L’avis des experts

« Ces ‘’produits’’ peuvent entrainer la fermeture du vagin »

Le Pr. Agrégé, Pascal Foumane et le Dr Patrick Beke Onana, tous deux gynécologues-obstétriciens affirment que les cicatrices des blessures causées par ces diverses substances bouchent parfois l’organe génital. Lors des accouchements, ils sont obligés de pratiquer des césariennes.
Pr Foumane

Est-ce vraiment possible de resserrer son vagin, ou de recouvrer sa virginité, comme le pensent bon nombre de  femmes ? Non ! répond le Pr. Agrégé de gynécologie-obstétrique, Pascal Foumane. « C’est une illusion pour les femmes de penser qu’elles peuvent resserrer leur vagin », clarifie-t-il. Il s’explique : « Le diamètre du vagin ne changera pas, par contre elles ont l’illusion qu’elles retrouvent leur virginité parce que beaucoup de ces produits ont en réalité pour rôle d’assécher le vagin, d’absorber l’eau et le rendre moins lubrifié. Et quand il n’est pas lubrifié, les parois vont s’accoler à l’organe masculin, les partenaires auront l’impression que le vagin est devenu plus petit, il est simplement moins lubrifié à l’effet de diminution de la lubrification du vagin par assèchement ».

Contraints d’opérer et de pratiquer des césariennes

Les risques que ces femmes encourent dépendent du produit utilisé, précise le Pr. Agrégé de gynécologie-obstétrique. Le premier risque selon, lui c’est l’apport d’un corps étranger qui, expose aux infections.  Cela s’aggrave et perturbe l’écosystème au niveau du vagin. Ces corps étrangers, poursuit-il, ont d’autres effets. Ils peuvent par exemple entrainer des infections localisées au niveau du vagin : « Le premier effet c’est l’assèchement du vagin par des substances telles que l’argile verte, les pierres blanche et noire qui va les rendre plus fragiles. Parce que lors du rapport sexuel, la lubrification protège contre le traumatisme. C’est pourquoi lors des viols, parce que le vagin n’est pas lubrifié, il y a très souvent des blessures au niveau. Qui dit traumatisme, ulcération, dit risques infectieux (augmentation du risque d’attraper le Vih/sida, l’hépatite B). Comme je l’ai déjà signifié, l’écosystème du vagin sera aussi perturbé ».

« Certaines de ces substances ont un effet nocif, toxique à l’instar du tabac, mais aussi le cannabis que certaines femmes utilisent…L’une des conséquences les plus graves, est l’ effet caustique (qui attaque par son action chimique) pour certaines substances notamment les écorces, les feuilles de plantes, utilisées pour les bains de vapeur. Ces produits entrainent une ulcération. Celle-ci va s’infecter et créer une grosse inflammation qui va laisser des cicatrices vicieuses au niveau du vagin que nous appelons la gynatrésie. Ces cicatrices vont réduire le diamètre du vagin et  peuvent le fermer totalement.

Les conséquences sont graves en termes de difficultés dans les rapports sexuels. Elles peuvent conduire à l’infertilité. Parfois, le sang des règles n’arrive plus à circuler. On est obligé d’opérer ces femmes. Et quand elles arrivent à tomber enceintes, le bébé qui pèse plus de 3 kg ne peut passer à cause de cet obstacle cicatriciel autour du vagin. Nous sommes contraints de pratiquer des césariennes. Plusieurs césariennes sont le résultat de ces produits utilisés soi-disant pour réduire le vagin ou pour nettoyer le bas-ventre », explique le gynécologue.

 

« L’ovule, sans prescription détruit la flore vaginale »

« L’ovule est un comprimé ovoïde, utilisé pour un traitement local des pathologies vaginales que la femme introduit le soir au coucher dans son vagin. Nous avons des ovules antibactériens, contre les bactéries, des ovules anti mycosiques contre les champignons. Les ovules hydratants pour la sécheresse vaginale, et aussi des ovules contraceptifs à base de spermicide pour éviter les grossesses », explique le Dr Patrick Beke Onana, médecin gynécologique-obstétricien, par ailleurs directeur médical de l’hôpital catholique Déo Gratias à Emana. Ces ovules aident pour le confort de la femme et luttent contre les pathologies vaginales. A cet effet, le Dr gynécologue-obstétricien affirme que les femmes doivent se procurer des ovules après une consultation gynécologique chez un gynécologue, un médecin généraliste ou une sage-femme, qui va indiquer l’ovule approprié pour cette patiente.

Pour le  Dr Patrick Beke Onana, le risque qu’encourent les femmes qui se ruent vers les ovules sans prescription médicale, c’est la destruction de la flore vaginale qui,  protège le vagin : « Si cette flore vaginale est détruite, la femme sera exposée à toutes types de pathologies ». En ce qui concerne les astuces de grand-mère comme le beurre de karité, les feuilles de goyavier, les cristaux de menthe etc,  le directeur médical de l’hôpital catholique Déo Gratias précise qu’en tant qu’Africain, il n’est pas contre notre pharmacopée. Mais, elle doit être bien régulée et contrôlée.  Il conclut : « La femme doit rencontrer un gynécologue, dès qu’elle récent des signes et des symptômes d’une pathologie gynécologique. Idéalement, elle peut rencontrer son gynécologue en moyenne deux fois par an ».

Propos recueillis par Guillaume Aimée Mete & Cécile Ambatinda

 

Cecile Ambatinda


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