51ème journée mondiale de l’environnement 2023. L’association communautaire de recherche et de développement Tube Awu, active depuis plus de 10 ans dans la conservation de la biodiversité marine et côtière entre Kribi et Campo, a comme le thème de cette année « solution à la pollution plastique », planifié deux jours d’activités pour assainir les plages en y débarrassant les déchets plastiques. Déportée dans la ville de Campo, elle a organisé une journée de collecte des déchets plastiques dans la ville et aux bords de la plage et une journée de sensibilisation sur les conséquences des déchets plastiques.
L’équipe, gants enfilés, sacs plastiques en main et accompagnée par des riverains de la localité, des pêcheurs et du chef de troisième degré du village Bokombé situé au Centre-ville de Campo, Claude Bertrand Mbouya, a parcouru sur la plage de Campo en 1Kmde plage et a recueilli près de60 Kilogrammes de déchets plastiques : bouteilles plastiques, sachets de whisky, cannettes de bière, filets dépêches… Leur objectif, assainir les plages pour contribuer à la protection de la biodiversité marine qui fréquente régulièrement ces plages à l’instar des tortues marines. Dans cette ville, il existe un parc national marin : « Manyange na Elombo Campo », la seule Aire marine protégée (AMP) au Cameroun et identifiée comme l’un des plus grands sites de ponte et d’alimentation de tortues marines au Cameroun. Quatre espèces de tortues marines y sont présentes : la tortue imbriquée, en danger critique d’extinction selon la liste de rouge de l’Union Internationale pour la conservation de la nature (UICN) qui s’alimente dans les eaux côtières.
La tortue verte, en danger d’extinction qui, pond sur les plages de l’AMP et s’alimente dans ses eaux côtières. Les tortues, luth et olivâtre, toutes deux classées vulnérables, pondent également régulièrement sur les plages de l’AMP. Les déchets plastiques tuent les tortues Selon les experts halieutiques de Tube Awu, ces tortues font surtout face à la pollution par les déchets plastiques tout comme le braconnage des femelles et la récolte de leurs œufs. « S’agissant des déchets plastiques, ses principales sources de provenance sont les filets usés en nylon issus de la pêche artisanale locale sans cesse grandissante », précise l’ingénieur halieute, chargé du suivi des projets à Tube Awu, Joël Wamba. D’après un sondage récemment effectué dans la localité par Tube Awu, 27% des filets usés provenant du matériel de pêche, sont jetés soit le long des plages de pontes des tortues marines, soit derrière les maisons d’habitation ou encore brûlés. Cependant, quelque soit le lieu de rejet, ces filets usés achèvent leurs courses en mer et sont rejetés sur la plage.
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Le même sondage révèle que les déchets plastiques abondent parce que parmi les produits les plus vendus dans la localité, on rencontre en tête de liste les whiskys en sachets, les bouteilles de jus et huiles de cuisine qui produisent également d’abondants déchets et polluent le paysage naturel de cette zone écotouristique. « Ala fin, nous observons des déchets drainés par la mer sur les plages de ponte. Tous ces déchets plastiques causent d’énormes problèmes à la biodiversité marine » dit-il. Mais comment et pourquoi ? L’expert explique : « Ces plastiques sont régulièrement consommés par les tortues marines qui les confondent aux méduses, et meurent étouffés. Et puis, ces déchets plastiques sont des pièges pour les femelles en ponte.
Une fois qu’elles s’y font prendre et elles sont à la merci des habitants ou d’autres prédateurs », affirme l’autre ingénieur halieute, le coordonnateur de projet de Tube Awu, Xavier Ndjamo. Cette célébration a également été l’occasion pour l’association de présenter les résultats d’activités obtenus depuis la création de l’AMP.