La colonisation de l’Afrique a été dévastatrice. Ce n’était pas un simple acte de spoliation des richesses du continent. Elle a constitué une opération de désincarnation de tout un continent ; de déculturation d’une population entière. Ses séquelles restent perceptibles à ce jour dans nos sociétés. Pour se reprendre en main et écrire son propre récit, l’Afrique a besoin de ses fils et filles. C’est dans ce sens que de nombreux intellectuels, des quatre coins du monde, sont réunis à l’auditorium tripartite du Palais des congrès de Yaoundé depuis hier dans le cadre de la conférence internationale du Cerdotola. Il s’agit des assises pour une nouvelle pensée africaine (Npa). Dans sa présentation très suivie, le philosophe et linguiste congolais, Théophile Obenga a indiqué dans sa leçon de prescription que : « La Nouvelle pensée africaine est une nécessité et une urgence. Elle ne peut qu’être que politique. L’Occident est toujours en expédition colonisatrice sur le continent », souligne l’enseignant à l’Université Marien Ngouabi. L’Afrique doit se repositionner et définir son idéal à atteindre pour son plein épanouissement. Cela passe par une restructuration globale et surtout par l’éducation. Sauf que, regrette le père de l’afrocentricité, Molefi Kete Asanté, « J’ai visité le continent. Je n’ai pas vu une université africaine mais des universités fréquentées par des africains » ; d’où l’urgence de décoloniser le système scolaire africain. Il urge de reconfigurer le système éducation africain question de redonner aux uns et aux autres sa culture et ses valeurs pour son développement car il est impossible de se développer en utilisant la culture des autres.
L’Occident est toujours en expédition colonisatrice sur le continent
Présent à cette cérémonie d’ouverture, le Premier ministre, Joseph Dion Ngute s’est réjoui de la politique mise en place dont l’un des objectifs est de parvenir à une Afrique politique intégrée. « Le gouvernement s’est engagé à former des citoyens enracinés dans leurs cultures à travers les activités diverses et l’enseignement des langues nationales. Il nous faut nous approprier de nos valeurs sociétales qui ont tendance à disparaitre au sein de la jeunesse », a martelé le chef du gouvernement. Des valeurs qu’il faudra ré-inculquer aux jeunes pour mieux construire la nouvelle pensée afin de s’arrimer aux défis de demain. Ces assises veulent donc poser les jalons pour la refondation du continent en allant vers un Etat fédéral africain. L’Afrique veut affirmer sa logique dans le monde de demain à travers une politique de l’union afin d’atteindre son idéal qu’est le panafricanisme tout en sortant de la logique fragmentée des regroupements sous régionaux. Au-delà de Molefi Kete Asante, Théophile Obenga, Charles Binam Bikoi, Ebenezer Njoh Mouelle, Seloua Luste Boulbina, Grégoire Biyogo… de nombreux intellectuels sont également attendus ce jour. Ces assises seront sanctionnées par un manifeste au soir du 28 octobre.