la rédaction
L’une des singularités des cultures africaines a longtemps semblé être le Verbe, la Parole, dans leur authenticité, leur poids éthique : celle qu’on respecte à tout prix, celle qui dicte l’action, celle dont l’action est la correspondante inéluctable. Mais les cultures dites orales ont perdu de leur aura : non pas seulement parce qu’elles ne donneraient pas toute sa place à l’écriture, mais essentiellement, pour le décalage qui existe, entre le texte et la parole, entre la parole, le texte et assez souvent, des actions non exécutées ou incongrues, en paradoxalité.
Dans les familles, dans la Cité, règne le dicton : « Parlez toujours…Ce sont des mots, que des mots…des discours … dire pour dire…, sans le penser, ou ce qu’on ne pense pas », pour indiquer le peu de foi attachée (voire de cohérence logique, de rationalité) aux déclarations et aux discours : effets invisibles, illisibles, parce que renvoyés à un « peu à peu… progressivement » bien lent, indéfinissable, alimentant un climat de frustrations accumulées, de perte de confiance vis-à-vis de tout interlocuteur et surtout, des autorités de tous ordres. « A quel Saint se vouer ? » est l’expression qui décrit le mieux la situation : le sentiment que le locuteur ne croit pas en lui- même et sait qu’il ne sera pas cru. D’où des promesses sans fondements : Constitution, mieux – être, meilleure justice, meilleure démocratie, meilleure gestion des biens publics, etc.
Or l’exposition au double langage, à la double contrainte, est l’une des voies royales des pathologies traumatiques graves, notamment chez des enfants et les plus fragiles, et chez quiconque fonctionne en miroir avec un modèle à suivre, une autorité à qui se soumettre, voire, un « sauveur » attendu. La Parole authentique Lire la suite
