Le Cameroun est engagé depuis quelques mois vers l’accélération de la mise en place de la décentralisation. C’est un modèle de développement qui s’appuie sur les collectivités territoriales en mettant les populations au centre du processus. Jusqu’ici, ça peine à satisfaire. Les bénéficiaires disent ne pas ressentir un changement notoire en dehors des discours.
C’est un constat fait également par le président du bureau exécutif de la Plateforme nationale des organisations de la société civile Camerounaise (Planoscam), le Dr Samuel Biroki. Pour lui : « Pour que le développement local devienne un véritable moteur de croissance de notre pays, l’Etat devra procéder à une réorganisation profonde et courageuse de son territoire ». En effet, de nombreuses communes sont surdimensionnées par rapport aux capacités organisationnelles, managériales, logistiques et de coordination de leurs exécutifs. Des communes vastes ou surpeuplées ne permettent pas la mise en œuvre des missions et des activités économiques, sociales et culturelles qui leurs sont assignées par le code général des collectivités territoriales décentralisées.
1830 ou 2000 communes avant 2025
Face à cette mise au point, l’approche utilisée jusqu’ici est remise en question. Il est plus que jamais urgent de revoir, de manière objective, le découpage territorial. Si le Cameroun a copié le modèle français de la décentralisation selon des experts, il n’a pas tenu compte de certaines réalités locales car le nombre de communes en France est passé à plus de 36 000. « Il serait fort souhaitable que le nombre actuel des communes du Cameroun soit multiplié au moins par 5 pour atteindre 1830 ou 2000 avant les élections municipales de 2025, et par 10 pour atteindre 3660 ou 4000 à l’horizon de l’émergence en 2035. Le nombre de régions pourrait être porté à 20 », souligne le président de Planoscam. D’où la nécessité de sortir du binôme un arrondissement-une commune, et de créer plusieurs communes par arrondissement.
C’était dans le cadre du 2ème diner citoyen sur le rôle de la société civile dans la gouvernance budgétaire et le développement local tenu du 22 au 23 avril à Mbalmayo. Il était aussi question au cours de ces travaux de sensibiliser les organisations de la société civiles afin qu’elles s’impliquent davantage dans le contrôle des actions publiques avec la participation actives des citoyens. « J’aimerai vous assurer que les articles 381 et 386 de la loi sur la décentralisation sont implémenté dans la région du Nord-Ouest. Pendant notre session budgétaire en décembre 2021, le président de l’exécutif de la région a invité les membres de la société civile et d’autres groupes représentant les populations d’apporter leur contribution dans la préparation du budget. Sur ce point, nous respectons la contribution des populations dans le développement de la région », a rassuré Yerima Peter Giyoh, le Secrétaire général de l’Assemblée du Nord-Ouest.
Le nombre de régions pourrait être porté à 20
L’Etat devra mettre en place des institutions efficaces, responsables et transparentes à tous les niveaux, contribuer au renforcement des capacités des Osc et des Ctd pour qu’elles deviennent plus crédibles et autonomes, informer et former les populations pour qu’elles soient capables d’entreprendre et d’opérer des choix pragmatiques et stratégiques.