« L’Afrique a un problème de leadership », Cheikh Tidiane Gadio.

Face aux maux qui minent les sociétés africaines, l’ancien ministre des Affaires étrangères du Sénégal pense que la solution c’est les Etats-Unis d’Afrique. Il nous donne quelques clés dans cet entretien.
IMG_9962

Comment sortir l’Afrique de sa situation actuelle ?

Je l’ai dit plusieurs fois dans des interventions précédentes. L’Afrique a trois problèmes à savoir : le leadership, le leadership et le leadership. Je pense que tout ce qu’on a discuté au cours de ce forum prouve que la question du leadership a besoin d’une réponse. L’Afrique est en danger avec l’arrivée de toutes ces nouvelles puissances qui ont besoin de leur part d’Afrique. Nous ne pouvons pas être le continent le plus riche du monde et on continue d’accepter qu’on nous appelle pauvre. Comme je l’ai dit dans une formule, nous sommes les pauvres les plus riches du monde et les riches les plus pauvres du monde. Nos dirigeants doivent comprendre. Nous avons une arme fatale pour le développement et pour la puissance : c’est la jeunesse. Quand vous avez un milliard de jeunes africains comme disait un ami, vous avez deux milliards de bras pour développer l’Afrique. Nous n’avons aucune excuse par rapport à la question du développement du continent sauf la question du leadership. On a un leadership, parfois, clanique et familial. Or, vous avez des millions d’Africains qui vous élisent et vous font confiance. Ils croient que vous pouvez les sortir de la faim en réglant la souveraineté alimentaire, éducative, sanitaire et construire des infrastructures de base. Vous mettez tout cela de côté pour servir une partie de la population. C’est ce qui amène les frustrations qui parfois débouchent sur des violences. L’Afrique a besoin de paix, d’unité et de valoriser sa jeunesse. La Chine vieillie, l’Amérique vieillie, l’Europe vieillie. Il n’y a que l’Afrique qui rajeunit. Il faut régler la question du leadership.

Comment résoudre ce problème de leadership sur le continent ?

Je ne comprendrais pas les panafricanistes du continent s’ils se mettaient à adhérer à des programmes soi-disant le développement national, en dehors de la démarche panafricaniste ; et en dehors du fait que la balkanisation de l’Afrique en 1960. C’est quelque chose qu’on a mis dans le dispositif pour qu’on reste pauvre éternellement. Comme disait Cheikh Anta Diop, on a choisi d’être des Etats néants et non viables. Est-ce que vous vous rendez compte que lors de la crise du Covid, de grands pays très respectés, se sont rendu compte qu’ils avaient 15 ou 30 lits de réanimation pour 16 millions d’habitants. C’est une catastrophe. Les mêmes problèmes sont restés après 60 ans de développement. Les problèmes sont restés entiers sur le continent. Et plus grave, nous n’avons pas d’armée pour défendre le continent. Quand on proposait l’armée africaine après Nkrumah, bien sûr, au début de l’arrivée des Djihadistes, nous avons dit qu’il n’y avait qu’une armée africaine régionale ou continentale pour régler le problème. Les gens rigolaient. Ils pensaient qu’on était fou. On a titré dans notre Institut panafricain de stratégie : « l’armée africaine c’est maintenant ». Regardez ce qui se passe au Burkina Faso. Les  Djihadistes contrôlaient 0% du territoire il y a 7 ans. Aujourd’hui, ils contrôlent 40% du territoire du Burkina-Faso. Ce n’est pas normal. Les pays de la Cédéao, qui entourent le Burkina-Faso sont tranquille. On massacre 50 gendarmes, on égorge les civils, on tue. Pourquoi l’Afrique laisse les autres venir chez nous massacrer et faire tout ce qu’ils veulent. Et c’est ça le drame. Les Africains ne sont pas dérangés ; ils ne sont pas gênés. Au Nord Cameroun il y a des violences. Boko-Haram a fait 40 000 victimes au Nigeria. Est-ce que la vie des Africains a de l’importance pour les Africains eux-mêmes ? Voilà la grande question. On doit reprendre confiance en nous ; comprendre que la jeunesse est notre atout premier. Les mines le pétrole viennent et partent. Mais, la jeunesse africaine est là pour rester. Voilà le fondement de notre combat. Nous avons les intellectuels, les compétences et l’expertise ; sauf l’indépendance et la vraie souveraineté. On n’a pas de souveraineté monétaire, pas de souveraineté militaire.

Comment en sortir ?

Tout est à refaire et le plus rapidement possible. Je vais m’endetté jusqu’au jour où on me mettra dans le petit trou et enterré. Pour moi, la solution c’est les Etats-Unis d’Afrique globalement ou  la Cédéao devient l’Union des Etats de l’Afrique de l’Ouest, en Afrique centrale, l’Union des Etats de l’Afrique centrale… On est cinq grandes fédérations primaire comme disait Nyerere ; et après on fait la fédération. Voilà la solution. C’est peut être dogmatique de le dire comme cela mais on a essayé 50 ans 60 ans, les résultats sont là. 14 % d’échange entre nous. Les européens sont à 75% d’échange entre eux ; les asiatiques sont à plus de 60%. On préfère commercer avec les autres que de commercer entre nous. C’est comme si on ne s’aimait pas ; comme si le complexe colonial et l’esclavage nous ont laissé une petite « self-estime » au point que, nous n’aimons pas ce qui est africain. Nous ne nous aimons pas assez.

Solière Champlain Paka

Author: Solière Champlain Paka

Je suis un journaliste passionné par l'écriture et les métiers de la voix. L'humilité me permet d'apprendre, de comprendre et de partager le fruit de mes recherches sans restrictions. Mon éclectisme m'a conduit depuis plusieurs années maintenant, vers les questions Politiques, Culturelles, sportives ...

Solière Champlain Paka

Je suis un journaliste passionné par l'écriture et les métiers de la voix. L'humilité me permet d'apprendre, de comprendre et de partager le fruit de mes recherches sans restrictions. Mon éclectisme m'a conduit depuis plusieurs années maintenant, vers les questions Politiques, Culturelles, sportives ...


Commenter

Votre adresse email ne sera pas publiée. Les champs requis sont indiqués *


A Propos

Le jour est un quotidien d’informations générales fondé en 2007.
« Faire voir, faire savoir, faire parler, faire comprendre » est le leitmotiv de ce journal qui insiste sur une information vérifiée, sourcée et documentée. Une large place est donnée à l’information économique et sportive. Un soin particulier est accordé aux portraits et le but final est d’apporter sa « patte » à l’écriture de « l’odyssée camerounaise ».

NOUS CONTACTER

NOUS APPELER



Newsletter

Inscrivez-vous à notre newsletter et recevez des infos exclusives.



    Catégories


    Solière Champlain Paka
    Author: Solière Champlain Paka

    Je suis un journaliste passionné par l'écriture et les métiers de la voix. L'humilité me permet d'apprendre, de comprendre et de partager le fruit de mes recherches sans restrictions. Mon éclectisme m'a conduit depuis plusieurs années maintenant, vers les questions Politiques, Culturelles, sportives ...