Elsa Kane
Mengong est une ville carrefour à 30 km d’Ebolowa et à 90 km de Sangmelima. C’est aussi un arrondissement riche de 49 villages où les populations vivent de l’agriculture, du petit commerce et de l’ élevage.Mais Mengong aspire à mieux et mise sur l’art et la culture pour impulser son développement. C’ est pourquoi s’ y tient depuis l’ an dernier, le festival » Bia so Mengong », un projet socio-culturel initié par le couple Steve Félix et Mireille Gracia Belinga, fondateurs de la Fondation Belinga. La deuxième édition de ce festival se prépare. Les populations rurales auront droit à 15 jours de festivités a indiqué Dania Ebongue, brand manager de la Fondation Belinga lors d’une conférence de presse le 20 juin à Ebolowa.
Dans la capitale du département de la Mvila, plusieurs affiches placardées ça et là annoncent déjà le festival. Selon Joseph Mfou’ou Samba, membre du comité d’organisation, ce sera une fête populaire grâce aussi à la participation active de plusieurs élites de la région du Sud. Notamment du Gouvernement de la région. » L’union fait la force » est d’ailleurs le thème de cette édition 2023. Quatre types d’activités vont marquer le festival » Bia so Mengong » du 15 au 29 juillet. Les activités culturelles, artistiques, patrimoniales et sportives. Sur le plan artistique, une exposition d’œuvres d’art permettra de valoriser le savoir-faire des artisans de Mengong dans le domaine de la vannerie, du tissage entre autres.
Des animations, des concerts d’artistes locaux et nationaux sont prévus. Koppo, Sanzy Viany, John Du chant, Lucky+2, Kristel Elektra et OB Jazz ont déjà confirmé leur présence à Mengong. Très pratiqué dans la région du Sud qui fut l’une des portes d’entrée du christianisme évangéliste au Cameroun, le chant choral sera aussi à l’honneur. « Nous aurons un concours gospel, celui du du meilleur vigneron, le concours du meilleur joueur de Songo’o et bien d’autres concours que nous sommes en train de voir comment insérer dans le programme», explique Joseph Mfou’ou Samba.
La femme rurale et la jeune fille n’ont pas été oubliées. Elles seront au cœur des festivités à travers le concours culinaire, l’élection miss Mengong et le football féminin. « La femme joue un rôle majeur dans la pérennité des foyers et des communautés en zone rurale. Elles y apportent la stabilité et le bien-être général », affirme Mireille Gracia Belinga.
Le festival » Bia so Mengong » vise particulièrement à promouvoir auprès des jeunes et à conserver les us et coutumes bulu. A ce titre, un colloque sous la thématique de » Danses patrimoniales et us et coutumes Bulu: étude des impacts et implications sociales » aura lieu le 24 juillet avec la participation des critiques d’art comme Joseph Owona Tsama. « La particularité de Mengong c’est la culture du Ndo’.o. On va organiser le Nso’o au village. C’est pendant cela que nous allons découvrir l’ensemble des peuples, des clans de Mengong et nous aurons le temps de visiter les villages. Les patriarches de ces villages vont nous expliquer clairement comment ils se sont retrouvés à Mengong, quelles sont les particularités des Mengong en fonction des villages et des clans. Nous aurons aussi l’ascension du mont Domé qui est d’ailleurs très important. C’est un rocher à 4 km de Mengong. Il a une hauteur de près de 800 mètres. Ce site touristique permettra non seulement aux athlètes d’aller et revenir de la ville de Mengong. Ce sera aussi l’occasion pour les uns et les autres de découvrir cet endroit » , précise Joseph Mfou’ou Samba. En sport, l’activité phare est le Tournoi de football de la fraternité Mireille Gracia Belinga’. Il est à sa 5 ème édition et chaque année, des équipes masculines et féminines s’affrontent pour remporter la coupe et la cagnotte en jeu. L’innovation majeure sera le lancement d’un marathon et l’ascension du Mt Domé.
Le festival Bia So Mengong est très attendu des populations. En une édition, quelques impacts ont déjà été mesurés s’agissant notamment du problème de l’exode rural. » Bia so Mengong »a facilité le retour de plusieurs jeunes au village. « Je suis capitaine de l’équipe féminine de football de Vita Etondo. On a eu à remporter une somme de 100.000 F cfa mon équipe, et moi lors du tournoi de football organisé par le festival. Personnellement, j’étais très heureuse. Comme je parlais de l’exode rural, j’avais déjà fait pratiquement 5 ans sans aller au village. Mais grâce à ces activités, à ce festival, j’ai pu revenir sur mes bases et j’ai recommencé à apprendre certaines notions de ma culture que j’avais déjà perdues au fil du temps. Je souhaite que le festival Bia so Mengong perdure et que nos enfants puissent également en profiter », souhaite Annie Ekata’a pleine d’espoir.
