Que notre propos soit bien compris. Nous ne venons pas ici mettre en cause l’un des modes classiques d’intervention de l’ État dans l’ économie par des dotations directes de ressources financières aux entreprises pour soutenir leur développement. La multitude d’opérateurs économiques de toutes origines ayant bénéficié des lignes 93, 65 ne sont donc pas tous des criminels, mieux, même la majorité ne le sont pas. En revanche, certaines brebis galeuses se sont infiltrées dans la brèche ouverte par une administration d’une légèreté insoutenable, pour se livrer et à un vrai pillage de ressources publiques, et, à travers leurs postures ostentatoires caractérisées par l’arrogance, pour donner à croire qu’ils ont désormais mis la République sous leurs bottes, faisant emprisonner celle ci, proférant des menaces contre l’ autre là et un comble des abominations, contraignant plusieurs à la clandestinité ou à la disparition. C’ est à ces pauvres hères de l’ esprit du mal qu’ au constat des dégâts qu’ ils causent à la crédibilité de la République que je m’adresse ici.
J’ ai été haut fonctionnaire au début de ma vie professionnelle, en poste au Ministère des Finances en tant que Chef de Service du contrôle des sociétés d’ État et des Organismes Subventionnés sous le Ministre Marcel Yondo. La grande innovation introduite par le Ministre à l’époque aura été d’exiger des bénéficiaires des subventions la production d’ un compte d’ emploi des fonds reçus à la fin de l’ exercice, un mécanisme qui était une forme de contrôle a posteriori de l’utilisation des subventions accordées. En France, cette fonction est assurée par le Conseil d’ État. Au Cameroun, elle devrait relever de la Cour des comptes si la volonté politique est de ne pas créer une autre nouvelle institution. C’est à moi qu’avait été confiée la mission d’aller porter aux différents dirigeants des entreprises concernées cette nouvelle aigre doux . A ma connaissance, ce mécanisme de contrôle a posteriori n’ existe plus. C’est ce qui a facilité, ou mieux, a susciter l’ appel d’air d’ attributions fantaisistes de subventions, sans contrôle ni de leur justification, ni de leur utilisation. C’est par cette brèche que se dont engouffrés d’ authentiques barbares et pirates financiers eux que comme dit plus sont nommés ici l’ esprit du mal.
L’esprit du mal. Il est à l’œuvre depuis quelques années dans notre pays pour saper la confiance du peuple dans l’État, pour saper les fondements de la République, res publica, bien commun, qui est le gage du contrat social entre citoyens et la règle de droit censée rectifier les dérives de comportement des uns et des autres sur l’ espace public.
L’ esprit du mal que chevauchent les forces négatives a engagé une offensive féroce, sauvage et arrogante visant à faire tomber les murs de l’ éthique publique. Il vise à prendre le contrôle des piliers de la République que sont la Justice et le Trésor Public pour servir ses intérêts singuliers. Il ambitionne enfin d’inféoder l’ administration pour s’ accaparer avec arrogance et dans une totale impunité – du moins jusqu’à ce jour mais jusqu’à quand ? – des moyens d’action de la puissance publique devant un peuple éberlué et lobotomisé.
Le bal des imposteurs*
L’ esprit du mal avance masqué, comme dans un bal de la Venise du 16ème siècle, pour semer la confusion dans les esprits. Sa dernière trouvaille est de se présenter en « Ekang du monde » pour, par ce biais, revendiquer une supposé proximité avec le Président Paul Biya tel que dès qu’on livre au public leur vrai visage, ils vous accuse d’ être contre Biya. Haman Mana a été il y a quelques semaines l’objet de cette accusation débile. Les plus hautes autorités du pays devraient savoir que l’impunité dont se prévaut l’ esprit du mal instille dans l’esprit des sentiments troubles telle que le soupçon de complicité objective et celui de n’ être plus en capacité de gouverner le pays. Ce sentiment est à prendre au sérieux car il participe de l’ affaiblissement général de l’ État dont il a la mission de préserver l’autorité.
Il importe toutefois de souligner que la perplexité est grande lorsqu’on constate que malgré l’ accumulation d’indices voire de preuves de prévarication, dans une République exemplaire, une faible proportion de tels indices aurait déclenché au minima une information judiciaire ou à niveau normal, à un tsunami politico- juridique. L’ absence totale de réactions pourra un jour servir à étoffer un procès en complaisance ou en complicité contre ceux qui aux commandes de l’ État restent l’ arme au pied. En ces temps là, in bivio où titre posthume, certains auront de la peine à sauver leur place dans l’ histoire.
A bon entendeur…
Les multiples facettes de la vérité
La vérité de cette dévastation a plusieurs facettes.
La première est que ces épigones des temps crépusculaires qui chevauchent l’ esprit du mal sont par leurs actes des « avatars » vidés de l’ âme Ekang dont ils abhorrent en pure imposture un masque grimaçant. Pour dire plus simple, les épigones de l’esprit du mal ne sont pas habités par l’ âme Ekang. Celle-ci est réverbérée dans son essence par les deux racines du phonème « ti » dont Cheick Anta Diop fait une figure sémiologique centrale de la pensée de l’ Egypte antique. En effet, »ti » génére le concept « ati » qui signifie fier et « nti » qui signifie » seigneur ». L’ être ainsi moulé dans le signifiant « fier seigneur » et dans la dynamique autant de dispersion spéciale que de dissimulation mystique et ésotérique se présente comme *Ekang Beti* dont l’ âme originelle être marquée par un penchant naturel à la préservation d’une probité immaculée de sa conscience et par un détachement par rapport à l’ accumulation des biens matériels.
La seconde est que ceux là qui s’illustrent par un esprit de rapine compulsive de richesses sont en fait une négation en soi de l’ âme Ekang Beti. Un Ekang Beti ne vole pas. Est-il de condition modeste que il s’ en contente et vit de sa fierté altière. Sur l’ échelle de d’échéance sociale des sociétés traditionnelle Ekang Beti, être voleur ou avoir une renommée de voleur est le niveau le plus dégradant.
La troisième facette est que ceux là donc qui s’ affublent du masque de Ekang pour courtiser une impunité favorisée par l’atmosphère entre chien et loup du crépuscule du régime ne sont absolument pas des Ekang dans l’ âme. Un Ekang ne vole pas. Ceux là qui volent ou orchestrent le vol sont des bâtards socio-culturels qu’ on ne saurait laisser aliéner ou hypothéquer le rang dans l’estime collective d’ une communauté d’ hommes et de femmes fiers, hospitaliers par nature. Cette poignée de stipendiers constitutive de l’ esprit du mal ne saurait bénéficier ni du respect, et de la considération de la société, ni de la protection que leur vaudrait d’être intégré dans l’ égrégore Ekang Beti.
L’ arme de la menace, de l’ intimidation et la tentation de l’ élimination physique des justes*
C’est le lieu de condamner sans concession ces imposteurs qui s’affubluent du masque d’Ekang pour se livrer à des violences et voies de fait, menaces et intimidations, enlèvement et séquestration voire meurtres contre des compatriotes dont le seul crime est d’ essayer d’ éclairer sur les faits et manigances de l’ esprit du mal. La liste des victimes ne cesse de s’ allonger. On peut citer Haman Mana, Martinez Zogo, Jean Blaise Mvie, Chouta, Sidiki, ces journalistes qui s’ illustrent comme des « fous de vérité » comme les autres sont les « fous de Dieu ». Ils ont choisi de braver l’esprit du mal. Nous, peuple, devons désormais être leur bouclier.
La bataille menée par ces « justes » doit être notre bataille à tous. Dans un contexte de toutes les incertitudes, protéger la République et ses piliers comme par la défense et la protection de ceux qui ont le courage de défier l’esprit du mal. Qu’importe si certains concitoyens persistent dans les génuflexions et le baise-corne médiatique de ce qui est »la bête de l’ Apocalypse » dans notre société. La bataille eschatologique en cours préfigure ce que sera notre pays demain étant donné que ceux qui sont tentés par la duplicité entrerons à reculons dans l’ histoire.
Le choix est donc simple: Laisser l’ appareil de l’ État, en cas de la vacance annoncée et désormais inéluctable, entre des mains de l’ esprit du mal dont le seul article tenant lieu de programme est de s’enrichir davantage encore et encore ou alors dès maintenant, organiser le peuple dans une union sacrée pour que l’ esprit du mal soit démasqué et neutralisé. Pour les patriotes et Républicains que nous sommes les prochains mois seront décisifs pour le choix à faire et l’organisation des forces politiques à opérer.
No pasaran
Des indices convergents signalent que l’ esprit du mal est en fait un projet politique de démolition des fondements de la République et une volonté d’inféodation de l’ appareil étatique avec des visées hégémoniques d’une caste prédatrice compulsive dans un contexte crépusculaire d’une direction politique usée et affaiblie. La réplique doit être donnée par les leaders de la classe politique qui doivent faire prendre conscience à la doxa, ce peuple lobotomisé, du grave péril qu’ il encoure si l’esprit du mal parvenait à ses fins.
No pasaran! Il ne passera pas! pour paraphrase la pasionaria espagnole Marie Ibarburari pendant la guerre civile espagnole.
L’ heure est par conséquent à la mobilisation et à la conscientisation des populations sur la puissance du bulletin de vote et une inscription massive sur les listes électorales. C’est par ce mécanisme que l’esprit du mal peut et devrait être anéanti, lorsque ceux dont ils bénéficient de la complaisance auront été écarté du pouvoir. Ce scénario est réalisable. Je l’ ai personnellement expérimenté lors de la dernière élection locale dans un fief du parti au pouvoir réputé imprenable, je l’ai ramené au dessous de la barre de 50%. Ce qui a été réussi à Monatele peut l’ être sur le plan national pour anéantir l’ esprit du mal et faire échouer son plan funeste.
Cet ordre de marche s’avère être impératif si de surcroit l’impunité actuellement observée se révélait au fil des jours être une complicité objective de ceux dont la charge est d’ assurer la préservation des intérêts de l’ État et de la nation. Le peuple est aujourd’hui en droit d’exiger des gages de ce qu’ une telle appréhension est fausse. Et seuls les actes forts du pouvoir politique pourront révéler la Vérité et amener un peuple organisé à se déterminer.
Ainsi sera donné au Cameroun de survivre de ses cendres pour connaître enfin le rayonnement auquel le dispose ses potentialités autant naturelles et humaines.
*Sa Majesté Célestin Bedzigui, Nkukuma Mvokani Ekang Beti, Élu Local, Président du PAL- Parti de l’ Alliance Libérale.