Le président de la République démocratique du Congo et président en exercice de la Communauté économique des États de l’Afrique centrale, Étienne Tshisekedi a l’intention de convoquer une session extraordinaire de la conférence des chefs d’États et gouvernement de la Ceeac pour échanger sur « la situation relative au processus de transition en République du Tchad », précise un document interne signé jeudi dernier et consulté par Le Jour. Prévue samedi prochain 22 octobre, sauf dernier changement, ladite session extraordinaire de la conférence devrait se tenir par visioconférence uniquement au niveau des chefs d’États et gouvernements en format conseil de paix et de sécurité en Afrique centrale (Copax).
La conférence des chefs d’États de la Ceeac, si elle se confirme, se tiendrait à la suite du dialogue national inclusif et souverain qui s’est achevé au Tchad samedi 8 octobre dernier avec comme principale résolution décidée par les 1500 participants issus des différentes couches de la population, une transition de deux ans non renouvelable sous la présidence de Mahamat Idriss Déby Itno, désigné président de la Transition, chef de l’Etat, avec comme feuille de route la préparation et l’organisation des élections libres et transparentes pour un retour à l’ordre constitutionnel dans 24 mois maximum.
Saleh Kebzabo
Aussitôt après avoir prêté serment et juré de respecter fidèlement la charte de la transition, Mahamat Idriss Déby Itno a nommé comme Premier ministre chef d’un gouvernement d’union nationale, Saleh Kebzabo, opposant historique, l’un des plus critiques des dernières années au pouvoir du maréchal Idriss Déby Itno. C’est à lui qu’incombe la mission d’implémenter, de traduire dans les faits, l’ensemble des recommandations et des résolutions issues du Dialogue national inclusif et souverain. Après sa nomination, Saleh Kebzabo a promis d’« accompagner » le chef de l’Etat « dans une grande œuvre (..) les deux prochaines années pour la transition politique », en répondant à des questions de journalistes devant son domicile.
A N’Djamena, on attend la position que pourraient prendre les 11 chefs d’États de la Ceeac en rapport à la transition politique au Tchad. Surtout quand on considère que concernant les conclusions du Dialogue national inclusif et souverain, le président de la Commission de la Ceeac, Gilberto Da Piedade Verissimo s’est prononcé le 6 octobre dernier, dans un communiqué publié sur le site internet officiel de l’institution, invitant I’Union africaine, I’Union européenne et les Nations Unies, qui agitent une menace de sanction contre le Tchad, à œuvrer en faveur de la réussite de la transition politique pour un retour à l’ordre constitutionnel.
Grands enjeux
Les grands enjeux de ce qui a cours en ce moment débordent largement les seules limites des frontières nationales du Tchad, a ainsi insisté Gilberto Da Piedade Verissimo : « Soucieuse de l’avenir du Tchad et du devenir de son peuple, et consciente de la place particulière qu’occupe ce pays dans le cadre de la sécurité sous-régionale et dans la lutte contre le terrorisme et l’extrémisme violent, et tout en saluant la conduite appréciable de la transition en cours, la Ceeac prend bonne note des conclusions du Dialogue relatives au prolongement de la durée de la période de transition. Elle appelle à la réalisation de la nouvelle phase de la transition dans un délai raisonnable et consensuel en vue de la mise en place d’un processus devant conduire à des élections pluralistes, transparentes, libres et crédibles. »
Le président de la Ceeac n’a pas manqué de lancer un appel à la fois « solennel et pressant à toutes les entités concernées par les efforts de reconstruction du Tchad à se joindre au processus de transition en cours » et au gouvernement de transition à maintenir « ouverte la Porte du dialogue pour permettre à tous les acteurs politiques tchadiens d’intégrer le processus en cours. »
Pour mémoire, la Ceeac est loin d’être un petit poucet de la diplomatie africaine et compte 11 États membres dont le Cameroun, le Tchad, le Rwanda, la République démocratique du Congo, l’Angola, la République centrafricaine, le Burundi, le Gabon, la Guinée équatoriale, la République du Congo et enfin Sao-Tomé-et-Principe. Le président en exercice est le Congolais, Étienne Tshisekedi et le président de la Commission, l’Angolais Gilberto Da Piedade Verissimo.
De retour de N’Djamena
