A l’origine, l’organisation d’une excursion en faveur des enseignants du lycée technique de Garoua les 2 et 3 mars 2024, où ils doivent contribuer obligatoirement 20.000 Fcfa, sous peine d’être fiché par Jean Doba, le proviseur. Les enseignants menacent d’entrer en grève.
Rien ne va plus entre le personnel du lycée technique de Ngaoundéré, dans le département de la Vina et Jean Doba, le proviseur dudit établissement. Un climat social délétère s’est installé dans cet établissement secondaire depuis quelques jours. À l’origine de cette tension entre le proviseur et son personnel, une affaire d’excursion en faveur du personnel du lycée technique de Garoua, dans le Nord, prévu les 2 et 3 mars prochain. Selon les deux parties, la crise est née du montant que veut collecter le proviseur auprès des 210 personnels du lycée technique de Ngaoundéré.
Une cotisation de 20.000 Fcfa par personnel rendue obligatoire par le chef de l’établissement qui, pour la même occasion menace de sanctions tous ceux qui ne participeront pas financièrement à cette opération. En plus de la cotisation, les enseignants du lycée technique de Ngaoundéré font savoir que le proviseur a instruit la sortie de 750.000 Fcfa des caisses de l’association des parents d’élèves et enseignants (Apee) pour cette activité d’excursion. Selon le personnel frondeur du lycée technique de Ngaoundéré, le délégué départemental du Minesec pour la Vina ainsi que le sous-préfet de Ngaoundéré 2ème ont été saisis pour arbitrage et rappel à l’ordre de leur chef. « Nous avons saisi le délégué départemental pour lui présenter cette situation. On se retrouve dos au mur parce que le climat actuel dans notre établissement est invivable. Nous vivons sous le coup des menaces du proviseur qui nous traite comme des esclaves. Pour lui, nous faisons ce qu’il veut où il nous fiche comme étant des membres du mouvement Ots », explique un enseignant frondeur du lycée technique.
Dans cette fronde contre le proviseur du lycée technique de Ngaoundéré, pour près d’une centaine d’enseignants, si rien n’est fait, le 26 février 2024 sera journée morte au lycée technique de Ngaoundéré. « Nous avons expliqué plusieurs fois aux responsables de la délégation régionale du Minesec le calvaire que nous vivons. L’injustice, les menaces et le manque de considération de la part du proviseur Doba. C’est la ligne rouge qui a été franchie avec cette affaire d’excursion du personnel du lycée technique de Garoua. Nous lui avons proposé de nous laisser organiser cette visite de nos collègues, mais hélas, il nous dit que ce lycée lui a été confié et qu’il est le seul responsable de sa gestion », rengaine le porte-parole des enseignants du lycée technique de Ngaoundéré.
Ces enseignants frondeurs du lycée technique de Ngaoundéré affirment avoir saisi le préfet de la Vina pour dénoncer les agissements du proviseur. « Nous avons demandé au proviseur à quoi va servir cette somme étant donné que nos collègues de Garoua prennent en charge leur transport et hébergement. Nous ici, il s’agit d’organiser une réception et des ballades dans deux sites touristiques qui seront conclus par une sortie dans une discothèque de la ville. Faites-vous même le calcul. Il y a quelque chose qui ne va pas », tance le porte-parole des enseignants frondeurs du lycée technique de Ngaoundéré. Approché par le Jour, le président de l’amicale du personnel du lycée technique de Ngaoundéré s’est refusé de tout commentaire sur cette affaire d’excursion et de réception des enseignants du lycée technique de Garoua, dans le Nord.
Joint au téléphone par le Jour, le proviseur du lycée technique est resté sur la défensive. « Je suis le chef de ce lycée et je ne souhaite pas une ingérence dans ma gestion. J’ai la confiance de ma hiérarchie qui juge de ce que je fais de bien ou de mal dans ce lycée. Personne ne peut m’imposer comment gérer ce lycée. Il y a eu plusieurs réunions au sujet de cette affaire. Chacun est libre de dire ce qu’il veut. C’est ma gestion interne et elle ne concerne que moi », a déclaré Jean Doba. Dans ses explications le chef de cet établissement secondaire d’enseignement technique a insisté sur sa responsabilité personnelle dans la gestion de l’établissement et du personnel. « Je connais déjà ceux qui sont derrière cette affaire. Qu’ils sachent que je vais me défendre contre eux et toutes les personnes qui sont derrière eux », a-t-il insisté.
Sur le décaissement des fonds de l’Apee pour l’organisation de cette excursion, le proviseur du lycée technique de Ngaoundéré est resté évasif et en proférant des menaces à l’encontre du reporter de votre journal. Jean Doba, le proviseur met en avance sa gestion interne de l’établissement que lui a confié la ministre des Enseignements secondaires à qui il se vante de rendre régulièrement compte. A la délégation départementale du Minesec, cette affaire est suivie de près. En l’absence du délégué départemental que le Jour n’a pas trouvé sur place, aucun responsable à l’évocation du nom du proviseur du lycée technique de Ngaoundéré n’a voulu se prononcer. « C’est un gars qui a les longs bras comme on dit ici, au pays. Il faut aller à la régionale, ou à la préfecture de la Vina, ils vous diront plus sur ce monsieur », a confié sous anonymat un responsable de la délégation départementale du Minesec pour la Vina.
Le lycée technique de Ngaoundéré est le tout premier établissement technique de la région de l’Adamaoua. Il a été transformé lycée technique en 1992 et compte environ 3000 élèves régulièrement inscrits pour cette année scolaire 2023/2024. Il compte 210 personnels dont plus de 160 enseignants permanents et vacataires.
Author: Adorlac Lamissia
Adolarc Lamissia, est journaliste, spécialiste des questions politiques, de sécurité et de bonne gouvernance. La question de développement du Cameroun et de l’Afrique sont entre autres ses centres d’intérêts.
