le chef supérieur Bamengwou. Selon lui, Sa majesté Victor Ngueko est déterminé à mettre le grappin sur la chefferie Nka et ses biens.
Certains dignitaires interrogés tentent de comprendre les tenants et les aboutissants de la désignation du chef alors que la validation du programme de ses obsèques officielles reste jusqu’ici sans réponse favorable auprès des autorités. À Nka, chefferie de 3ème selon son homologation du 26 juillet 1996, un bras de fer est ouvert entre la famille royale divisée en deux camps. Le ministre de l’Administration territoriale saisie par le porte-parole de a famille à la suite de la « vacance tumultueuse » à la tête de chefferie Nka a, dans sa réponse invité ce dernier à se rapprocher du préfet de la Menoua, selon les dires d’Alexis Pokem afin de trouver une solution à cette situation. Il a précisé qu’avec l’autorité administrative, les obsèques du défunt chef Nka sont projetées pour le mois de juillet prochain. Et ce n’est qu’à la suite de ces cérémonies d’hommage au disparu que le « premier ministre de la cour royale Nka » pourra procéder au choix de celui qui va présider aux destinées de ce village resté orphelin de son chef depuis 2020.