Une initiative novatrice mettant l’accent sur l’implication des acteurs communautaires vise à améliorer les conditions de santé des personnes vivant avec le Vih et à surmonter les obstacles qui entravent l’accès aux soins.
Malgré les progrès réalisés grâce à la mise en œuvre de plusieurs stratégies et interventions, la prévalence du Vih au sein de la population adulte au Cameroun reste importante, avec un taux de 2,7 % en 2020. Au Cameroun, comme dans de nombreux pays à travers le monde, la lutte contre le Vih/Sida reste un enjeu majeur de santé publique. Des lacunes persistent dans l’identification, la mise sous traitement antirétroviral (Tarv) et le suivi des personnes vivant avec le Vih. C’est là que la stratégie d’initiation du traitement antirétroviral en communauté intervient en impliquant davantage les acteurs communautaires dans la fourniture de soins de qualité et en facilitant l’accès aux soins et leur utilisation, afin de réduire les pertes entre le dépistage et la décision de commencer le Tarv.
C’est le 29 novembre 2023 dernier au Djeuga hôtel de Yaoundé que s’est fait le lancement de la stratégie d’initiation du traitement antirétroviral en communauté des personnes testées positives au Vih. Ce lancement de la stratégie d’initiation du traitement antirétroviral en communauté des personnes testées positives au Vih au Cameroun est une étape cruciale, et s’inscrit dans le cadre des activités de la Journée mondiale de lutte contre le Sida, qui a été célébrée le 1ᵉʳ décembre 2023 dernier. Cette journée est placée sous le thème « Confier le leadership aux communautés », soulignant ainsi l’importance de la participation active des communautés dans la lutte contre le Vih/Sida. Cette initiative vise à améliorer les conditions de santé des personnes vivant avec le Vih dans le pays et à contribuer à l’atteinte des objectifs de l’initiative 95-95-95 d’ici à 2025, ainsi qu’à l’élimination du Vih/Sida d’ici à 2030.
Cette approche consiste à mettre en place un modèle de mise sous Tarv dans des dispositifs démédicalisés ou dans des zones dans lesquelles l’accès aux soins du Vih est limité. Il s’agit de faciliter l’accès aux antirétroviraux pour les personnes diagnostiquées positives au Vih qui rencontrent des obstacles tels que l’environnement professionnel, le contexte socioanthropologique, la stigmatisation, la discrimination et la localisation géographique. Cette approche d’initiation au Tarv vient enrichir les modèles de prestation de services différenciés déjà existants. « Les communautaires sont impliqués activement dans la lutte contre le Vih depuis plusieurs décennies et plusieurs de ces communautés ont l’expérience et le vécu. Ils ne sont pas des acteurs extérieurs qui faisaient déjà pratiquement tout ce qu’il y a à faire concernant la lutte contre le Vih, en commençant par la sensibilisation dans les communautés, passant par le dépistage et même la dispensation des antirétroviraux pour les patients stables avec cette expérience qu’ils ont pu accumuler sur pratiquement trois décennies et plus, leur donner cette possibilité ne fera que couronner cette expérience que les communautaires ont déjà, car il faut le savoir, dans le cadre de la lutte contre le Vih, nous avons une couche de la population qu’on n’arrive pas à atteindre simplement parce que certains ne viennent pas à l’hôpital, d’autres qui sont dans des zones de retranchement et seuls les communautaires ont cette possibilité d’atteindre cette population. Et puis quand certains sont testés positifs au Vih, ils sont censés aller à l’hôpital, mais dans ce parcours, on perd certains puisqu’ils n’arrivent pas dans les hôpitaux », explique le Dr Albert Zeh Meka, de Chill project.
Le Pr Eugène Sobngwi, en tant que représentant du ministre de la Santé publique et directeur de l’Organisation des opérations de soins et de la technologie sanitaire (Doosts), a souligné les efforts déployés jusqu’à présent par le gouvernement et ses partenaires techniques et financiers pour soutenir cette initiative notamment l’Ong Care Cameroun. Il a appelé toutes les parties prenantes à s’engager davantage pour assurer le bon déroulement et la réussite de cette stratégie, afin d’accélérer le processus d’élimination du Vih d’ici à 2030.