« Il faut cesser d’instrumentaliser la chefferie », Fô Sokoudjou

A l'ouverture du colloque célébrant ses 70 ans de règne, le chef supérieur du groupement Bamendjou n'a pas caché ses regrets. Près d’une centaine d’universitaires et d’hommes de culture se sont exprimés sur la place de la chefferie traditionnelle dans les sociétés modernes.
Colloque

 

Comment les chefferies traditionnelles peuvent-elles contribuer efficacement, à partir des solutions endogènes d’origine africaine, à la prévention des conflits, à la construction d’une paix durable et à la consolidation d’un Etat de droit au Cameroun ? Telle est la problématique d’un colloque de deux jours, qui a réuni au Mont Saint Jean de Bafoussam, plusieurs dizaines d’universitaires et d’intellectuels préoccupés par les questions de gestion des conflits, de paix et de sécurité en Afrique. Cet espace d’échanges, de débat ouvert et des propositions concrètes, a été initié par le Centre d’études et de formation sur le développement, la démocratie et la paix en Afrique (Cefodep), à l’occasion de la célébration des 70 ans de règne de S.M. Sokoudjou Chendjou II Jean Rameau, chef supérieur du groupement Bamendjou, dans les Hauts Plateaux, pour rompre avec le cycle folklorique des célébrations traditionnelles. Adrey Epente Tazeu, le Secrétaire général des services du gouverneur de l’Ouest qui représentait son patron à l’ouverture, a d’ailleurs reconnu que c’est la première fois que dans son carrière d’administrateur, il assiste à une célébration touchant les chefferies, où on ne danse pas, ne boit et ne mange pas.

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Placé sous le co-parrainage de l’Université de Dschang et de l’Université des Montagnes, la rencontre pluridisciplinaire a permis de déblayer le terrain, pour des lendemains plus paisibles. A l’ouverture, Fô Sokoudjou, ce monarque bamiléké bien introduit dans la culture béti comme on a pu le voir avec d’autres phases de la célébration, a regretté les changements intervenus dans l’institution qu’il incarne à merveille. « En regardant 70 ans en arrière, il n’y a pas eu que des moments difficiles que j’ai traversés. Mais j’ai des regrets. Il y a 70 ans, sur beaucoup d’aspects, il y avait la paix, il faisait bon vivre. Nous avons vécu dans cette ville de Bafoussam sans qu’on parle de crime ou de vol. Quelqu’un perdait sa chèvre, on la ramenait chez le propriétaire, longtemps après parfois qu’elle a mis bas. Aujourd’hui, les choses ont changé en mal : on ne sait plus où on va. Partout en Afrique, c’est le désordre, c’est la guerre, même au Cameroun ». En cause selon lui, « le non-respect de nos institutions traditionnelles. Nous avons été instrumentalisés contre nous-mêmes ». C’est pourquoi « pour vivre en paix, il faut revenir à ces institutions. Revenons aux enseignements de nos cultures. Les institutions traditionnelles sont démocratiques et porteuses de valeurs qui peuvent orienter les jeunes générations. N’embrassons plus aveuglement ce que les Blancs nous proposent. Les institutions traditionnelles peuvent enseigner la voie de la paix et de la vie en harmonie. Pour cela, il faut cesser d’instrumentaliser la chefferie Lire la suite

Franklin Kamtche


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