Ngan-Ha. Pourquoi le procureur saisit 600 bœufs

 Ils ont été confisqués à trois bergers Bororos qui ont été arrêtés pour vol dans cette localité. Ils attendent le début de leurs procès les 20 avril et 03 mai prochains.
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Hamadou Bello et Alhadji Garba doivent attendre le 20 avril 2022 pour leur demande de mise en liberté provisoire. Malam Ali alias Shehou lui attendra jusqu’au 03 mai 2022. Les trois bergers Bororos sont accusés par le procureur de la République près les tribunaux de la Vina. Ils ont été arrêtés pour vol de bœufs et mis sous mandat de dépôt à la prison centrale de Ngaoundéré par le magistrat. Une caution de plusieurs millions de francs a été réclamée aux trois bergers par le parquet de Ngaoundéré.
A l’origine de cette affaire, l’interpellation dans la journée du 19 mars 2022 des bergers Hamadou Bello, Alhadji Garba, Malam Ali alias Shehou, leurs épouses et enfants en partance en transhumance pour Meiganga, dans le Mbéré. Ils vivaient dans le village Bilassora, arrondissement de Ngan-Ha, dans le département de la Vina. Conduits à la brigade de gendarmerie de Ngan-Ha, ils sont déplacés pour Ngaoundéré sur instruction de Louis Omgba Medounga, le procureur de la République près les tribunaux de Ngaoundéré. Au départ il s’agissait d’une affaire de vaccination des bœufs. Ayant présenté les documents de vaccination de 200 bœufs, le magistrat va accuser par la suite les bergers bororos de vol. Il va confisquer les bœufs et les petits ruminants. Le bétail est confié au maire de la commune de Ngan-Ha, Mohamadou Awal. En l’absence de plaignant ou d’une reconnaissance des bœufs par les villageois, Louis Omgba Medounga, le procureur de la République va instruire le maire de Ngan-Ha de procéder à la vente de 50 bœufs dit-il pour nourrir les autres bœufs.
Rencontré par le reporter du Jour, le maire de Ngan-Ha confirme l’information. « Je ne fais qu’exécuter les ordres du procureur de la République. Les bœufs ne m’appartiennent pas et ce n’est pas la commune qui a saisi. Le procureur m’a demandé de vendre une partie pour nourrir les autres bœufs. Puisque la commune n’a pas une ligne budgétaire pour nourrir les animaux », explique le magistrat municipal. Selon lui, il faut une prise en charge rapide des bœufs qui sont déjà fatigués. « Il y a deux bœufs qui sont morts. Je ne veux pas être responsable dans cette affaire », conclut Mohamadou Awal, le maire de Ngan-Ha. Les deux bœufs fatigués et agonisants ont été vendus aux enchères à 40.000 Fcfa par le maire de Ngan-Ha.
Depuis la prison centrale de Ngaoundéré, les trois bergers clament leur innocence et rassure que le bétail leur appartient. « Je suis le propriétaire de 132 têtes de bœufs. Ils sont tous marqués de notre insigne familial. J’ai aussi un troupeau de chèvres. Nous avons bien informé les autorités que nous partions en transhumance pour Touboro. Au vu de la situation sécuritaire à Touboro, nous avons changé d’itinéraire pour Meiganga. C’est vrai que nous avons vacciné une partie des bœufs l’autre partie n’a pas été vaccinée. Les bœufs appartiennent à trois personnes », a expliqué Alhadji Garba, l’un des éleveurs mis sous mandat de dépôt à la prison centrale de Ngaoundéré. Son frère Malam Ali alias Shehou, lui est propriétaire de 250 bœufs et 87 moutons. Il est accusé par le procureur de la République d’avoir tenté de voler 40 de ses bœufs. Ce que nie le berger. Il est lui aussi arrêté et déféré à la prison centrale de Ngaoundéré. « C’est un montage. Quand les gendarmes ont transféré mes frères à Ngaoundéré, j’étais seul avec les bœufs en brousse. J’ai proposé au commandant de brigade de ramener au centre-ville de Ngan-Ha pour permettre à qui que ce soit de venir identifier les bœufs. Ce qu’il a accepté. J’ai été surpris qu’on m’arrête pour vol pourtant il s’agit de mon bétail. Je sais qu’ils veulent prendre mes bœufs, cela n’arrivera pas avec la volonté de Dieu. Nous ne pouvons pas fuir les menaces des preneurs d’otages et être arrêtés pour vol. je veux qu’on me présente un seul bœuf volé dans mon bétail. C’est la sueur de mon front. Quel voleur se déplace avec sa famille ? », a déclaré Malam Ali, alias Shehou.
Les femmes et enfants des bergers arrêtés vivent à la belle étoile non loin du centre-ville de Ngan-Ha sans assistance. Dimanche dernier, les membres de la famille ont reçu la visite d’une délégation de la commission nationale des droits de l’homme et des libertés et du Mandela Center du Cameroun. Certains malades étaient couchés sous des arbres. Le père des mis en causes lui, affaibli ne comprend pas les accusations portées contre ses fils par le procureur de la République près les tribunaux de la Vina. L’octogénaire explique que ses bœufs sont de race Bokolo et qu’ils sont tous marqués. « Nous étions dans le Mayo-Rey avant de venir s’installer à Bilassora. Nous avons décidé de continuer sur Meiganga pour quelques mois et revenir à Ngan-Ha parce que c’est la période de transhumance », a expliqué Alhadji Bello, 82 ans, le chef de famille.
Au parquet de Ngaoundéré, c’est le branle-bas. Louis Omgba Medounga, le procureur de la République près les tribunaux de la Vina que nous avons approché plusieurs fois s’est refusé de tout commentaire. Les demandes d’audience adressées par le reporter du Jour sont restées sans suite. Même au téléphone, il n’a pas souhaité répondre.
Il y a quelques semaines, dans l’arrondissement de Mbé, toujours dans la Vina, un autre berger Bororo accusé par le commandant de la brigade de gendarmerie de cette localité a perdu 42 bœufs. Il a été aussi accusé de vol de son propre bétail. Sous la pression des autorités administratives de la région, ce berger a été libéré et son bétail disparu dans la nature. Il a déposé une plainte au parquet de Ngaoundéré.
Adolarc Lamissia

Cecile Ambatinda


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