Le mauvais état de la ville aux sept collines est visible à travers ces nombreux déchets qui se déversent des bacs à ordures et inondent les coins des rues. Dans l’arrondissement de Yaoundé 5 par exemple, l’accumulation des immondices aux abords de certaines rues n’est pas nouvelle. Boîtes de conserves, feuilles de bâtons de manioc, paniers, plastiques et papiers sont des ordures couvertes d’asticots qu’on aperçoit au carrefour lycée bilingue, situé au quartier Essos. D’après certains riverains de la place, ce phénomène est dû à la démotivation des éboueurs. « Je pense qu’ils ne font plus véritablement leur travail. Avant, ils étaient réguliers. Une semaine ne pouvait pas s’écouler sans qu’ils n’interviennent. Maintenant, ce n’est plus cas. Désormais, il faut attendre deux semaines, voire trois. Il y en a même qui étaient sympathiques. Ils descendaient de leur camion pour aider les populations à vider leur poubelle, pour celles qui étaient lourdes », confie Justine Maffo. Tout comme elle, Benjamin, commerçant estime que les agents d’Hysacam sont devenus désinvoltes. « Je me demande s’ils sont bien payés ces gens. Les gars sont toujours nerveux. Tu tends ta poubelle à un gars, il t’ignore. Et si tu n’es pas vigilant, ils peuvent partir sans que tu ne vides ta poubelle. Il faut absolument que leurs différents responsables et le gouvernement essaient de résoudre ce problème ».
Pour Melong Melanie, restauratrice, ces ordures sont tellement encombrantes lorsqu’il pleut. « Quand il pleut c’est grave. Si je ne nettoie pas mon comptoir, personne ne pourra venir acheter ma nourriture. Il y a toujours les bouteilles, les feuilles de bâtons parfois même je retrouve les selles ou les serviettes hygiéniques utilisées. On vit ça même chez nous. Vous-même imaginez ? c’est invivable ».Ce ne sont que des plaintes contre les éboueurs d’Hysacam (Hygiène et salubrité du Cameroun). Le travail effectué sur le terrain se dégrade jour après jour.
De fortes odeurs
Cette situation tend même à s’amplifier dans d’autres secteurs de la ville comme au quartier Mvog-ada, à l’entrée du marché. Cette poubelle est toujours pleine. « Il n’y a rien de nouveau ici. Les gars connaissent cette situation. La poubelle-ci n’a presque jamais été vide. Nous-même, on se plaint mais, il y en a parmi nous qui urinent près de cette poubelle », indique une commerçante ambulante. Ces odeurs d’urine, de poules, de pourriture gênent particulièrement Amidou, conducteur de motos. « Lorsqu’il fait chaud, ça donne une terrible nausée. Il devient difficile de travailler ici. Le plus souvent, je change de lieu ». Amidou n’est pas le seul qui change d’emplacement. Julienne Brigitte aussi se déplace avec son porte-tout rempli d’oranges pour se mettre à l’abri de certaines maladies. « Les odeurs ci sont très fortes. Ça pique même souvent les yeux. Tu ne peux pas rester près de cette poubelle quand il fait chaud. Sauf si c’est la maladie que tu cherches ». Contrairement à eux, Chancelin Temateu, Raoul Abessolo et Rodrigue surnommé Rodriguez pour sa vivacité ne trouvent aucun obstacle à ces odeurs. Ils vont toujours à la chasse des clients pour vite liquider leur volaille. « J’ai les anticorps. Même si ça dégage, ça ne peut rien me faire. Je suis ici depuis 7 ans, si ça ne m’a pas tué, ce n’est pas aujourd’hui que je vais mourir », explique Rodriguez, commerçant. Dans les quartiers Ngousso et Eleveur, ce problème a tendance à s’améliorer par moments « Ce n’est jamais propre. Mais je pense qu’ils font de leur mieux pour mettre la propreté. Il y a des fois où ils vident totalement le bac à ordures et nettoie un peu les alentours. Mais ça se recharge vite », relève Delphine Bidjeck, habitante de Ngousso. Pour Léopold aussi, riverain d’Eleveur, les agents d’Hysacam sont des hommes à féliciter pour leur travail.
Problème de financement
Depuis la mise en place de cette entreprise, la collecte des ordures se fait pour un meilleur traitement des déchets. Selon un agent d’Hysacam, après le ramassage d’ordures, les déchets sont subdivisés selon leurs matières, pour une bonne gestion et une élimination durable des déchets. Nous avons les papiers, les verres, le plastique, le métal etc. Malgré l’installation de la société Thycloff, il n’y a pas d’évolution sur le terrain notamment pour des raisons de financement.
Roseline Ewombe Eboa (Stagiaire)