Journée mondiale : Des enseignants annoncent le boycott des activités

 Ces seigneurs de la craie approchés avertissent qu’ils ne participeront pas aux festivités liées au 05 octobre.
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« Dans mon établissement, il n y a pas d’effervescence par rapport à la célébration de la journée mondiale des enseignants. Nous avons décidé de boycotter. Personnellement, c’est un non évènement cette année, nous sommes en grève. La première semaine, on a un peu dispensé des cours mais la tendance générale est à la grève. La grève prend de l’ampleur », mentionne une enseignante dans un lycée technique de la périphérie de Yaoundé. Et de continuer avec détermination : « Nous voulons l’application du statut spécial révisé de l’enseignant, l’automatisation des actes de carrière. Nous ne voulons plus les papiers signés pendant des années sans effet financier. Nous réclamons aussi le paiement de la dette que l’Etat nous doit dans les plus brefs délais. Jusqu’à ce que ces points ne trouvent des solutions, la majorité des enseignants ne prendra pas la craie. »

Son collègue, professeur de français au lycée de Nkoteng qui a requis l’anonymat formule les mêmes revendications. Il relève que la grève gagne du terrain dans l’établissement dans lequel il est en service surtout avec la décision du gouverneur de la région de l’Adamaoua. « En début d’année, nous faisions normalement cours. Mais depuis le début de cette semaine, il nous revient que le gouverneur de la région de l’Adamaoua a fait muter les enseignants grévistes dans des zones difficiles de sa région et que certains préfets et sous-préfets qui ont droit à tous les avantages menacent les enseignants Ots, du coup la grève est en train de prendre dans mon lycée. Certains enseignants font cours mais d’autres vont en salle et ne font rien. Pour demain (05 octobre, Ndlr), plusieurs activités sont prévues sous le parrainage du sous-préfet mais beaucoup annoncent déjà qu’ils ne participeront à aucune pour marquer leur solidarité à l’endroit  des enseignants Ots », explique l’enseignant. Il précise par ailleurs que les enseignants ont le sentiment que le gouvernement se moque d’eux en arguant qu’il n y a pas d’argent dans les caisses. Selon eux, le gouvernement s’en fout de l’éducation des Camerounais autrement il aurait déjà réduit le train de vie de l’Etat pour répondre aux doléances des pédagogues.

« La grève a commencé depuis le 04 septembre sur tout l’étendue du territoire national. Certains établissements étaient réticents. Vu la sortie médiatique de nos ministres lors de la conférence de presse disant avoir soldé la dette des enseignants, chose qui n’est pas vrai. Cela a amené les autres à emboîter le pas. Et aujourd’hui je peux vous dire que la grève a pris de l’ampleur et les enseignants ont décidé de boycotter la journée dite fête des enseignants car un ventre faim ne peut se jouir pour dire fêter », fait savoir un professeur en service à Godola dans la région de l’Extrême-Nord.

 

Un contexte asphyxiant

 

Les enseignants camerounais célèbrent cette journée mondiale à eux dédiée, 05 octobre 2023 dans un « contexte délétère », souligne Roger Kaffo, secrétaire général du Syndicat national autonome de l’enseignement secondaire (Snaes). « Ce 05 octobre 2023 doit être l’occasion, pour une fois, d’une véritable prise de conscience collective. Le monde change et personne ne nous attendra. Préparons-nous avec sérieux pour ne pas rater le dernier wagon de ce train qui prend de la vitesse », poursuit-il. Cette édition a pour thème : « Les enseignants dont nous avons besoin pour l’éducation que nous souhaitons : l’impératif mondial de remédier à la pénurie d’enseignants ». Une thématique qui concerne la situation de l’enseignant au Cameroun alors que l’Etat a cessé de recruter. « Un sondage a montré qu’il y a plus de vacataires dans les établissements publics que de personnels étatiques. On parle d’entre 50-60% de vacataires », renseigne un enseignant. Un autre renchérit : « le Cameroun a un déficit énorme en personnel enseignant. Il faut faire un tour dans l’arrière-pays pour le comprendre. Il y a des établissements à moins de 100km de Yaoundé qui fonctionnent depuis près de 15 ans et qui n’ont jamais eu un seul enseignant de deuxième langue (espagnol ou allemand). Je pense au CES de Ndjore qui a été créé en 2009 et où l’état n’a jamais affecté un enseignant de 2e langue. Le lycée technique de Nkoteng qui a un seul enseignant de français formé et aucun enseignant d’histoire-géographie. »

Alors que la communauté internationale fait un arrêt le temps d’un jour pour célébrer les seigneurs de la craie, les revendications pour réclamer de meilleures conditions de vie et de travail s’intensifient. Depuis l’année scolaire 2021/2022, les enseignants camerounais expriment leur ras-le-bol. Des grèves se multiplient. Celles-ci se traduisent sous la bannière des mouvements « On a trop supporté (Ots) » et « On a trop attendu ». L’année scolaire en cours a démarré sous les mêmes auspices. Pas plus tard qu’hier (03 octobre), les enseignants du lycée classique et moderne de Maroua, ceux du lycée de Palar, de Makabaye et plusieurs autres lycées du Mayo-Danay et du mayo-Kani ont rejoint ce mouvement avec à leurs côtés leurs élèves venus leur apporter leur soutien.

 

Cecile Ambatinda


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