
Plus de 50 militants du Mouvement pour la Renaissance du Cameroun (Mrc), sont encore détenus dans les prisons de Yaoundé et Douala. Ils sont détenus alors que le Groupe de Travail sur la détention arbitraire de l’Organisation des Nations-Unies (Gtda) avait demandé aux autorités camerounaises de procéder à la libération des personnes encore en prison. Cette recommandation des Nations-Unies a été prise depuis le 22 novembre 2022. Le Groupe de Travail sur la détention arbitraire de l’Onu avait donné six mois aux autorités camerounaises pour respecter cette recommandation. Plus de neuf mois après, les militants du Mrc sont toujours emprisonnés dans les conditions les plus difficiles.
Il y a quelques semaines, le Pr Alain Fogue, le trésorier du Mrc avait écrit au ministre de la Justice, Garde des Sceaux. Le trésorier du Mrc emprisonné depuis septembre 2020 rappelait au patron de la Justice de respecter les recommandations prises par l’Onu. Ce cadre du Mrc dénonçait le silence des autorités camerounaises au sujet des recommandations formulées par les Nations-Unies pour rétablir les militants emprisonnés dans leur droit. Cette lettre d’Alain Fogue revenait également sur les violations des droits dont les militants emprisonnés sont victimes depuis leur interpellation en septembre 2020.
Des militants portés disparus ?
S’il est vrai que plusieurs militants restent emprisonnés, d’autres ont quitté le pays par peur des représailles. C’est le cas de Mispa Awassum, Essono Flaubert, Pierre-Marie Wangue et Vanessa Tagomo Tchinda. Cette dernière, vendeuse ambulante bien connue des mèches et autres produits de beauté dans la ville de Douala a quitté le Cameroun après avoir manifesté, sans informer sa famille sur sa destination. Elle figurait dans la liste des personnes à interpeller. Sa famille inquiète, n’a toujours pas de ses nouvelles. Lesdites marches pacifiques organisées en septembre 2020 dans plusieurs villes du pays avaient pour but de dénoncer la guerre dans les régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest et d’exiger la transparence dans l’organisation des élections au Cameroun.
L’autre grief relevé dans la correspondance adressée au Garde des Sceaux concerne les conditions ayant abouti à l’interpellation des militants du Mrc. Le Pr Alain Fogue revient sur le message Fax du ministre de l’Administration territoriale. C’est sur la base de ce message que les militants du Mrc ont été interpellés, avant de subir plusieurs traitements inhumains et dégradants dans les cellules. L’acte pris par le ministre de l’Administration territoriale violait ainsi la Constitution ainsi que les Conventions internationales ratifiées par le Cameroun qui garantissent à tout citoyen sa liberté de manifester de manière pacifique. Suite à ces multiples arrestations, plusieurs militants du Mrc ont été jugés devant le tribunal militaire et condamnés à des lourdes peines variant entre cinq et sept ans.
En avril dernier, le Pr Alain Fogue avait écrit au président de la République pour dénoncer le maintien en prison des militants poursuivis et condamnés à des peines lourdes par le tribunal militaire de Yaoundé et Douala.