Du 4 au 6 mars 2024, des experts venus de plusieurs pays ont présenté les atouts et les inconvénients de cette nouvelle technologie au Palais des congrès de Yaoundé.
Le ministre de la Communication, René Emmanuel Sadi, a procédé à l’ouverture de la Conférence internationale sur l’Intelligence artificielle le lundi 4 mars 2024 sur les hauteurs du Mont Nkolnyada. Des assises qui se tiennent sous le thème : « Les nouvelles frontières des médias africains : l’intelligence artificielle ». Une thématique actuelle qui s’inscrit dans une dynamique nouvelle marquée par une sur-présence des technologies de l’information et de la communication dans notre quotidien.
Revoir le système scolaire
Contrairement à ce que certains pensent, l’IA n’est pas une nouveauté. Les travaux autour de ce concept remontent dans les années 40. C’est en 1956 que le terme est utilisé pour la première fois lors d’une conférence de John McCarthy. Aujourd’hui, la problématique est au centre de toutes les préoccupations de la société. Personne n’est à l’abri de ses aspects tant positifs que négatifs. Son développement est plus qu’important aujourd’hui avec ses nouvelles capacités à bousculer certaines normes. Les médias africains ne veulent pas subir les effets néfastes de cette technologie (deepfake, cheapfake…). Ils veulent se saisir de cette question afin de mieux gérer les flux et leur corolaire. L’Union africaine de radiodiffusion (Uar) et l’Unesco à travers cette conférence veulent préparer le terrain et attirer l’attention les décideurs. D’où l’enjeu d’un tel sommet. Il attire au-delà du continent.
Pour le Professeur Jean Emmanuel Pondi, on ne doit pas avoir peur de l’Intelligence Artificielle (IA). Il est question de trouver des leviers importants pour tirer pleinement profit de la nouvelle donne pour le bonheur des populations africaines dans leur ensemble. Dans sa leçon inaugurale, l’Universitaire à insister sur la nécessité de remettre à plat les systèmes éducatifs afin de bâtir un nouveau modèle de société. En d’autres termes, le modèle éducatif est obsolète. L’IA peut aider à la transformation des systèmes éducatifs avec efficacité. Elle devrait être implémentée dans les universités pour une meilleure prise en compte des problématiques africaines à travers des outils efficaces. « Le système éducatif a besoin d’être changé. Et l’intelligence africaine contribuerait énormément à accélérer ce processus. Les contenus que nous apprenons sont un tout petit peu obsolète. Le système éducatif mérite d’être entièrement revu ».
L’IA un levier de développement
Dans son rôle d’informer, divertir et d’éduquer, les medias doivent se saisir des nouvelles réalités afin de remplir pleinement ses missions au quotidien. Pour le ministre Emmanuel Sadi, l’IA est devenue est un véritable défi civilisationnel. L’IA va fortement marquer l’avenir des médias africains. Le Directeur général de l’Uar, Grégoire Ndjaka, appelle à une prise de conscience afin de ne pas se laisser surprendre par cette montée frénétique de l’IA. Générer des vidéos à partir des textes ou encore des images peuvent être préjudiciables si on s’y prend mal. « Nous sommes aux frontières d’un nouveau monde des médias et que la période qui s’annonce est capitale pour notre pratique et notre éthique médiatiques. Un entassement d’exigences se profile, à la fois professionnelles, mais aussi humaines, déontologiques, juridiques, managériales, culturelles voire politiques et civilisationnelles. Un ensemble de bienfaits et de risques dans la construction de l’information et de la désinformation est, pour ainsi dire, en téléchargement », martèle le Dg. Et de préciser : « En proposant ce sommet, l’UAR pense d’abord à nos publics africains. Déjà aux prises avec la bourrasque dévastatrice des médias sociaux, l’aventure de l’intelligence artificielle pourrait se transformer en cauchemar si on n’y prend garde. Il faut donc négocier le virage de l’intelligence avec intelligence ».
Si l’IA pose un problème de dignité et d’éthique, il est important d’adresser cette question n’ayant que l’homme est au centre de cette technologie. Ce sommet organisé par l’Uar vise à modeler la trajectoire de l’IA dans les médias africains.