Le 06 novembre prochain, le président de la République, Paul Biya, va souffler sur ses 40 ans à la tête du Cameroun. Au moment où la famille politique du Chef de l’Etat, ainsi que son parti, le Rassemblement démocratique du peuple camerounais préparent la commémoration de cet événement, il est erroné de pérorer que le Cameroun se porte comme un charme. L’exacerbation du sentiment tribal, la haine des autres, ont pris des galons. Le pari de la sécurité et de la paix tant vantés par le fondateur du Renouveau est loin d’être gagné. En témoignent ces atrocités et cette sanglante guerre qui depuis 2016 coûtent la vie à nos soldats et endeuillent des familles dans les régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest, ou encore ces incursions sporadiques que des adeptes de Boko Haram continuent de perpétrer dans la partie septentrionale du pays. A ce tableau s’ajoutent l’inflation galopante, les épidémies et la catastrophe humanitaire qui sèment famine et désolation dans la région de l’Extrême-Nord du fait des inondations. Au plan de la gouvernance, le décor n’est pas non plus reluisant. « L’Enam (Ecole nationale de l’Administration) est là pour administrer, gouverner et commander, pas pour développer », s’est alarmé Cyrille Sam Mbaka mercredi, 26 octobre, lors d’un point de presse à Douala. Il déplore le fait que, après 60 ans d’indépendance, les successeurs des colons aux affaires n’aient rien mis en œuvre pour changer de paradigme et améliorer les conditions de vie des populations, mais bien au contraire ont perpétué le système hérité de leurs anciens maîtres. « Quand nous étions sous tutelle, le colon a mis en place ce système pour le bonheur des populations de l’Hexagone », a poursuivi l’opposant. Cette mal-gouvernance est à l’origine des départs massifs des jeunes et des cerveaux vers l’Occident.
La maison Cameroun brûle, on ne peut plus y détourner le regard. Tous les fléaux que nous développons au quotidien et qui vont crescendo, nous interpellent
La rencontre entre le président de l’Alliance des forces progressistes (Afp) et la presse avait pour but de faire le point sur les réflexions menées par ce parti politique de l’opposition depuis les opérations de renouvellement qui avaient porté Cyrille Sam Mbaka à la tête de cette formation politique il y a un an, d’une part, et de dérouler le programme politique de l’Afp pour les prochains mois et les prochaines années. « La maison Cameroun brûle, on ne peut plus y détourner le regard. Tous les fléaux que nous développons au quotidien et qui vont crescendo, nous interpellent », a déploré l’homme politique à l’entame de ses propos. Lui qui déclare ne pas avoir pour ambition le « positionnement égoïste » qui gangrène la classe politique camerounaise. Sam Mbaka pense qu’il est temps d’agir ensemble, de « mutualiser les efforts pour travailler dans l’intérêt du Cameroun, pour sauver le pays » par l’inclusion de toutes les compétences nationales. Cette mutualisation des forces concerne aussi bien les domaines de l’économie, de la politique, de l’éducation et de la culture. Sur le plan politique par exemple, le président de l’Afp prône la tenue d’un véritable dialogue national inclusif pour trouver un consensus national, le précédent dialogue n’ayant pas résolu les problèmes du pays. Toutes les composantes de la nation ayant échoué à remettre le pays debout, ce dialogue devrait favoriser la réécriture d’une Constitution conforme aux aspirations de la population, de rédiger un code électoral consensuel, de modifier la forme de l’Etat et d’introduire au besoin une troisième langue nationale, tout en renforçant les pouvoirs des députés, dont le rôle actuellement se résume à voter des lois dont le décret d’application incombe aux députés. L’Afp envisage l’organisation d’une campagne en vue de l’adhésion massive à ces idéaux de son parti.