Le cas du Cameroun est atypique. Et pour cause : le pays de Paul Biya « produit » et exporte le pétrole qu’il ne consomme pas et commercialise à ses résidents le pétrole qu’il ne produit pas. En français facile, le Cameroun achète à l’étranger le pétrole brut léger qu’il raffine dans les usines de la Société nationale de raffinage (Sonara) à Limbé. Les experts expliquent ce paradoxe par le fait que le brut extrait du soussol du pays est lourd et que les installations actuelles de la Sonara ne sont pas appropriées pour raffiner cette qualité de pétrole. Par conséquent, ce brut lourd est vendu sur le marché international. Il est exploré et exploité par des multinationales occidentales, sous la supervision de la Société nationale des hydrocarbures (Snh), qui octroie les marchés en délivrant des permis d’exploration, et négocie le partage des revenus. Les marchés ravitaillés en brut camerounais s’étendent sur la côte ouest africaine et même en Europe, aux Etats-Unis et en Amérique latine. En retour, le Cameroun à travers des subventions octroyées à la Sonara, achète à ses partenaires étrangers du brut léger adapté pour ses installations vétustes, qui datent de la création et de la constitution de la société à capitaux publics, fin décennie 70. Ce brut léger est alors déchargé à la Sonara à Limbé pour être traité. Les bateaux de la Cameroon Shipping Line (Camship), quand cette société publique n’avait pas encore procédé au dépôt de bilan, assuraient le transport fluvial du produit raffiné et propre à la consommation jusqu’au port de Douala, où le pétrole est stocké dans les cuves de la Société camerounaise de dépôts pétroliers (Scdp). Celle-ci, avec le concours des marqueteurs, qui constituent une part de son capital social, se charge à son tour de la distribution sur le marché national tout en veillant à la surveillance des flux de la contrebande. Lire la suite