Prévention

La poliomyélite sous haute surveillance à Yaoundé

Depuis la découverte d'un cas de poliovirus dérivé de type 2 à Mvog-Ada, le Programme élargi de vaccination effectue des collectes d'échantillons dans les zones à risque.
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Le ciel est nuageux ce mercredi 16 août 2023, lorsque nous empruntons de bonne heure une piste boueuse et herbacée derrière le Palais polyvalent des sports de Yaoundé. Après plus de 45 minutes de trajet, en partant du siège du Programme élargi de vaccination (Pev) situé en face de l’hôpital Central à Messa, une équipe de collecteurs d’échantillons du Pev ouvre la voie. Ils sont tous vêtus de surblouses, de bottes et de gants, entre autres équipements de protection. La mission de ces professionnels de la Santé publique consiste à effectuer la surveillance environnementale de la poliomyélite, et nous souhaitons en savoir un peu plus. Cette descente sur le terrain fait suite à la découverte d’un cas de poliovirus dérivé de type 2 dans le quartier Mvog-Ada à Yaoundé. Après plusieurs minutes de marche, l’équipe s’arrête près d’un drain. L’eau qui s’y écoule est noire, mêlée de déchets et de matières fécales d’origine humaine.

« Nous arrivons ici entre 5h30 et 6h. Avant la collecte, nous devons remplir un ensemble de fiches. Nous observons l’évolution des déchets et des odeurs dans l’eau. Dès que nous détectons une odeur très nauséabonde et un flux d’eau courante, nous procédons à la collecte. Ensuite, nous saisissons certaines informations dans un outil électronique appelé ODK», explique Berthe Ngo Billong, la superviseure de l’équipe de collecte. Les experts utilisent une glacière, un seau attaché à une corde, une bouteille vide, de l’eau de Javel, du sparadrap, entre autres outils. Le même travail est effectué sur le site de Mvog-Ada, au lieu-dit « Poubelle Bar », où le dernier cas de poliovirus a été détecté. L’insalubrité y est flagrante. Des latrines peu profondes sont construites le long des rigoles où les habitants déversent leurs excréments. On marche dessus. Les habitants de cette zone semblent peu se soucier d’une possible contamination par le poliovirus responsable de la poliomyélite. « C’est Dieu qui nous protège. Est-ce qu’on meurt même de la saleté ?», lance une dame en haussant les épaules.

Analyse des risques de propagation

Après avoir collecté les eaux usées et rempli les informations telles que le nom du site, la date et l’heure du prélèvement, les échantillons sont acheminés vers le poste de réception des échantillons biologiques du Pev. Là-bas, leur température d’arrivée est contrôlée. Ensuite, ils sont envoyés au laboratoire du Centre Pasteur du Cameroun pour analyse. « Lorsque nous obtenons les résultats et constatons la circulation d’une souche de poliovirus, une enquête est menée, suivie d’une analyse des risques afin d’évaluer le risque de propagation dans la communauté ou dans tout le pays», explique le Dr Éric Mboke Ekoum, chef de la section surveillance et réponse du Pev, qui rappelle que la poliomyélite est une maladie contagieuse causée par un virus qui attaque le système nerveux des enfants de moins de cinq ans.

Selon l’Organisation mondiale de la Santé (OMS), le poliovirus envahit le système nerveux et peut provoquer une paralysie totale. Le virus se transmet par voie oro-fécale, et moins fréquemment par une contamination de l’eau ou de la nourriture. Les premiers symptômes sont la fièvre, la fatigue, les maux de tête, les vomissements, la raideur de la nuque et les douleurs dans les membres. Environ une infection sur 200 entraîne une paralysie irréversible, généralement des jambes. De 5 à 10 % des personnes atteintes de poliomyélite paralytique décèdent des suites d’une paralysie des muscles respiratoires. Selon le Dr Shalom Ndoula, secrétaire permanent du Pev, l’insalubrité qui règne dans la capitale depuis plusieurs mois favorise une possible propagation à grande échelle de la maladie. «La surveillance environnementale est essentielle pour détecter les cas de poliomyélite. Cependant, la maladie peut être contenue grâce à au moins trois cycles de vaccination à partir de septembre prochain», informe le secrétaire permanent du Pev.

Guillaume Mete

Author: Guillaume Mete

Guillaume Aimée Mete est journaliste au Quotidien Le Jour. Elle est passionnée du journalisme et s’intéresse aux questions liées à la santé et à l’environnement.

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Guillaume Aimée Mete est journaliste au Quotidien Le Jour. Elle est passionnée du journalisme et s’intéresse aux questions liées à la santé et à l’environnement.


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    Guillaume Aimée Mete est journaliste au Quotidien Le Jour. Elle est passionnée du journalisme et s’intéresse aux questions liées à la santé et à l’environnement.