Le secteur forestier occupe une place importante dans le développement social et économique du Cameroun. Avec une contribution de 2,1% au Produit intérieur brut (Pib), ce secteur est un pilier important de l’économie, aux côtés de l’agriculture vivrière (8,8%) et des hydrocarbures (5,4%). Pour faire l’état des lieux de la filière bois, Afriland First Bank a organisé le 05 avril dernier à Yaoundé le Business networking forum baptisé « Mercredi de la Pme », un cadre d’échanges avec les différents acteurs de cette activité. Lors de cette rencontre qui a réuni plus de 150 chefs d’entreprises, Afriland First Bank a décidé d’assister les acteurs économiques impliqués dans cette filière pour créer de la valeur ajoutée, stimuler la croissance économique ainsi que le partage d’expériences et le développement des partenariats. L’objectif de ces moments d’échange et de partage traduit le choix du thème de cette 4ème édition : « Booster la transformation du bois au Cameroun ». Richard Chedjou, Directeur du Corporate Banking explique : « Nous avons choisi cette thématique parce qu’elle intéresse beaucoup l’Etat et les banques. Pour cette rencontre, nous avons des forestiers et des transformateurs dans le secteur du bois ».
Le « Mercredi de la Pme » est une plateforme d’échanges entre les entrepreneurs et acteurs dudit secteur pour nouer des partenariats d’affaires et débattre des problématiques communes. L’événement vise à créer un environnement propice à la collaboration et à l’innovation dans la filière bois. Ces discussions s’inscrivent dans le cadre de la Stratégie nationale de développement à l’horizon 2030 (SND30), qui vise à promouvoir une croissance économique durable et inclusive au Cameroun. Les participants explorent les orientations stratégiques pour la filière bois afin de contribuer à la réalisation des objectifs de la SND30. Afriland First Bank, leader du secteur bancaire national, encourage les Pme à travers des initiatives telles que « Le Mercredi de la Pme » et les accompagne sur les cinq continents grâce à son vaste réseau des correspondants internationaux.
Le Président directeur général de Dino et Fils S.A, Justin Talom, un opérateur important de la filière bois, a présenté cet environnement en saluant l’apport des 405 milliards de FCFA qu’Afriland First Bank a débloqué en faveur des entreprises du secteur du bois et les 200 milliards que l’Etat met à leur disposition. Cependant, des difficultés demeurent. Justin Talom s’en fait l’écho. « Nous tenons dans ce secteur parce qu’Afriland First Bank nous porte depuis des années. Nous ne gagnons rien dans ce secteur. Si Afriland First Bank ne nous portait pas, je crois qu’on aurait abandonné. Pourtant, c’est un secteur dans lequel l’Etat peut gagner de l’argent. Mais, il y a beaucoup de difficultés telles que les routes et l’énergie. Nous consommons 5000 litres de gazoil par jour. L’autre difficulté est la ressource humaine. Sur ce point, l’Etat nous a un peu abandonnés ».
Difficile accès aux financements
Cet opérateur de la transformation locale du bois a également évoqué la question de la législation qui est un déficit à l’accès aux financements « Les sociétés sont tombées en faillite parce que les banques ne pouvaient pas reprendre leurs forêts. Le groupe Roger à l’Est est tombé en faillite, mais les banques n’avaient accès qu’aux machines. Mais ça ne vaut rien. Ce sont les forêts qui sont importantes. L’Etat doit aussi regarder cette situation pour que la forêt ne soit pas seulement sa propriété ».
Pour sa part, Blandine L’or Ouaguia, représentante du Groupement de la filière bois du Cameroun, déplore le fait que le Cameroun soit le seul pays au monde qui taxe la transformation du bois. Elle relève un certain nombre d’entraves pour le secteur du bois, notamment la fiscalité, les contrôles, les voies de communication, la ressource humaine. Le relèvement des droits de sortie du bois et des produits débités a aussi été abordé, cette fois par Gabriel Ngakoumda, chef de la Division des prévisions au ministère des Finances. Il considère que l’Etat vise simplement à décourager les exportations. « Le Cameroun exporte énormément de bois vers le Vietnam, et le Vietnam est le premier exportateur de meubles vers les États-Unis d’Amérique. Si cela ne choque pas, on doit se poser des questions. La question du bois doit être une affaire publique et commune. Je remercie le politique d’avoir pris cette initiative même si les avancées ne sont pas au rythme que nous espérons », a-t-il reconnu. Par la suite, Gabriel Ngakoumda a rappelé que la subvention de 200 milliards de FCFA apportée aux entreprises devrait être remboursée car il s’agit d’un prêt qui servira à d’autres. Lors de la phase des questions-réponses, certains acteurs du secteur ont décrié la qualité des meubles made in Cameroon. Ce qui justifierait les importations des meubles et autres produits dérivés du bois dans notre pays.
Transformation locale
Pour les acteurs de la transformation locale du bois, se projeter dans l’avenir passe nécessairement par la fin des tracasseries administratives, l’amélioration des offres de formations dans ce domaine, la disponibilité de l’énergie électrique et le réajustement des conditions du retour à l’investissement. De sorte que la règlementation soit mieux respectée dans ce domaine et surtout que le bois du Cameroun soit davantage transformé localement et valorisé au plan national et international.
Roseline Ewombe Eboa (Stagiaire)