Il y a des sangs qui ne coulent pas impunément. Celui de Martinez Zogo reste vivant au regard du tollé suscité par la froideur de son assassinat. Les auteurs de cet acte ne sont pas allés d’une main morte. Ils ont désacralisé le corps du présentateur de l’émission « Embouteillages » sur les antennes d’Amplitude Fm, avant de l’abandonner aux asticots. Une cruauté qui questionne sur le message subliminal de la chaine des auteurs de ce crime immonde.
La désormais « affaire Martinez Zogo » a traversé les frontières nationales. L’indignation est totale. La brutalité perpétuée est peinte par des collectifs d’artistes de la ville de Yaoundé, Douala, Bafoussam etc. Le titre adopté pour ces projets hommages est fort éloquent : « Justice pour Martinez Zogo ». Il resonne comme une invite à l’Etat à faire la lumière sur ce crime de trop dans un pays où la justice se fait rare (cas Mgr Balla, Wazizi …), chante Magic Evi. Plusieurs rappeurs ont associé leurs voix à ces œuvres parmi lesquels : Xzafrane, Phatal Ebodé, Jimmy le slammeur, Shady, Malik le cogito, Curtis… L’écriture est poignante, le refrain bien choisi dans un contexte où l’attente de l’identité des assassins est très pressante. Ces artistes ne veulent pas de longs débats, juste la justice pour Martinez Zogo car qui sera le prochain ?
« Là-haut exposes ces macros »
C’est un chef d’œuvre artistique pour réclamer justice. L’âme de Martinez Zogo ne reposera pas en paix sans avoir vu ses bourreaux payer le prix de leur sale besogne. « Martinez hurle du ciel oui c’est vrai, tu as fait ton travail on t’a perdu, et ton sang vie et nous perturbe », chante Vaïnem. Avec des cas de disparitions jusqu’ici pas toujours élucidés (Wazizi ou encore Bibi Ngot, Ndlr), Xzafrane chante : « Vert-rouge-jaune dans le noir, la haine retentit, on fait semblant de ne pas voir la colère du peuple qui grandit, violence, vol et gabegie sont vos états de services. Est-ce encore possible de croire en votre justice », se demande-t-il. Pour ces artistes, « on ne bâtira pas une grande nation dans l’injustice. Le peuple réclame la justice pour Martinez… On ne meurt pas parce qu’on s’exprime. Peu à peu c’est la guillotine ; un peu un peu on te supprime » ; « Ils pensent avoir mis fin au flot de ton micro. Ils se trompent frérot. Là-haut exposes très tôt ces macros car nous ne lâcherons pas le micro tant que ton âme n’a pas trouvé le repos », chante 2N20.
« Vous ne tuerez que les corps pas les esprits »
« Justice pour Martinez Zogo » est un chant de ralliement et d’engagement pour que lumière soit faite sur cet assassinat. Les collectifs d’artistes de Yaoundé, Douala et de Bafoussam ont rejoint le mouvement avec Xzafrane comme l’une des figures de proue de la mobilisation. Une cause, disent-ils, nobles car les assassins n’ont pas pensé à la famille et aux enfants de Martinez avant de commettre cette forfaiture. Vidéogramme au fond noir, sparadrap sur les lèvres et les poings levés, ces rappeurs ne cachent pas leur détermination à voir éclore un nouveau Cameroun car la parole ne doit pas être un crime. Pour passer leurs messages et toucher leurs cibles, ils ont utilisé plusieurs langues à savoir : le français, l’anglais, le Duala et le Ngomala’a. Une chanson à écouter et à faire écouter car il est profond.
Pour L’Omega : « Vous ne tuerez que les corps pas les esprits ; le combat que tu nous laisses on le porte aussi. Le MARTYRnez Zogo annonce une nouvelle ère. C’est le moment que vous compreniez qu’il est temps que vous lisiez l’heure » ; et Magic Evi de renchérir : « Vous tuez des hommes sans défense. Vous vous croyez trop puissant. Est-ce que tu as pensé à ses enfants ; tu es pire qu’un démon … La chute sera brutale ».