Dans les nouveaux quartiers de Yaoundé, les noms des rues se font au premier habitant, ou à l’identité la plus remarquable. A » Fougerolles », quartier récemment viabilisé pour la desserte du stade Olembé et où s’était installé la famille Zogo, la tradition est restée la même. Il y a donc la route principale, goudronnée à deux sens qui descend et remonte la vallée, puis il y là les entrées dans les quartiers vers les habitations de classe moyenne à élever. Ici, les maisons sont neuves et plutôt d’un deux, trois niveaux… Lundi 16 janvier donc, en fin de journée, au lieu-dit » Entrée procureur » (un éminent magistrat de Yaoundé est le pionnier installé dans le coin) deux véhicules roulants lentement entrent dans la ruelle non bitumée. Le Toyota RAV4 ouvre la route. Suivi par un pickup, aux couleurs de la gendarmerie camerounaise. Dans le RAV4, un homme, au volant, et une dame, à côté. Dans le pickup, deux gendarmes en cabine, et deux autres, juchés à l’arrière. » Où est la maison du journaliste ? », Question à quelques habitants qui traînent dans leur rue, ou rentrent chez eux à pied. Un petit attroupement se forme. Puis un des gendarmes saute du pickup et apporte des précisions : » nous cherchons la maison de Martinez Zogo ». Dans la foule, timidement, un jeune homme croit savoir que le journaliste n’habite pas ici, à » l’entrée procureur », mais plutôt, à quelques encablures de là, à » l’entrée Commandant »…
Les deux véhicules rebroussent chemin et continuent leur quête vers le lieu indiqué… De nombreuses questions, au moment où on reconstitue le puzzle de la mort de Martinez, fusent dès lors : 1) pourquoi la gendarmerie cherchait elle Martinez en ce lundi, veille du jour de son kidnapping et assassinat ? 2) Était ce pour l’arrêter, si oui, avec quel mandat ? 3) Le drame s’est noué devant la brigade de gendarmerie a quelques encablures de là : Quel est finalement le rôle (ou le non rôle) de la gendarmerie (ou des forces de l’ordre, ou des hommes leur appartenant) dans cette affaire ? Questions qui devraient trouver réponses dans la sortie des autorités que l’on attend toujours, alors que la colère sourd de tout le corps social. Hier, l’Eglise catholique, peu épargnée par ces meurtres violents et non élucidés a dit son indignation et sa colère, demandant, » que la lumière soit faite, et que les coupables soient traduits devant les tribunaux de la République ».
Chantal Kenfack