Sauf erreur de filiation politique, la chambre haute du parlement sera colorée par cinq membres de l’opposition. Après s’être adjugé les 70 places disponibles aux élections du 12 mars, le Rdpc offre quelques strapontins à ses amis. En effet, parmi les 30 sénateurs nommés par Paul Biya le 31 mars 2023 se trouvent des représentants de cinq partis de la majorité. Si Pierre Flambeau Ngayap, le Secrétaire général de l’Undp, rempile pour la circonscription du Littoral, le nouveau leader du Mdr, Paulin Djorwe remplace Dakole Daïssala, décédé. Marlyse Aboui (…) serait de l’Andp tandis que Besongoh Akemfor est de la faction collaboratrice de l’Upc. En proie à une crise identitaire déstabilitrice, le Sdf fait une entrée surprenante dans la liste à travers la personne de Vanigansen Mocchiggle. « La collaboration Sdf et Rdpc continue à se clarifier. Déjà quatre nommés : Paul Nkwi au conseil constitutionnel, Njong comme membre du comité de reconstruction du Noso, Osih comme questeur de l’Assemblée nationale, Mocchiggle comme sénateur. La lutte a usé, le combat est terminé. Le peuple se sent trahi », commente Pierre Sukam, ancien adjoint au maire de Bafoussam et membre du G27. La majorité parlementaire affiche donc 95 sur 100 sièges. De quoi ne pas souffrir de contestation pertinente.
De père en fils
Agé de 88 ans, Marcel Niat Njifenji a été reconduit à son poste de sénateur, au grand malheur de ses ennemis à Bangangté. Formellement, il restera la deuxième personnalité de l’Etat. Président de l’institution depuis 10 ans qu’elle existe, il bénéficie de la confiance du chef de l’Etat, là où beaucoup supputaient la présence de quelqu’un de plus frais. Il avait été reconduit quelques jours auparavant à son poste de président de l’auguste chambre, sous les moqueries de certains bienpensants, qui disaient son mandat arrivé à expiration. Comme lui, René Ze Nguelé, l’ancien ministre de l’Education nationale d’Ahidjo, qui avait été porté à la tête de la commission jeunesse du Sénat, a été reconduit. Tout comme l’éternel vice-président, le lamido de Rey-Bouba, Aboubakary Abdoulaye. Dans ces nominations, l’on note des cooptations dynastiques. L’ancien président de la Fédération camerounaise de football, Seidou Mbombo Njoya, remplace son père, feu le sultan Ibrahim Mbombo Njoya, roi des Bamoun, qui fut en son temps sénateur également nommé. Il bénéficie de la jeunesse de l’actuel tenant du trône, dont la réputation a souffert des derniers démêlés avec les Tikars installés sur son territoire. Identique pour Nfon Ekoko Mukete, chef des Bafaw dans le Sud-Ouest, dont le défunt père siégeait aussi au Sénat et fut même en son temps le doyen d’âge. Un pseudo-parricide est ressenti à Bandjoun, où Emmanuel Chatué, le Pdg de la chaîne de télévision Canal 2 International, remplace le chef supérieur Djomo Kamga.
Si le chef supérieur Bandjoun cumulait son poste au Sénat avec celui de conseiller régional, Emmanuel Chatue reçoit enfin la contrepartie d’une promesse à lui faite à l’époque de la succession de Victor Fotso, par l’émissaire du comité central du Rdpc Edouard Ak+18ame Mfoumou, de retirer sa candidature pour les élections houleuses à la mairie